Castoche
De mon bureau, j'entends Léon soupirer comme si on venait de l'écarteler.
Il faut dire qu'après avoir essayé de récurer la terrasse au savon noir en février 2011 - à l'époque, on était encore jeunes - et l'avoir dûment Kärchérisée en septembre 2012 - là, on l'était déjà moins et mon coude s'en souvient -, la tomette rebelle s'est à nouveau encrassée au fil du temps. Et pour être franche, l'affaire commence à me courir sur le haricot.
Et je ne suis pas la seule.
A peine les valises posées et les lessives repassées, Léon a décrété que la situation ne pouvait plus durer. Pendant qu'en pleine béatitude, je triais mes 830 photos de Chypre, il est parti en trombe dans la zone commerciale pour revenir avec une touffe de poils métalliques à visser au bout de la perceuse.
Bercée de bouzouki et rassasiée de halloumi, j'ai ensuite assisté aux travaux en touriste, me contentant d'apparaître de temps en temps avec mon APN en bandoulière pour crier "Ca va ?", histoire de ne pas avoir à porter le poids d'une lourde culpabilité pendant des années.
Que voulez-vous, retomber si brutalement dans la sombre réalité de la vie, je n'ai pas l'option.
Trois brosses décapitées plus tard, les carreaux sont enfin revenus à eux.
Léon, lui, est proche de la mort.