Faut pas croire que seuls les grands écrivains peuvent connaître un jour l'angoisse de la page blanche. Moi aussi, ça m'arrive. Tenez, hier, par exemple, c'était lundi, le jour où je devais publier mon petit papier de rien du tout. Eh bien, rien, le cerveau sec. A tel point que j'ai tout envisagé : deleter purement et simplement "Le baratin du lundi matin" ou jouer à la star et tel Demorand, me retirer de la vie publique tout l'été, histoire de me faire désirer encore plus à la rentrée ou bien embaucher un nègre en CDD, solution qui aurait au moins eu la vertu de créer un poste.
Et puis voilà que ce matin, en écoutant Rosy deviser sur l'attaque imminente de la grippe A, mes neurones ont commencé à danser gentiment et je me suis dit qu'il n'était pas question de laisser tomber lâchement ma poignée de fidèles lecteurs. Comme quoi, l'inspiration, ça tient quand même à peu de choses.
Me voilà donc de retour après un break extrêmement tendance au coeur de la Franche-Comté. Je suis fière de moi. Par ce choix extravagant, j'ai évité de contribuer à toute nouvelle pollution aéronautique, ma petite voiture presque propre ayant largement suffit à couvrir le trajet Nantes-Besançon. Une jolie chambre d'hôtes au milieu des collines boisées qui décline toute la gamme de l'Arbre Vert, rien de tel pour dormir la conscience tranquille. Et puis parier sur le Nord de la Loire reste presque la seule solution pour écarter tout risque de cancer de la peau. Je suis rentrée plus blanche que je ne l'étais avant de partir, mon lait solaire peut être refourgué ni vu ni connu sur e-Bay et mon maillot n'est sorti de la valise que pour m'accompagner lors de mon unique tentative de baignade au milieu de monstres surexcités à la piscine de Morteau, un jour de pluie et d'égarement.
Dans ce contexte, vous imaginez bien que le seul vrai réconfort réside dans la consommation contrôlée de Savagnin et la fréquentation quotidienne de restaurants proposant la saucisse de Morteau sous toutes ses formes, régime qui, outre le plaisir instantané qu'il apporte côté papilles, permet en plus de faire du gras pour l'hiver. Et de nos jours, de l'énergie gratuite, ça ne se refuse pas.
Là où le bât blesse, c'est quand on réintègre le bled à l'ouest et qu'à partir du 20 juillet, il faut regarder tous les autres partir au fur et à mesure en se disant que les vacances d'été ne seront à nouveau d'actualité que dans environ 350 jours.
Alors, pour se consoler, on essaie de se persuader que d'ici là, c'est sûr, on aura un job top avec un salaire monumental et que ce voyage pas du tout trendy en Grèce, là où le soleil pète de mille feux, là où on peut ressortir ses yassou et ses efkaristo poli, là où la mer est bleue et bouillante, là où on se baffre de feuilletés à la feta et d'octopus sèchée, là où en plus, on a des souvenirs à en chialer (pour ceux qui ne suivent pas, je m'y suis mariée avec l'homme en l'an 1997), ON SE LE FERA, nom d'un chien, ON SE LE FERA.
Bonne semaine à tous et bonnes vacances à ceux qui en ont !