Potion magique
Une-copine-qui-me-veut-du-bien m'a conseillé ce livre au titre ambitieux. Avide de me débarrasser de mon anxiété, en particulier face à cette recherche d'emploi qui démolirait un bonze, j'ai dévoré ces 282 pages, bien installée sous le soleil crétois.
Pas folle, la guêpe.
Lorsque, ma valise remplie de feta à la main, j'ai réintégré le bled et sa vie palpitante, le simple fait d'ouvrir ma boite à lettres et d'y trouver une éième réponse négative de la communauté de communes m'a conforté dans l'idée que je devais absolument prendre le taureau par les cornes, histoire de
réussir à traverser l'hiver 2012-2013.
Je tenais le mode d'emploi en version poche. Il n'y avait plus qu'à passer à l'action.
A quel chapitre allais-je m'en remettre pour pouvoir ignorer ces 49 ans qui me menaçaient telle une flèche empoisonnée ?
Allais-je me mettre à parler à mon coeur, me lancer dans l'EMDR, échanger un sac d'écus contre un simulateur d'aube, livrer mon qi aux aiguilles, me gaver d'Oméga 3, re-chausser mes Asics quasi neuves, adopter un chat et le traiter comme mon deuxième enfant ou verser dans le revival avec Léon ?
Les méthodes proposées étaient si tentantes qu'un choix s'est vite avéré bien trop douloureux pour ma bande de neurones impétueux. J'allais goûter à tout mais, en grosse lâche, je démarrerais ma fabuleuse reconstruction par ce que je savais faire de mieux :
avaler des cachets.
J'ai filé à la pharmacie où quelqu'un m'a vanté les mérites de nouvelles capsules fraîchement introduites sur le marché français et contenant "un extrait d’huiles hautement purifiées de moules aux orles verts de Nouvelle Zélande (Perna canaliculus).
Les 50 gellules coûtant un bras, j'ai longuement pesé le pour et le contre et mené ma petite enquête car j'ai beau vouloir
progresser sur le chemin de la transcendance,
je n'en demeure pas moins suspicieuse par rapport à tous les charlatans qui exploitent allégremment la misère humaine.
Emballée par la perspective d'avoir la même santé de fer que les Maoris, une quête étonnante que, bêtement, je n'avais jamais imaginée, j'ai craqué et commencé ce traitement prometteur, doucement influencée par ma kiné qui, d'un air bonhomme, m'a réconforté d'un au-pire-ça-ne-vous-fera-rien.
Tout ça pour tomber, hier soir, sur un David Pujadas qui, ignorant totalement le mal qu'il allait me causer, s'est mis à m'expliquer que, selon une étude récente, ces fameux Oméga 3 n'étaient pas si miraculeux que le secteur agro-alimentaire et les laboratoires s'évertuaient à le jurer-cracher depuis quelques années.
Je l'annonce donc solennellement ici ce matin : si j'arrive, grâce aux mollusques néo-zélandais,
à prendre mon chômage
avec philosophie,
je ne manquerai pas de vous livrer ici le nom du produit miracle qui inonde mon corps depuis quelques jours.
Et vous, vous l'avez lu, ça vous a plu ?