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Le petit monde de Cocotine
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17 janvier 2011

Jeudi rose

J'ai abordé cette 2ème semaine de l'an 2011 en traînant du pied et persuadée que seul Gordon Ramsay pourrait éclaircir mon paysage en déboulant dans ma vie pour me coacher.

En même temps, mieux valait se rendre à l'évidence. Je n'avais aucun restaurant à redresser.

Alors j'ai continué a errer entre deux candidatures au sort plus que certain, tout en prévoyant de me venger sauvagement sur les soldes de Beaulieu.

Et puis, mardi soir, s'est soudain présentée cette occasion inestimable de comprendre enfin le marasme dans lequel les français sont plongés depuis des années déjà.

A ne surtout pas louper.

Animé par un Arditi* doublement heureux d'en demander plus, plus, un petit peu plus à son argent, Fric, krach et gueule de bois, concocté par le service public, avait la noble ambition de décortiquer les phénomènes qui ont mené ce monde débile à la débâcle que l'on sait.

Le roman n'était pas mal construit et m'a permis de voir défiler presque toute ma vie, l'acte I démarrant pendant les Trente Glorieuses, période faste et heureuse au milieu de laquelle mes parents m'ont forcée à pointer mon nez plissé en ce bas monde. Mais clôturer cette histoire rocambolesque en nous expliquant que l'une des solutions pour sauver les humains, c'est le micro-crédit alors que les drames engendrés par ce système en Inde viennent juste d'être dénoncés, j'ai trouvé que ça ne manquait vraiment pas de sel.

Tous les neurones en éveil, j'ai même poussé le vice jusqu'à avaler le débat qui a suivi. Il faut dire que le spectacle était bien ficelé. Un type de droite jeté dans l'arène face à quatre hommes de gauche, ça promettait de la friction. Et donc de l'audience.

Car inviter le téléspectateur à un ultime combat de catch gauche-droite avec des doux, sensibles et perdus d'un côté et un dur, froid et cynique de l'autre, n'est-ce-pas finalement plus caricatural que fructueux ?

Le tout ponctué par une magnifique tirade d'Arditi* qui aurait flanqué la larme à l'oeil à Lisbeth Salander.

Au générique, j'étais totalement ravagée par la cruauté de ce monde.

Les yeux embués et l'estomac brouillé, je suis montée me coucher en pensant que la nuit me porterait conseil et m'aiderait à trier le bon grain de l'ivraie.

Mercredi matin, ma vision était revenue et trois grammes de sagesse avec. A toujours opposer capitalisme et social sur des rings plus ou moins violents, on laissait la porte grande ouverte à un possible bis repetita. 2002-2012, la fille bat son propre père, je voyais d'ici la presse se déchaîner en titres plus alléchants les uns que les autres.

J'en étais là dans mes réflexions quand jeudi matin, alors que je me brossais consciencieusement les molaires supérieures, la gardienne de l'EFI (Economie-Finances-Industrie) annonça sur les ondes que le taux de mon livret A allait glorieusement exploser de 1,75 à 2 %.  Submergée par l'émotion, j'ai vu là une chance insensée de me refaire.

Toute à ma joie, je passai donc la journée dans un état extatique et le soir venant, je m'installai tranquillement devant Guilaine et Françoise avec ma tablette de chocolat sans me douter que ma vie allait prendre encore une autre dimension suite aux révélations de ce reportage :

Les hochets de la République**

Honnêtement, je m'étais jusqu'alors peu préoccupée de savoir comment la Légion d'honneur était distribuée en France. A mes yeux, un monde très éloigné du mien, celui des supposés grands de ce pays et accessoirement des petits arrangements entre amis.

Au troisième carré, j'ai failli m'étouffer en apprenant entre autres que mon-PDPA-bien-aimé en accordait bien plus que de raison, que des internats d'excellence dotés de moyens confortables existaient pour la descendance des décorés et que certains condamnés par la justice gardaient leur récompense tout de même bien accrochée.

La définition de l'adjectif méritant semblait donc bigrement fluctuer, même si ces dérives ne concernaient forcément qu'une partie des 95000 élus.

Finalement, mon tout petit ciel s'est éclairci lorsque j'ai appris qu'au milieu des avantages que ce privilège entraîne, il en est un non négligeable. Le titre de chevalier permet de vieillir tranquille dans un joli château de Saint-Germain-en-Laye, à l'abri de toute décrépitude. Ca a franchement plus de gueule que de moisir dans une maison de retraite douteuse postée en plein double-four.

Ca m'a donné une idée.

Puisque la Légion d'honneur est de nos jours attribuée à tire-larigot, pourquoi ne la demanderais-je pas, moi aussi ? Une façon comme une autre de m'assurer une retraite dorée et de me libérer ainsi de mes multiples angoisses de chômeuse-de-longue-durée-en-quête-du-job-de-la-deuxième-moitié-de-sa-vie.

Même pas la peine que je prouve que j'étais brillante et utile pour mon pays. