Envolée, l'extase que m'a apporté ma désinscription à Pôle Emploi et désintégré, l'infime espoir que j'avais en posant le pied dans ce nouvel univers professionnel, l'effet panier-de crabes-enragés m'a flinguée et je sors de cette semaine apocalyptique aussi peu amène que mon hérisson.
Car la vie de bureau est décidément une jungle et mon intégration dans un milieu extrèmement négatif où les rancoeurs et les rivalités sont assez vite décelables s'est soldée par un coup de mou et une chute violente de motivation. Après avoir été témoin involontaire de paroles incontrôlées, j'ai senti que ça puait le roussi. Sagement, j'ai donc décidé de reculer de dix pas, histoire de rester en retrait des inimitiés ambiantes et de me protéger des vilaines langues.
C'est ça, mon problème fondamental.
Me torturer les neurones pour comprendre qui-flatte-qui-et-le-massacre-par-derrière, qui-déteste-qui-parce-qu'il-a-la-place-qu'il-voulait, qui-minaude-devant-qui-pour-se-faire-mousser ou qui-enfonce-qui-pour-prouver-qu'il-existe me traumatise et me pousse en général à me replier sur moi-même car rien ne m'intéresse moins que d'avoir à jauger les passifs des uns et les aigreurs des autres.
Etant donné que je viens de débarquer la gueule enfarinée, je n'en suis pas responsable et comme-qui-dirait, je m'en moque comme de ma première chaussette.
Mais le refus de prendre parti peut valoir certains déboires et c'est ainsi qu'après avoir pris position
en faveur de ma non-implication,
j'ai fini par me faire insulter sans qu'aucun des protagonistes ne sorte le nez de son bureau pour calmer l'acariâtre.
Assez écoeurée, j'aurais voulu pouvoir claquer la porte avec mon solde de tout compte sous le bras mais ça équivalait à refuser cinq mois supplémentaires de SMIC, luxe que je ne pouvais décemment m'accorder, mes impôts locaux venant d'échouer dans ma boite à lettres.
Alors, je me suis souvenue que si la grand-mère de celle-qu'on-ne-voit-plus lui disait que quand c'est flou, c'est qu'il y a un loup, la mienne me répétait souvent :
L'indifférence est le plus grand des mépris.
Moi qui n'ai pas peur de mettre les mains dans le cambouis, mais en silence, je fais des efforts surhumains pour assimilier un système qui me paraît pour l'instant opaque, lent, inefficace et incohérent, et dans lequel je ne vois à l'horizon aucune lueur d'épanouissement, le poste qui me plairait étant vraissemblablement et pour des raisons qui m'échappent, en train de me passer sous le nez.
Une bonne raison pour recommencer bravement à envoyer des candidatures dans le privé et peut-être dans d'autres collectivités.
Pour calmer ma déception, j'ai fouillé dans mes plus vils instincts et dans un élan jouissif bien que totalement virtuel, j'ai dédidé de
refuser de gracier la dinde.
Puis j'ai jeté un oeil torve à ma feuille de paie en jurant de consacrer une partie de mon salaire à combler mes horribles frustrations. Autant vous dire qu'il ne restera
pas un denier pour mon banquier.
Avec tout ça, je n'ai même pas eu le temps de m'attarder sur la passionnante campagne présidentielle de mon-PDPA-bien-aimé et celles non moins captivantes de ses adversaires.
Bon week-end à tous
et n'oubliez surtout pas d'être heureux
envers et contre tout et tous !