Le baratin du samedi 7 janvier 2012
Le 1er janvier, c'est toujours l'occasion de dresser des bilans et même si j'ai fermement lutté pour ne pas succomber, cette question fatale est revenue brutalement s'imposer à moi hier matin à 10h56 :
Alors, ça fait combien de temps
que je cherche un job ?
5 ans ?
5 ans, je dis ça depuis 2 ans.
Donc, 7 ans.
Au lieu de me passionner pour le Paris Dakar, de rendre hommage à Jeanne d'Arc ou de me cultiver à midi sur TF1, voilà que je me cherchais à nouveau des poux dans la tête en essayant de comprendre pourquoi j'étais abonnée au concept aide-toi-le-ciel-te-plombera.
Pourtant, tout allait bien dans ma petite vie de lauréate-qui-se-demandait-à-quoi-pouvait-bien-servir-un-concours-de-la-FPT. Au boulot, 2012 avait démarré sur les chapeaux de roue. Après m'avoir regardé avec des yeux de cocker battu pendant deux mois en me disant "Ma pauvre, c'est bête, on n'a pas de place pour vous." en oubliant sciemment que la balle était dans son camp, le grand manitou dont je dépendais avait cependant pris soin de me rassurer avant de tout planter pour aller farcir sa dinde : "Au pire, Bidule n'est pas là le 4 janvier, vous pourrez vous installer dans ses meubles et après, comme Trucmuche doit solder ses congés, vous aurez la possibilité de déménager chez lui."
Emerveillée par cet accueil VIP qui m'était réservé depuis le 1er novembre et la future vie de nomade qui m'était si aimablement imposée, je rentrai chez moi la queue entre les jambes, mais avec l'intention, toutefois, de remettre gentiment le sujet sur la table dès le lundi suivant.
Et c'est là, que pendant la trêve des confiseurs,
ma vie d'ersatz-de-fonctionnaire a basculé.
Mes deux collègues préférés ont soudain eu pitié de moi et ensemble, nous avons planché pour transformer le bureau-de-deux en bureau-de-trois. Deux armoires ont valsé dans le couloir, les meubles ont été chamboulés et les murs poussés. Pendant que l'un s'armait de l'aspirateur, l'autre démélait les fils du téléphone, et j'attrapais un chiffon pour faire la peau aux moutons qui vivaient en toute quiétude au rez-de-chaussée des placards.
Mon dernier jour de l'année bouclé, j'ai pu ainsi rassembler tous mes trésors, à savoir ma chaise à roulettes, mon ordinateur, mon Bic, ma gomme, mon crayon à papier et mon Stabilo bleu, dans le coin qui était désormais le mien et je suis partie enterrer 2011 avec Thierry Pastor et autres consorts, ainsi que je vous l'ai déjà longuement expliqué.
Le mardi 3 janvier, vous le croirez ou non, mais j'avais un beau bureau de récup' qui m'était livré à 9h36, quasiment en même temps que celui-à-qui-j'avais-dû-rendre-la-place et celui-dont-j'aurais-aimé-avoir-le-poste débarquaient dans les lieux.
Autrement dit, un vent nouveau s'est mis à souffler sur le service et là, d'un coup, d'un seul, j'ai senti que je pourrais tirer parti de cet afflux de sang neuf.
Je faisais désormais partie du clan des anciens.
Ce qui me vaudrait probablement certains privilèges et surtout celui, non négligeable, de voir ma période de bizutage enfin terminée. Et d'ailleurs, ça n'a pas fait un pli, une paix royale s'est abattue sur mon quotidien de bureaucrate à deux balles.
Depuis, j'observe tranquillement ma petite nuée d'abeilles favorites durant 7h30, et le soir, en rentrant chez moi, je fais des heures sup pour envoyer des candidatures ailleurs, dans ces collectivités chimériques où le concours doit certainement être le sésame suprême vanté aux pauvres novices qui viennent d'aterrir sur une liste d'aptitude quelconque.
Parfois, pour me détendre et me distraire, je m'offre un saut dans l'actualité et au milieu des polémiques incessantes, j'arrive heureusement à trouver de vrais moments de réconfort.
Quoi ?
Mais non, tout n'est pas si noir, vous êtes trop pessimistes.
Allez, je vous donne un exemple pour vous remonter le moral : le parti de mon-PDPA*-bien-aimé, brieffé par ses conseillers en com', a compris qu'en temps de crise, de nombreux électeurs potentiels étaient dans la mouise et qu'il fallait donc absolument faire preuve de sobriété :
Pas de champagne aux voeux de la presse.
Vous en voulez un deuxième ? Gourmands que vous êtes. Le concurrent principal de mon-PDPA-bien-aimé, brieffé par ses conseillers en com', lui a fait sa Dalida à la une et a déclaré qu'il voulait retrouver
le rêve français.
Toutes ces bonnes nouvelles, ça m'a émue aux larmes. La France allait connaître un grand changement, inévitablement.
Plus que quatre mois à tenir.
Avril ne serait pas le mois du poisson mais celui du rose bonbon.
Avril ? Mais le 30 avril, c'est la date de la fin de mon contrat précaire, ça ?
Bon week-end à tous
et n'oubliez surtout pas d'être heureux
envers et contre tout et tous !
*PDPA : Président Du Pouvoir d'Achat