This is the end
Vous vous souvenez du jeudi 1er octobre ? Moi, je m'en souviens. Un joli cadeau d'anniversaire.
Malgré cet ultimatum que je me suis imposé ensuite, les jours ont passé. L'homme a décrété : "Ca suffit. On arrête tout." Moi, j'ai acquiescé et j'ai essayé d'encaisser.
Et puis un jour de novembre, je me suis réveillée brutalement. Ce n'était pas possible. Je n'allais pas faire ma loque et baisser les bras comme ça. J'ai couru à la mairie faire tamponner ma petite lettre et j'ai interrogé ma traductrice assermentée et Action Visas. Une fois les informations obtenues, j'ai additionné les montants exigés et j'ai posé le dossier sur un coin du bureau.
Le soufflé est retombé. Et les jours ont à nouveau défilé.
Quinze ans d'attente pour essayer d'avoir deux enfants. Et combien d'années à patienter encore ? Un an et demi, deux ans ? Plus ?
Sans aucune certitude que ça aboutisse. L'adoption en Chine, aujourd'hui, c'est devenu une sorte de calvaire. Une fois l'attestation reçue, notre dossier pourrait autant être refusé. Comme ça. Pour rien. Quand on reçoit des centaines de demandes par mois, on devient forcément de plus en plus sélectif et soucieux de trouver la famille parfaite. Qui sait si aux yeux de nos juges nous serions à la hauteur ?
Il m'a fallu quatre mois pour digérer l'affaire et rédiger un mail à l'AFA. Il est parti ce soir. Cette fois, le dossier est classé.
Trop d'incertitudes. Trop d'exigences. Trop de fatigue.
Subir, courber l'échine et tout accepter. Que des gens à l'autre bout du monde décident de notre vie sans qu'on puisse dire un mot. Des années de silence, des informations divulguées au compte-gouttes sans qu'on soit jamais surs de leur véracité et de leur pérennité. Supporter tout.
Et pourtant, se résigner et abandonner, au bout de quatre ans, c'est pire que frustrant. Réaliser que jamais plus, on n'aura d'autre chance, et que rêver d'avoir plusieurs enfants, c'est fini pour toujours.
Se recroqueviller et panser ses blessures. Se dire qu'au moins, notre malheur fera le bonheur d'une autre famille et qu'une deuxième adoption ratée, c'est moins douloureux qu'une première.
Relever la tête et songer à d'autres projets.
Et veiller sur Miss Cocotine comme sur le trésor de Toutankhamon.