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Le petit monde de Cocotine
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25 mars 2010

Chronique d'un concours ordinaire

Faut croire que c'était écrit dans mon karma. Un beau jour de mars 2010, je devais participer au concours de  "La Nouvelle Star de la Fonction Publique du double four" .

Après une nuit diabolique à me répéter faut-dormir-sinon-tu-seras-une-loque-demain, j'ai émergé sans vie et sans envie. Il était convenu que l'homme s'occuperait de Miss Cocotine de A à Z pour que ma concentration d'athlète ne soit en rien perturbée.  Le bougre a disparu direction l'école, non sans me coller un Merde affectueux dans les gencives.

Je suis restée seule face à mon destin. La cerise sur le gâteau du jour, c'était que les fonctionnaires étaient appelés à la grève. Le Centre de Gestion de la Fonction Publique Territoriale avaient prévenu les candidats ; ils devaient "prendre leurs dispositions". Cocasse.

En bonne parisienne de souche ayant traîné des heures sur les quais à attendre, hébétée, qu'un wagon daigne arriver, j'en étais arrivée à la conclusion angoissante que tout le centre de Nantes, voire la région entière seraient bloqués quand moi, pauvre-greluche-ayant-accepté-une-remise-en-question-relativement-énigmatique, je sauterais héroïquement dans ma petite voiture pour parcourir les 23 km qui me séparaient du Parc des Expositions de La Beaujoire.

S'en était suivie une salve de questions redoutables allant de je-prends-le-périph-ou-pas à mais-à-quelle-heure-je-pars se soldant par la décision de traverser Nantes mais en partant à 10h00 pour être sure d'être au rendez-vous à 13h30, ce qui, vous en conviendrez, s'appelle "être bigrement prévoyante".

Dans mon petit sac, le matériel nécessaire, multiplié par x, toujours au cas où, deux règles, trois calculatrices, quatre Bic noirs, du Tippex et dans la rubrique faut-un-déjeuner-qui-tienne-au-corps-mais-qui-ne-me-plonge-pas-dans-une-léthargie-épouvantable-à-13h30, une salade de riz aux tomates séchées et haricots verts. Et mon flacon de Rescue.

En fait d'embouteillages effroyables, j'ai juste croisé six gaillards qui, banderoles au vent, marchaient le long de la route en direction du centre. A 10h30, j'étais impeccablement garée sur le parking de La Beaujoire, ravie d'être arrivée sur les lieux du crime avec devant moi trois heures à savourer cette vue imprenable sur un foutu grillage blanc. Un coup de fil à l'homme pour lui faire part de l'exploit et échanger ces quelques mots qui resteront sans aucun doute dans les annales : J'ai-pas-envie-d'y-aller-T'as-rien-à-perdre. Un leader né. De quoi me remettre dans le droit chemin en moins de deux.

Un repérage des lieux, quelques révisions d'aires et de volumes et un épisode de respire-par-le-ventre-allez-gonfle-gonfle-gonfle-et-souffle tout en écoutant Billie Holliday chanter le blues et Andreas Scholl le Nisi Dominus pour passer le temps tranquillement tout en comptant les joyeux lurons qui commençaient à débarquer peu à peu. L'occasion de réviser les proportions et de constater que les femmes et les jeunes étaient largement majoritaires.

Puis le moment fût venu d'ingurgiter mon lunch tout en veillant à ne pas boire trop, histoire d'éviter un-tortillage-de-fesses-à-la-Miss-Cocotine en pleine épreuve, ce qui aurait été du plus mauvais effet. Je tentai ensuite une sieste qui ne s'avéra en aucun cas réparatrice.

A 13h00, mon supplice était à son comble et je décidai sagement de me balancer quatre gouttes de Rescue sur la langue tout en croyant très fort à leurs vertus supposées. Il était temps d'attraper mon bardas et de me diriger vers l'entrée du Parc. Là, force fût de constater que mille personnes, en vrai, ça fait du monde. L'ambiance n'était pas différente d'un jour d'exposition sauf que je n'étais pas là pour Créativa mais pour tenter d'être la meilleure du troupeau.

A part quelques exceptions, les mines étaient plutôt figées. Point de guitares et de bœufs dans la file d'attente. Sages comme des sardines devant l'entrée du Hall n° 4, personne ne mouftait et l'atmosphère était plutôt tendue. C'était le moment propice pour clore les paupières et se répéter en boucle j'vais-tout-péter-j'vais-tout-donner-j'vais-tous-les-écraser-comme-des-mouches, à l'instar des candidats remontés à bloc aperçus au hasard de mes errances télévisuelles.

A 13h30, le rideau se leva enfin et tous les candidats s'engouffrèrent dans le trou béant. Lentement, j'avançai et ce n'est certes pas le poste de secourisme planté là qui me rassura. Quelques pas de plus et brutalement, je découvris la salle de spectacle. 

Etourdissant. Un millier de petites tables regroupées en blocs de cinquante, ça peut réveiller un sentiment d'agoraphobie et filer un terrible vertige. Le regard braqué vers le sol, je repérai le bloc 26 qui se trouvait juste devant mon nez, me promettant ainsi un accès rapide au bouche-à-bouche. En deux coups de cuillères à pot, je trouvai mon matricule 1088 et m'installai sur ma petite table, bancale comme un vieux pirate. Pour me rassurer, je notai que de nombreux postes étaient vides autour de moi et je décidai qu'il valait mieux me concentrer sur les désistements que sur les présences. Question de survie.

