LES regards des autres

Si j'avais voulu débattre de l'adoption,  je ne me serais pas inscrite dans la rubrique "Déco, brico, jardin". Et puis, je fais déjà partie d'un forum réservé aux adoptants en Chine.

Cependant,  j'éprouve le besoin d'éclaircir un point qui n'est pas de détail.

Lorsqu'on adopte un enfant, on doit avoir la force d'affronter LES regards des autres : bienveillance, ignorance, incompréhension, interrogation, pitié, simplicité, curiosité, bêtise, méchanceté voire haine parfois quand il y a racisme derrière, et admiration. Volontairement, j'ai tout mélangé puisque la vie est ainsi faite qu'on est confronté au pire et au meilleur dans la même journée.

Bien souvent, je passe et glisse sur les attitudes négatives ou les remarques stupides, redevenant moi-même lorsqu'on me traite comme une Maman parmi tant d'autres et qu'on regarde ma petite fille comme une petite fille française parmi tant d'autres.

Mais il est un sentiment avec lequel je me sens très mal à l'aise. C'est l'admiration. Je ne le comprends pas.

Adopter un enfant, c'est juste accéder à l'état de parents par un chemin différent. On ne fait pas des enfants pour être admirés (ou bien on est très malade...). Eh bien, on n'adopte pas un enfant pour être admiré.

En aucun cas, je ne considère que "j'ai sauvé ma fille". Cette formule ne me parle absolument pas. Je ne me sens pas investie d'une mission et je ne suis pas une ONG. Et pour être franche, je considère plutôt que c'est elle qui nous a sauvés !

Il n'y a pas de compassion dans l'adoption. Il y a juste le désir de faire une famille, comme tout le monde.

De la compassion, on peut en avoir, certes, quand on voit ce qui se passe dans certains pays mais ça me semble être un sujet bien différent de la parentalité.

Mais la parentalité, au fait, ça se définit comment ?

Je vous laisse méditer...

en ajoutant que la vraie vie des adoptants est bien souvent aux antipodes de ce qu'on peut voir et entendre dans les médias, plus attachés, la plupart du temps, à faire de l'audience qu'à concocter des reportages intelligents et à divulguer des informations fiables.

Bonne journée.

Comments

[mab]

comme tes mots sonnent juste à mon oreille...non à mes yeux.

[cielo moon]

Bonsoir Cocotine !
Je découvre ton blog ce soir et ton billet. Je comprends ce que tu écris. Je crois effectivement que l'admiration n'est pas forcément de mise vis à vis des parents adoptifs. A chacun son parcours, son chemin et ses choix pour essayer d'être heureux.
J'ai dans mon entourage proche un couple qui ne pouvant avoir d'enfant n'a pas souhaité entamer les démarches pour en adopter un, et je sais bien entendu que ce n'est pas par manque de courage.
Je vais continuer à te lire !

[Anne]

je me sens toujours extremement mal a l'aise quand on nous admire pour avoir adopté
je me dis que si nos enfants n'étaient pas arrivés chez nous ,ils seraient peut etre et tres certainement ailleurs
et que sans se voiler la face ,le départ de tout adoption ,est la parce que notre désir d'enfant est insatisfait et que effectivement nous donnons du moins nous essayons de donner du bonheur a un enfant mais nous nous en recevons tellement qu il n'y a pas plus d'admiration a avoir que pour ceux qui les ont naturellement ou par FIV ou autre

[Sabine]

Je comprends que les autres disent leur admiration; à chaque fois que nous parlons adoption, beaucoup nous disent: on y a pensé...mais peu ont concrétisé.
Avoir des enfants c'est sauter dans l'inconnu; adopter c'est sauter plus loin encore.
Et puis ne nous voilons pas la face: nous leur proposons un meilleur avenir que si ils étaient restés chez eux, mais tu as raison nous ne le faisons pas pour etre admirés, là je te rejoins: nous aussi sans eux notre vie serait vide et notre avenir morne.

[Cocotine]

Il faut raison garder.

Comme chacun sait, la Chine connait aujourd'hui un déséquilibre démographique dû à la politique de l'enfant unique et au poids culturel qui font préférer un garçon à une fille.

Pour avoir assisté à une conférence d'Isabelle Attané sur la condition des femmes en Chine, je préfère pourtant rester nuancée et ne pas généraliser car chaque femme a son histoire propre et on ne peut pas affirmer que les petites filles chinoises sont "avortées de force par les autorités ou tuées à la naissance". Ne penses-tu pas, Marquise, que c'est un peu caricatural ? Bien d'autres cas existent et qui ressemblent davantage à ce qui se passe communément et banalement dans les sociétés occidentales.

En ce qui concerne ma fille, je ne peux pas dire ce qui lui serait arrivé si nous n'avions pas été là. J'imagine qu'elle aurait été adoptée par un autre couple.

Elle était née de toute façon par la volonté de sa mère biologique avant même que nos dossiers ne soient mis en relation sur un bureau de Pékin.

C'est donc sa mère de naissance qui l'a sauvée, pas moi. Et je me sentirai toujours liée à elle pour ça.

Quant au parcours de l'adoption, c'est sûr, c'est un choix que tout le monde ne fait pas. Mais doit-on être considéré comme admirable pour autant ?

J'aurais été héroïque si j'avais su maîtriser mon esprit et rester sereine tout au long de ces étapes. Ce n'est pas le cas... Demande à mon mari !

Tu parles de certitudes. Je n'en avais aucune. La vie s'était chargée de me les ôter.

Je me disais juste que les jours s'ajoutant aux jours, un beau matin, il se passerait quelque chose.

Et il s'est passé quelque chose.