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Le petit monde de Cocotine
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6 octobre 2011

Le baratin du jeudi 6 octobre 2011

Ce matin, le réveil m'a tirée d'un rêve si doux et si charmant que mes premiers mots se sont noués en un chapelet de grossiéretés tout à fait inavouables.

Il faut dire que mon inconscient s'était déchaîné. Après m'avoir fait virevolter dans un bureau classieux donnant sur un bouquet de tours vertigineuses, il m'avait plantée en pleine rue de Rivoli, nageant dans un état mental proche de celui d'un grand maître de qi gong.

The working girl.

Autant vous dire qu'un seul coup d'oeil dans le miroir a suffi à me remettre vite fait bien fait dans la triste réalité.

Il était 6h57, j'étais on ne peut plus scotchée dans mon bled du double-four, mon accoutrement tee-shirt-verdâtre-sans-forme-shorty-cinq-ans-d'âge-troué n'avait rien du tailleur chic et griffé que je portais un quart d'heure auparavant et j'allais passer ma journée à crever d'ennui pour décrocher le deuxième SMIC de ma vie.

D'un coup d'un seul, j'ai failli à ma promesse de positiver et je me suis jetée dans un puits de "si" dont je vous épargnerai l'inventaire pour ne vous en livrer que la quintessence :

Et si j'étais à Paris,

est-ce-que j'en baverais autant ?

Question récurrente à laquelle, à moins de tout plaquer ici pour rentrer chez moi la fleur au fusil, je n'obtiendrai jamais de réponse, mais qui doit certainement soulager la grosse frustrée que je suis devenue au fil de ces dix années d'exil en province.

Car frustrée, je le suis et je le reste.

Et pour cause.

Mardi dernier, cela faisait donc douze jours que je distribuais des sacs poubelles tout en m'adonnant au collage, et ce avec le sourire, car je me devais de bien recevoir l'usager moyen qui n'était en aucun cas responsable du désert intellectuel qui s'êtait abattu sur ma vie professionnelle.

Douze jours de bons et loyaux services dans le seul but de décrocher un entretien pour ce fameux poste que je convoitais depuis juillet et dont le recrutement traînait tant en longueur que j'en avais la rate au court-bouillon.

Une affaire à rebondissements puisque mon indic, peut-être dégouté que je le récompense en macarons plutôt qu'en valises de dollars, m'avait refilé de l'info avariée en m'annoncant, en septembre, que tout semblait bouclé. La brute. J'en avais broyé du noir pendant des semaines avant de capter qu'en réalité, les dés étaient loin d'être jetés, ce qui m'avait redonné un tantinet de vigueur.

J'en étais là dans mon attente quand à 15h56, toute guillerette et assez inconsciente, j'ai décroché mon téléphone à fil pour connaître enfin le montant de mon salaire de remplaçante. Les 987 € annoncés m'ont fait l'effet d'une douche froide, les conditions de rémunération étaient pires que l'année dernière et sans aucun avantage, pas même le moindre ticket restau. J'ai raccroché en me disant que cela couvrirait tout juste ma taxe foncière et ses 9% d'augmentation, ainsi que les frais de garde occasionnés par mon abandon du foyer.

Dire que ce n'était pas mon jour est un doux euphémisme.

A peine 20 minutes plus tard, la responsable du recrutement, celle qui malgré mes relances, m'avait bien fait mariner, nourrissant ainsi mes espérances de convocation imminente, m'appelait pour écraser tous mes espoirs en quatre phrases assassines :

- Votre candidature n'a pas été retenue. Je ne pouvais pas vous le dire avant. Nous avons eu de très bons CV, des gens qui connaissent parfaitement bien le travail. C'est vrai que vous n'avez pas d'expérience.

Exaspérée d'être encore traitée de la sorte, je me suis rebiffée arguant de mes 20 ans de secteur privé et j'ai ajouté, assez remontée, que ce n'était pas utile de faire passer des concours aux gens pour les écarter ensuite systématiquement des recrutements sous prétexte qu'ils n'ont pas d'expérience dans le secteur public.

Là-dessus, il m'a fallu avaler cette invitation bourrée de piment :

- Mettez-vous à la place des recruteurs !

puis des encouragements plus formatés que sincères :

- Faut pas que ça vous empêche de continuer à chercher. Il y aura peut-être un autre poste.

et j'ai préféré écourter la conversation.

Puis je suis tombée dans une sorte de néant duquel je ne pouvais sortir vivante qu'en avalant sagement ma moitié de calmant.

Comment vous dire ?

Je ne peux plus.

Engluée dans ces échecs multiples, ces humiliations répétées et ces passages à vide, je me demande juste quand Bouddha voudra bien me lâcher les basques.

Me suis-je à ce point mal comportée dans ma vie précédente ?

Après tout, j'étais peut-être le plus odieux, le plus vicieux, le plus monstrueux des recruteurs.

Ceci expliquerait alors cela.

Vous savez quoi ?

Ce soir, pour me rappeler le bon vieux temps où le secteur privé me trouvait valable et où je me faisais déshabiller l'âme par des pro de l'entretien pervers, je vais regarder

La gueule de l'emploi

à 23h10 sur France 2, histoire de me persuader que seule dans mon bureau vide, j'ai tout de même de la chance et qu'à Paris, l'herbe n'est pas forcément plus verte.

Pas sure que j'y parvienne mais je vous promets d'essayer.

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Commentaires
A
et bien ça me donne pas envie de partir en province ... sachant que je n'ai pas de job actuellement (et que j'en veux pas pour le moment) !!<br /> que dire ... courage et encore je sais pas si ça peut te remonter le moral ça :(<br /> bises
C
3 êtres vivants (ou presque) sont entrés me voir cette après-midi. J'ai fini par écouter FIP à fond pour ne pas me pendre avec des sacs jaunes crochetés ! Merci pour vos encouragements.<br /> <br /> Concernant Paris, il ne faut pas m'en vouloir. Comme on me le fait si bien remarquer actuellement, je prends de l'âge, et quand on vieillit, on retourne souvent à ses racines. D'ailleurs, ce soir, j'ai prévenu mon Léon. Dès que je gagne au Loto, je rentre chez moi, je mange japonais pendant deux ans et je fais toutes les expos, les restau, les théâtres de la capitale. Ma vie est devenue surréaliste. J'ai l'impression d'être un alien qui a échoué sur une autre planète. Je ne peux plus. Je vous l'ai déjà dit non ? Ou alors, je suis les conseils de Florence et je plonge dans le chouchenn. Un coup à me faire plein de nouveaux potes au café du coin...<br /> <br /> Profitez bien de votre week-end !
L
Du courage, oui... C'est ce que je peux te souhaiter... Ainsi que de répondre à l'invitation subliminale d'Ovar ;)<br /> Passe un bon we en famille...
A
Encore un coup du sort, mais il faut croire en ton destin et te dire que cette fois, ce n'était pas la bonne ! ... (à force) tu obtiendras aussi ton expérience, ce n'est vraiment pas facile et cela où que tu sois, Courage ! biz
C
ca va venir t'en fais pas.... la nouvelle ne sera que meilleure.<br /> en attendant il faut garder le moral, pensez macarons, misstinguette, charentaise, chambre d'hote, caprese.<br /> de tout coeur avec toi car cette situation dure depuis trop longtemps.
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