Au loin mais si loin que je n'en distinguai même pas la forme, pas de Lio ou de Manoeuvre, mais une femme qui déclamait ses instructions dans un micro. En rabattant le coin de ma copie, je me dis qu'au moins, ici, je ne serai jugée que sur mon subjonctif et mes fractions, pas sur mon âge ou le fait que j'ai élevé Miss Cocotine pendant cinq ans.

Incapable de maîtriser mon stress à 100%, m'ôtant ainsi toute chance de postuler au GIGN en cas d'échec, je tremblotai un peu sur les maths mais le sujet étant somme toute assez simple, je réussis à boucler l'affaire en 50 minutes.

Un break plus tard et ce fût le tour du français. Connaissant désormais les lieux comme ma poche, j'avais retrouvé mon état normal. Et là, vous le croirez ou non, en retournant le sujet, j'ai pensé à vous...

Le réchauffement climatique

J'en aurais presque hurler de rire surtout que la question n° 5 m'imposait la réflexion suivante : Expliquez comment il vous semble possible de modifier en profondeur nos modes de vie afin d'apporter des réponses au problème du réchauffement climatique.

N'imaginez quand même pas que je suis allée parler de mon écolopote Colin, du gant de toilette, du foulage de linge et encore moins de MA-SECTE-DE-CELLES-QUI-VEULENT-BIEN-ÊTRE-ECOLO-MAIS-FAUT-PAS-POUSSER-MÉMÉ-DANS-LES-ORTIES-QUAND-MÊME. L'humour, la dérision et l'ironie n'étaient pas de mise en cette journée éprouvante. Non, je suis restée très sérieuse, bien propre sur moi et optimiste. Un vrai rôle de composition.

Quoiqu'il en soit, c'est plié. Le 28 mai, je saurai si je suis conviée aux épreuves orales d'admission.

MERCI POUR VOTRE SOUTIEN ET VOTRE GENTILLESSE.

Sacrée journée !

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Commentaires
L
Bravo Cocotine :))) Je croise les doigts pour que tu sois admise aux épreuves orales :))
C
Vas-y Cocotine, vas-yyyyy (sur l'air de mon enfance : Vas-y, Saint-Etienne Vas-y)!<br /> <br /> Bon, on dirait que ça démarre pas mal pour les qualifs, hein ? Prête pour démarrer l'oral ? Les pompom girls sont là, on laisse passer le week-end et on en reparle !<br /> <br /> Bises<br /> <br /> Cécile
F
En lisant ta prose du jour, je me dis que ce pourrait être une fort bonne introduction pour l'entrée en matière de ton premier "thriller" ... Je trouve que tu écris tellement bien. Le texte coule comme une histoire qu'on te raconterait au creux de l'oreille, un après midi pluvieux, sur France-Inter. Tu te souviens, cette époque où une voix chaude, légèrement rocailleuse, avec un soupçon de pastis, nous tenait en haleine. Ne change rien à cette première page et balance nous une égorgée-bien-sanguinolente dans les toilettes des hommes, avec foule de grévistes massés aux portes et alerte à la bombe! <br /> Pis quoi, même si tu deviens fonctionnaire, ça t'empêchera sûrement pas d'écrire et encore moins de toucher des droits d'auteur... Lâche rien. Tue-les tous !
F
Eh ben, c'est un excellent début ! faut voir le verre à moitié plein, toujours ! Déjà, t'es pas arrivée à la bourre après la distribution des sujets (si si, ça arrive...)Ensuite tu ne t'es pas évanouie (ça arrive également), tu n'as pas eu le grand trou noir qui transforme ton cerveau en triangle des Bermudes du savoir (ça arrive aussi, je te jure, et là t'es super super mal...), et en sus tu as non seulement TOUT terminé mais surtout TOUT COMPRIS et donc pas fait d'impasse ! Eh bé oh, poulette, c'est admirable tout ça, déjà. Maintenant, tu concours avec des cerveaux tous frais sortis de l'école, des qui vivent chez papamaman et qui n'ont aucune contingence matérielle à gérer en journée (ni salle de bain à maçonner)et surtout qui s'y préparent comme des forcenés depuis 2 ans (parce qu'ils en sont à leur 2è tentative, au moins) Dans ton cas (tu ne sors pas de ton master tout frais moulu promotion 2009) qui fut aussi le mien il y a un bail, se remettre dans le bain demande déjà bien 1 coup à blanc. Au moins. Histoire de voir. De se positionner. Et on enfourche la bête toutes dents dehors à la 2è tentative. Sans se décourager. Parce qu'on a méga la gnack. Et crois moi, la gnack à 40 ans passés c'est autrement plus ravageur que la gnack mollassonne des vingtenaires ! <br /> Alors prépare-toi pour l'année prochaine. Et ne dis surtout pas "Naaaaaan, je laisse tombeeeer, je peux pluuuuus".<br /> Okêêê ?<br /> Bon. <br /> On te le rappellera à la rentrée, de t'y mettre comme les gosses, dès septembre tu bouffes de l'annale et du rapport de jury jusqu'à l'écoeurement. On sera là pour te coacher, t'inquiète. <br /> Okêê ?<br /> Hein ?<br /> J'ai pas entendu, là... articule ta réponse au lieu de grommeler, je comprends rien...<br /> Voilà. On est d'accord.<br /> Biiiiiises !
M
je croise les doigts et me précipite sur tout ce que je peux toucher comme bois ! ( enfin pas trop vite , je n'ai plus 20 ans hi hi ) à bientôt
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