Le baratin du 2 septembre 2012
57 jours que Miss Cocotine m'en fait voir de toutes les couleurs, il est temps de me déresponsabiliser totalement en la rendant à l'Education Nationale.
Mardi, c'est la rentrée.
Ce Charlemagne, je lui claquerais bien la bise.
1m33, les incisives qui poussent en biais, des pourquois plein son sac et une passion pour Claude François - juré-craché, je n'y suis pour rien -, elle tripatouille si bien la radio le matin que c'est bousculée par Virgin ou Fun que je me brosse maintenant les dents, dans une inconscience crasse mais salvatrice de l'état du monde qui m'entoure.
Le premier cahier de vacances que je lui ai acheté à sa demande début juillet s'est retrouvé rempli aux deux tiers en trois jours. Pleine d'orgueil, je me suis bercée de ma-fille-est-brillante-nom-d'un-chien lorsque j'ai soudain réalisé que j'avais complètement oublié de dégrafer les pages de correction. La chipie était manifestement en train de me faire avaler des couleuvres.
S'en est suivi un règlement de comptes les yeux dans les yeux et une virée chez Leclerc pour acheter un deuxième cahier auquel, à peine la caisse passée, j'ai immédiatement arraché le livret destiné aux parents. Bizaremment, le rythme en a beaucoup souffert et deux jours avant la reprise, ces pauvres pages délaissées doivent moisir dans l'un des tiroirs de son bureau.
Ca me rappelle qu'aujourd'hui, je vais devoir perquisionner sa chambre et remettre les pendules à l'heure. Car ranger est un concept apparemment inconnu chez un enfant de huit ans et la semaine dernière, en guise d'introduction, je suis entrée dans les lieux d'un va-falloir-que-je-mette-le-nez-dans-ce-foutoir-ça-va-faire-mal qui se voulait très explicite.
Pour autant, personne n'a tremblé, et quand j'ai plongé sous son lit et que, ulcérée, j'en ai sorti une imitation de Chupa Chups toute collante, un papier de Malabar froissé et une culotte sale en braillant non-mais-c'est-quoi-ça-?, elle a explosé de rire. Vexée comme un pou, j'ai battu en retraite en la menaçant d'un tu-vas-pas-rigoler-longtemps.
Parent solo, c'est exactement le job que je n'aurais pas voulu faire, et pourtant, je nage en plein dedans. Même si Léon exerce brillamment son autorité parentale par téléphone et revient comme un héros les poches pleines de gâteaux le vendredi, c'est moi, qui doit, toute la semaine, expliquer que la vie du monde et celle de tous les jours ne peuvent fonctionner sans règles. Autrement dit, notre duo a dernièrement subi des coups de chaud.
Le cartable sera prêt ce soir et la chambre remaniée. De cet été 2012, Miss Cocotine sort avec des grands pieds et l'envie de revoir les copains.
Quant à moi, je vais devoir ranger la Crète au placard, stopper ma mono-diète feta et sortir la tête du sable blond pour m'adonner à nouveau à mon exercice favori qui consiste à triturer cette question assommante :
Mais qu'est-ce-que je vais faire
du reste de ma vie ?
En fait, pour vous dire la vérité, je suis à deux doigts d'aller voir une voyante parce que s'il s'agit d'avoir une fin prématurée à la Delarue, autant se détendre tout de suite et annuler tous mes futurs rencarts à Pôle Emploi.