Conso intello
Je vous l'ai déjà confié, je suis une accro de Capital sur M6. Que voulez-vous, chacun ses petites manies. Mercredi soir, Guy Lagache nous a proposé la première de "Capital Terre", même concept que son grand frère, mais version écolo avec pour thème : Sept milliards sur la Terre : comment tous les nourrir sans détruire la planète ?
Ce reportage a le mérite d'expliquer clairement pourquoi l'huile de palme, consommée en majeure partie en Europe, pose de sérieux problèmes à Bornéo, obligeant entre autres les orang-outangs à errer comme des âmes en peine au milieu des palmiers, pourquoi la consommation effrénée de bœuf a engendré des dérives épouvantables aux USA et comment ce type d'élevage en est arrivé à polluer plus que toutes les voitures de la planète réunies, comment une malheureuse langoustine pêchée en mer du nord part se faire décortiquer en Thaïlande pour revenir échouer sur les étals européens après avoir parcouru 20000 km, comment l'Ethiopie loue des terres à des boites indiennes qui y trouvent là une main-d'oeuvre pire que bon marché et comment certaines personnes, baptisées locavores, réagissent fermement en changeant radicalement de comportement et en consommant local, à San Francisco ou en France.
Bon, évidemment, Guy Lagache n'a pas fait le tour du monde à pied, à cheval ou à vélo et tels les champignons ou les ananas de son caddie, il revient de son périple avec un paquet de km polluants au compteur.
Si je suis parfois ironique sur certains sujets, c'est que vu de ma
fenêtre, j'ai l'impression que tout est fait pour mettre la pression sur
le consommateur et l'amener à culpabiliser à outrance alors que
souvent, il est loin d'avoir toutes les cartes en main pour faire
pencher la balance du bon côté. La voiture en est un bon exemple. On
nous demande de l'utiliser moins ou d'opter pour la bicyclette sans être
capable de nous proposer un équivalent qui serait plus écologique. Tout le monde n'habite pas au cœur d'une ville dotée de mille transports
en commun et de vélos à louer.
Par contre, je pense que le consommateur a le pouvoir, s'il accepte de prendre conscience de certaines choses, de boycotter certains produits de consommation courante. Quand on constate que les industriels mettent de l'huile de palme quasiment partout pour faire baisser leurs coûts et donc générer toujours plus de profits, tout en bernant l'acheteur sur l'étiquette avec un "matières grasses végétales" très évasif, tout simplement parce que c'est loin d'être bon pour la santé, ça remue les méninges.
Si nous n'achetons plus de produits contenant de l'huile de palme, que feront les industriels ? Ils seront bien obligés d'y renoncer. D'ailleurs, tous ne se comportent apparemment pas de la même manière et je me dis qu'il serait idiot de mettre tout le monde dans le même sac... car heureusement, il y a Findus, Findus... Eh oui, dans le reportage, ce monstre du poisson rectangle nous démontre que parier sur la qualité, c'est possible. Pas d'huile de palme chez eux, ils se sont décidés à la supprimer, mais de l'huile de colza. Si eux le font, pourquoi les autres ne pourraient pas s'y coller aussi ?
Cela fait des années que je fais ma teigne et que dans la mesure de mes moyens, j'enquête sur les produits que j'achète, mais cette émission m'a tout de même mis la puce à l'oreille. Cette façon de transformer la vérité pour faire toujours plus de profit sur le dos du consommateur qui n'a pas non plus que ça à faire de regarder tous les emballages à la loupe, c'est bigrement détestable.
Une chose est sure. J'ai constaté que le prix d'un bon produit n'est pas toujours plus élevé que son voisin, qui, lui, s'avère douteux pour le consommateur mais bien juteux pour son fabricant. Alors j'en suis arrivée à la conclusion qu'il faut se donner du temps pour trouver mieux et que parfois, même s'il faut payer un petit peu plus, cela vaut la peine. Je préfère manger une viande de bœuf de qualité une ou deux fois par mois plutôt que du bas de gamme mal élevé tous les jours. Et pourquoi acheter des cargaisons de chips à l'huile de palme comme cette consommatrice montrée dans le reportage qui est intimement persuadée "qu'un pique-nique sans chips, ce n'est pas un pique-nique" ? On peut quand même faire d'autres choix sans gâter la qualité de ses déjeuners sur l'herbe.
Alors même si je plaisante en parlant de MA-SECTE-DE-CELLES-QUI-VEULENT-BIEN-ÊTRE-ECOLO-MAIS-FAUT-PAS-POUSSER-MÉMÉ-DANS-LES-ORTIES-QUAND-MÊME, je suis persuadée qu'il faut rester en veille et ainsi éviter de se faire manipuler. Ca me paraît être le seul moyen d'éliminer les vilains petits canards.
Allez, moi, c'est décidé, je redouble de vigilance et je fais un tri draconien dans mon caddie !
Nom d'un chien, en me relisant, je me dis que je ne suis pas si aquaboniste que ça finalement... C'est l'effet printemps ça, à tous les coups.
Affiche Maopost