Pour l'amour de Woody Allen
L'autre jour, dans la salle dite de convivialité, l'un de mes collègues préférés, un ancien de l'armée, s'est mis à parler ciné.
Un pur moment de bonheur.
Pour planter le décor, c'est le genre de gars qui enchaîne les plaisanteries douteuses et qui en rit grassement. Un de ces quatre, il faudra que je pense à lui lancer un Monsieur-Sylvestre-sors-de-ce-corps, même si j'ai bien conscience qu'il ne saisira pas forcément le fond de ma pensée.
Quoiqu'il en soit, l'énergumène me regarde et me dit : Tu vas voir Captain America ?
J'ai pouffé et je lui ai répondu : Ben, non. En fait, tu n'as peut-être pas remarqué, mais on n'a pas franchement les mêmes goûts, tous les deux.
Un deuxième larron s'est mêlé de la conversation : Ouais, c'est comme ma copine, elle veut m'emmener voir... euh... je sais pas quoi... Almodovar... Oh la la...
Et là, il réfléchit - si, je vous assure, ça y ressemblait, en tout cas - et lance ce qu'il considère sûrement comme la vanne du siècle : Remarque, y'a pire, y'a Woody Allen !
Je me suis contentée de leur dire avec conviction :
Justement, moi, j'adore Woody Allen !
Le retraité de l'armée m'a fixée, l'air paumé : Ah ouais, c'est spécial, hein, Woody Allen...
Epuisée par la profondeur des dialogues, je me suis retirée.
C'est épatant, la convivialité.