The experience
Lundi matin, de bonne humeur, je me suis pointée pleine d'espoir chez Jardiland. J'ai enfilé un superbe tee-shirt violet, "Jardiland" pétant au recto, "Je suis en stage" incrusté au verso et j'ai suivi le manager avec dévotion.
Il m'a gentiment présentée à l'équipe. Ca a pris 8 minutes. Ils étaient tout au plus 6 dans le magasin et pas particulièrement accueillants ni même souriants. J'avais déjà capté pendant mon stage en gestion de la paie en décembre que le statut de stagiaire ne déclenchait pas des élans d'ivresse parmi le personnel en place et que les quelques braves qui avaient un tant soit peu de pédagogie et d'envie de passer un savoir étaient loin de pulluler au sein de l'entreprise.
Passé cet accueil enthousiaste, j'ai été sommée de faire du facing et vous le croirez ou non, la fille qui a fait tout un speech sur le Round Up le 9 juin sur son blog, a retourné sa veste 20 jours après - contrainte et forcée - et s'est appliquée à aligner au petit poil des dizaines de bidons de poison. A cet instant précis, je me suis dit qu'il était urgent de passer en mode lobotomisé afin d'échapper à la crise de démence.
A 10 heures, j'ai enfin rencontré le végétal et c'est avec grâce que j'ai passé ma matinée à évoluer au milieu du Marché Aux Fleurs, le MAF pour les convertis. En clair, j'ai sué sang et eau à porter des plantes d'une planche à l'autre, à tirer des charriots bourrés de fleurs, à déménager de longues tables à roulettes et à balayer, nettoyer, ramasser terre, pétales et feuilles.
Autant vous dire que du concept poétique "Je vais regarder les fleurs pousser", à midi et demi, il ne restait plus rien. C'est en avalant ma salade au son des commentaires douteux et vaseux de mes collègues temporaires que la moutarde m'a soudain envahi le nez et que cette question est tombée comme un couperet :
"Mais qu'est-ce-que je suis venue foutre ici ?"
A deux doigts de sauter dans le premier TGV pour baiser le parvis de La Défense, j'ai repris mon poste et au fur et à mesure que je déplaçais des dipladenia et des géraniums, je prenais la décision de capituler à 17h30. Plus je me disais que vivre un jour supplémentaire ici pourrait m'être fatal et plus il me montait une bouffée de motivation pour me remettre à courir après un poste d'assistante commerciale export.
J'ai salué la compagnie et je me suis enfuie sans avoir rien appris de la journée et dégoûtée d'avoir fait du bénévolat pour des vendeurs de Round Up.
Les EMT, c'est bien joli sur le papier mais en réalité, on peut s'interroger sur la qualité de l'échange. Pour certains employeurs, ce ne serait pas juste la possibilité de bénéficier de main-d'oeuvre gratuite par hasard ?
C'est bien la cruelle impression que j'ai eue en regardant ma collègue d'un jour arroser tranquillement pendant que je manutentionnais comme une esclave.
Tout ça pour vous dire que je vais probablement me cantonner à regarder les fleurs pousser dans mon jardin...