Toutes mes envies
Il est 9h14, j'ai des cernes violets et mal au coeur.
A 22h12 hier soir, partant du constat que JoeyStarr ignorait visiblement l'existence du bled où je croupis gentiment depuis bientôt six ans - et je ne peux décemment pas lui en tenir rigueur -, j'ai décidé de sortir mon shaker argenté et ma boule à facettes pour vivre
une soirée de folie en solo.
Autrement dit, j'ai lancé ma bouilloire pour une tisane d'aubépines et j'ai attrapé la télécommande pour choisir avec quel acteur torride j'allais sauter du vendredi au samedi.
J'aurais pu faire dans la comédie romantique mais allez savoir pourquoi, je n'avais pas le coeur à ça. J'ai préféré, encore une fois, jeter mon dévolu sur Vincent Lindon pour ce film que je crevais déjà d'envie d'aller voir à sa sortie en salles.
Ce beau duo avec Marie Gillain m'a complètement séduite mais vu les sujets abordés, le surendettement et la fin de vie, au générique de fin, je n'étais plus qu'une pauvre loque écrasée dans un vieux fauteuil pas ciré.
Pour être à la hauteur de mes ambitions, il fallait enchaîner sur du plus festif.
Tous les dieux de la Terre étaient avec moi car, en m'acharnant sur ma boite à touches, je me suis soudain retrouvée à New York pour quatre épisodes de Sex and the city que je n'avais jamais vus.
Le but ultime de ma vie, depuis mon retour à la fonction de FAF, c'est d'interdire à mon disque dur de tirer un quelconque bilan de ma situation pour en arriver, comme Meg Ryan dans Quand Harry rencontre Sally, à cette conclusion terrifiante :
Et en plus, je vais avoir 50 ans.
Pourtant, à l'issue du troisième épisode, je me suis tout à coup détachée de mon corps pour me regarder sans compassion. Il était 1h24, le 7 juillet 2012 venait juste d'éclore et j'étais exactement devant la même série et dans la même position qu'en 2004, quand Léon s'était toqué d'être représentant de commerce dans la purée de fruits et courrait les routes de France, de Navarre et des Etats-Unis pendant que je crevais d'ennui toute seule et sans voiture dans un coin de Rhônes-Alpes où je ne connaissais absolument personne à part mon conseiller ANPE que je sollicitais régulièrement pour un poste de gestionnaire commerciale introuvable.
A cet instant précis, j'aurais pu faire ma Carrie Bradshaw et, avec une petite moue innocente, me lancer dans une liste de questions sans fin allant de mais-pourquoi-je-suis-encore-dans-le-même-scénario-8-ans-après à comment-prendre-enfin-mon-destin-en-main.
Lâchement, j'ai décidé de faire un sort au paquet de chips acheté pour les sorties scolaires de Miss Cocotine, et puis, rassasiée, je me suis chaudement félicitée d'être passée au rayon "Développement personnel" d'Amazon.
A la rentrée, croix-de-bois-croix-de-fer-si-je-meure-je-vais-en-enfer, tout allait changer, je me pencherais sérieusement sur toutes mes envies.
A propos,
et vous, vous l'avez vu, ça vous a plu ?