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Le petit monde de Cocotine
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27 septembre 2010

Vivre ensemble

Chaque lundi matin, j'espère pouvoir enfin vous annoncer que je suis sortie de la semaine écoulée aussi sereine et radieuse qu'une fille qui vient d'avaler les 365 méditations quotidiennes du Dalaï-Lama.

Autant croire au Père Noël.

Cette semaine number 38 de l'an 2010 m'a quasiment minée et à part une cure intensive de Sédatif PC, je ne veux pas comment je pourrais sortir de cette bourrasque mentale.

Observer ce monde invraisemblable dans lequel je reste persuadée que mon père et ma mère auraient pu s'abstenir de me lâcher, surtout quand on note la qualité discutable du service après-vente dont j'ai bénéficié, me laisse trop souvent muette d'horreur.

Après tout, comment l'humanité pourrait-elle évoluer vers la sagesse ? Quand il n'y a pas de foin dans le râtelier, les chevaux se battent, c'est bien connu.

Dans l'hexagone, force est de constater qu'actuellement, tout part en eau de boudin.

Perdu entre la phobie de virer cul de jatte dans une rame de métro, devant la vitrine d'un grand magasin ou au sommet de la Tour Eiffel, et la perspective de mourir de vieillesse dans les bras de son chef de service sans jamais avoir eu le loisir de plomber toutes les départementales avec un camping-car flambant neuf, nul ne peut assurer qu'il ne finira pas, un jour ou l'autre, par devoir aller cracher ses clous chez le Père Amorth.

Riches et déshérités, français et étrangers, patrons et salariés, croyants et athées, public et privé, jeunes et vieux, plus personne ne semble vouloir cohabiter en paix et je me demande ce qu'il va bien pouvoir émerger de ces continuelles et pathétiques parties de catch qui ne font que mettre en exergue les plus vils instincts des uns et des autres.

C'est moche.

A tel point qu'on serait sacrément tenté d'effectuer un repli sur soi-même en bâillonnant celle-qui-dit-tout-sur-ce-mode-débile et la-boite-à-Ferrari, histoire de sauver quelques neurones encore sains d'une décrépitude certaine.

C'est ce que, dans ma grande lâcheté, j'ai expérimenté.

Sauf que cette séance de nombrilisme n'a pas eu du tout l'effet escompté. A contempler ma piètre vie de 2ème classe, j'ai bien failli sombrer dans une neurasthénie foudroyante.

Après avoir aimablement supporté le chasseur précautionneux qui appelle pour savoir ce qu'il doit faire de ses viscères de lapin et de ses tripes de canard maintenant qu'il n'y a plus qu'une collecte hebdomadaire, et qui finit par répondre lui même en décrétant qu'il les entreposera au frigo, le noceur pédant qui a donné une réception et ne sait que faire de ses six sacs d'ordures, et d'ailleurs, si on ne lui propose pas de service personnalisé, il va les mettre dans la poubelle de son voisin parce que mercredi il aura autre chose à faire que de sortir son bac pour le ramassage et le délateur excédé qui m'explique qu'au numéro 67 de la rue des Bleuets, il y a un sale type qui ne rentre jamais sa poubelle et que vraiment il faut faire quelque chose car ça ne peut plus durer, voilà que ma mine d'or s'est peu à peu épuisée et que je me suis retrouvée devant mon téléphone brun astiqué par mes soins, sans la moindre réclamation à me coller sur l'oreille.

Comme je suis une brave fille et que j'ai été formée à la dure, j'ai réclamé l'impensable : du travail.

Mal m'en a pris de faire du zèle. J'ai bouclé ma semaine écartelée entre les archives dans lesquelles personne n'avait eu le courage de mettre le nez depuis 2001 et le standard déserté par sa locataire. L'occasion ultime de se fâcher définitivement avec le concept hautement fashion "Travailler plus pour gagner plus" et filer à l'anglaise dès mes sept heures réglementaires achevées.

L'objectif étant de parvenir à traverser le désert en jouant l'invincible afin de faire la nique aux boules-de-gomme-qui-font-voir-la-vie-en-rose-fuschia-prescrites-par-mon-toubib-bien-aimé. Après tout, le calendrier sur lequel je m'échinais à barrer soigneusement les jours était là pour attester qu'il ne m'en restait plus que neuf à tirer.

Dans cette ambiance morne, heureusement éclairée par un mail de ma copine Sarah, fonctionnaire territoriale de son état,  me conseillant ironiquement de lire la fausse Zoé Shepard, il ne restait plus qu'une chose essentielle à sauvegarder : le sens de l'humour.

Autant vous dire qu'il a fallu que je m'accroche.

Par bonheur, jeudi, je me suis retrouvée consignée à la maison pour cause d'école fermée, le coût d'une garde organisée au débotté dépassant largement mon salaire journalier et ma présence n'étant visiblement pas indispensable là où j'officie. Evitant donc de me mettre la rate au court-bouillon, j'ai tranquillement repassé mon tas de linge en écoutant Marlène Jobert raconter La Belle et la Bête à une Miss Cocotine subjuguée.

Au moment où la Bête s'est transformée en Prince et qu'a retenti le fallacieux ils-vécurent-heureux-dans-leur-royaume-pendant-de-très-très-longues-années, j'ai failli lui hurler que dans la vraie vie, la bonté, la compassion, la loyauté, l'abnégation, le courage n'étaient pas du tout des valeurs en vogue et qu'on avait beaucoup plus de risques de se traîner pléthore de monstres hideux jusqu'à la fin de ses jours plutôt que de voir surgir des farandoles de galants aux yeux doux.

Mais j'ai eu trop peur de finir en statue.

La mine penaude, j'ai discrètement noyé mes aigreurs dans la vapeur en me disant qu'avec un peu de chance, son ange-gardien serait moins flemmard que le mien.

Bonne semaine à tous !

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Commentaires
M
Non heureusement que lorsque je pense à toi il y a de nombreuses jolies choses qui me viennent à l'esprit, mais je ne pensais pas que ce sujet pouvait autant faire parler à 7 H pétante dans une salle de repos un dimanche matin et du coup je m'suis dis que tu devais avoir un boulot monstre !
L
pas la grande forme à ce que je lis. Bon, j'espère de tout coeur que tu vas trouver un poste qui te plaît, je sais que la fonction publique territoriale n'est pas un monde simple mais il y a tout de même des postes, il faut garder espoir. <br /> Courage.
C
cc, ben tu penses !<br /> Peau d'Anne, ce que tu appelles "la bonne disposition de mon entourage" doit perdurer dans le temps... mais honnêtement, je n'ai pas à me plaindre. Faut bien trouver un sujet de rigolade et les petits arrangements avec l'homme, c'en est un de choix. Après tout, qui aime bien châtie bien.<br /> Ovar, y'a pas de fumée sans feu... <br /> Madame Lucienne, si tes réflexes pavloviens t'amène à m'associer aux poubelles, alors là...<br /> Bonne journée à toutes et merci pour vos com'.
M
Tiens une pensée pour toi hier en salle de repos au boulot: les poubelles étaient à l'honneur ! Bonne semaine et à très bientôt.
O
et voilà comment mythe persiste!<br /> ♥
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