Le baratin du dimanche 26 février 2012
Je vous ai menti.
Si j'ai choisi cet exil temporaire en terre autrefois ennemie, ce n'est pas par pure frivolité mais parce que je n'en pouvais plus de me ronger les sangs.
Quand mon-PDPA*-bien-aimé se déciderait-il enfin à cracher sa Valda et annoncer solennellement s'il avait coché la case lâcher-le-morceau-pour-faire-de-l'argent-et-se-jeter-dans-la-dolce-vita ou essayer-de-sauver-la-France-pour-la-deuxième-fois-en-dressant-les-uns-contre-les-autres.
Quand ce suspens insupportable prendrait-il fin ?
Oui, quand ?
A 72 jours du premier tour, je n'étais plus que l'ombre de moi-même, droguée à la tisane d'aubépine et bourrée de Sédatif PC. Il devenait impératif de prendre du recul.
Sage décision. A peine avais-je sorti le nez du tunnel que j'apprenais qu'il s'était enfin déclaré et sur ma chaîne préférée de surcroît. Vous le croirez ou non mais à partir de cet instant précis, j'ai repris foi en la vie. Après tout,
5 ans, c'est court, pour faire ses preuves.
Là-dessus, j'ai repris mes fonctions d'ersatz de fonctionnaire, la tête scotchée outre-Manche, et figurez-vous que mardi dernier, mon chef m'a convoquée :
Lui : Est-ce que ça t'intéresse de rester deux mois de plus ?
Moi, sentant le loup : Pour faire la même chose que ce que je fais ?
Lui : Ben oui.
Moi : Ah bon.
Vous dire que la proposition m'a bouleversée et enchantée serait exagéré. Je suis retournée à ma place et j'ai gambergé : 129 dossiers déjà traités avec pour chacun, une trentaine de lignes en moyenne, j'en arrivais tout de même à ce score honorable de
3870 lignes écrites à la main.
5 Pilot Réxgrip flingués, 2 kilomètres de ruban correcteur épuisés, environ 6400 agrafes ôtées et toutes les cervicales en purée.
A l'idée des 4000 lignes supplémentaires qui m'attendaient au tournant, j'ai failli replonger et ingurgiter derechef un litre d'infusion soporifique. Puis je me suis ressaisie. Tout bien réfléchi, la république avait besoin de moi, la FPT me chassait et tourner le dos à un tel pont d'or,
ce serait comme un abandon de poste.
Je devais assumer mes responsabilités et affronter mon destin flamboyant. Alors, héroïquement, j'ai ouvert mon armoire en grand et j'ai attrapé
un col roulé noir.
Puis fièrement, je suis sortie aux aurores et dès son arrivée à 9h12, j'ai toqué à la porte du grand manitou de mon service. Là, la main sur le coeur, je lui ai déclaré :
Travailler ou ne pas travailler,
ce n'est pas la même chose.
Je suis partante pour un second mandat.
Semblant apprécié ma réponse, il m'a confirmé qu'il allait soumettre l'idée à qui de droit.
Car finalement, le plus croustillant dans l'histoire, c'est que l'affaire ne sera dans le sac que lorsque les hautes autorités de ma collectivité auront approuvé cette prorogation de contrat.
En tout cas, n'ayez crainte, si jamais c'est accepté, jamais je n'irai fêter ça au Fouquet's.
Vous savez quoi ?
J'échangerais bien ma vie contre celle d'Omar Sy, moi.
Bon week-end à tous
et n'oubliez surtout pas d'être heureux
envers et contre tout et tous !
* PDPA : Président Du Pouvoir d'Achat