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Le petit monde de Cocotine
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30 mai 2011

Ma fête des mères

L'adoption, c'est la rencontre de deux histoires souvent très douloureuses qu'il faut décortiquer, ingurgiter et mater afin de marcher, côte à côte, sur le même chemin et y prendre du plaisir.

Autant vous dire que l'affaire n'est pas forcément simple.

De notre point de vue, à mon Léon et à moi, les liens se sont créés dès que Miss Cocotine a atterri dans nos bras, ce 5 septembre 2005, dans le bureau des affaires civiles de Changsha. Ou presque, parce que le moment était tout de même assez épique.

Mais dans sa petite tête brune, que s'est-il passé ce jour-là ? Et depuis ?

Concernant la première question, dès qu'elle a réussi à aligner les mots, Miss Cocotine nous a vite expliqué qu'elle avait eu peur de nos grands nez.

Pour le reste, tout au long de ces années, à travers des livres, pour lui répondre ou faire suite aux attaques extérieures, on a parlé moult fois de nos histoires respectives - mais sans jamais utilisé le mot abandon, bien trop violent à notre goût - et on a voulu lui donner la force d'accepter et essayé de lui apprendre à se positionner.

Pourtant, dernièrement, j'ai été désemparée.

Un soir à table, elle nous a dit :

- Natacha, elle m'a dit que j'avais pas de parents.

En coeur, on lui a répondu :

- Ah bon, et nous, on est quoi ?

Et mon Léon d'ajouter parce qu'il voyait que cette réplique ne lui convenait pas :

- C'est parce qu'on ne se ressemble pas qu'elle t'a dit ça, sûrement.

Là-dessus, j'ai précisé :

- C'est normal, ma Chérie, on ne peut pas se ressembler puisqu'on t'a adoptée. Tu ressembles à tes parents de naissance qui sont chinois.

J'étais en face d'elle et soudain, j'ai vu de la détresse dans ses yeux.

Ca m'a déstabilisée mais j'ai essayé de la réconforter.

Deux jours plus tard, un soir, je lui ai dit dans l'oreille :

- Tu sais, moi, j'aurais voulu te porter dans mon ventre et je n'aurais voulu aucune autre petite fille dans mon ventre. Que toi. Tu es la petite fille de mes rêves.

Ca l'a fait sourire.

Et puis samedi soir, alors que je la couchais, elle m'a dit :

- Mamounette, j'ai quelque chose à te dire.

- Ah oui ?

- J'ai pas des souvenirs.

J'ai tout de suite compris à quoi elle faisait allusion mais j'ai creusé pour voir si je ne me trompais pas :

- Des souvenirs de quoi ?

Elle a répondu comme ça :

- Moi, j'aime bien que tu me portes dans ton ventre. Parce que là, avec toi, j'ai des souvenirs.

Ca m'a scotchée et j''ai bien compris que ce que je lui avais dit quelques jours auparavant avait fait son chemin. Je me suis mise à chialer comme une madeleine et je lui ai dit en reniflant :

- Je ne t'ai pas portée dans mon ventre mais c'est pareil, je t'ai portée dans mon coeur.

Ses yeux se sont illuminés, elle a pris son doudou et elle a répété :

- Oui, dans ton coeur, dans ton coeur.

Bien sûr, le lendemain, c'était la fête des mères et j'aurai mon petit cadeau,

mais là, j'avais eu bien mieux que ça.

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Commentaires
L
Ils sont si beaux tes articles sur ta fille, c'est difficile de ne pas avoir les yeux qui piquent, je t'embrasse.
A
j'ai la gorge serrée <br /> quel bonheur ta fille !<br /> je t'embrasse
M
Toujours autant d'émotion quand tu nious parle de ta fille...Moi aussi j'en ai les larmes aux yeux
D
j'en ai les larmes aux yeux... Il y a des moments vraiment magiques dans la vie, et quand ça va mal, c'est à ceux-là qu'il faut penser...
D
La rencontre de deux coeurs (trois avec ton Léon !).<br /> Ai les larmes aux yeux aussi en te lisant ... <br /> Bises.
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