1/3 azote 2/3 carbone
Je suis une brave fille qui prend toujours les missions qu'on lui confie au sérieux. Si, je vous assure.
Actuellement, ça se traduit par un excès de zèle qui m'épate moi-même et qui me conduit à vanter les mérites du compostage à qui veut bien m'écouter.
Si j'en crois l'air profondément dégoûté de cette jolie résidente du sud-Loire quand je lui ai aimablement proposé de se lancer dans l'aventure, la nouvelle mode de valorisation de nos déchets est loin d'être rentrée dans les moeurs.
Pourtant selon l'ADEME, "produire soi-même un amendement naturel et l'utiliser dans son jardin procure une vraie satisfaction personnelle".
Un plaisir à côté duquel il serait tout de même dommage de passer.
Il suffit juste d'accepter d'héberger quelques colonies de lombrics, d'acariens, de cloportes, de coléoptères et autres petites bêtes affriolantes qui se chargeront de transformer les croutes de fromage, les vieux mouchoirs en papier et les hortensias fanés en compost bien mûr.
Encore faut-il que votre mélange soit intelligemment équilibré et que le maniement des outils de jardin soit inscrit dans vos gênes. Eh oui, car ce charmant petit tas devra être aérer régulièrement si vous voulez éviter que l'expérience ne vire au cauchemar olfactif ou pire encore, à l'émanation de méthane.
Pour aider les novices pleins de bonne volonté, l'ADEME a concocté un guide détaillé commençant par "Faire son compost, c'est FACILE" et se terminant 20 pages plus loin, laissant l'accro du bitume un peu hébétée.
Après l'avoir parcouru en long, en large et en travers toute cette semaine, je me suis presque résolue à tenter le coup. Mais pour ne pas plonger seule dans l'inconnu et pouvoir me dérober, l'air de rien, à la corvée du brassage, je devais impérativement trouver un partenaire.
Et à qui j'ai pensé, à votre avis ?
A l'homme.
Toute fière d'étaler mes nouvelles connaissances, je lui en ai donc déballé mon exposé complet hier soir. Vu la réponse d'usager de base que j'ai obtenue, à savoir ce-sera-sans-moi-je-paie-des-impôts-c'est-pas-pour-des-prunes, j'en ai déduit que si je m'aventurais sur ce terrain inconnu, ce serait à mes risques et périls et que la fourche, ce serait moi qui me la colletterais.
Calmée par le peu d'enthousiasme du gaillard, je filai toute penaude, sans savoir si j'allais me résoudre ou pas à jouer à l'alchimiste.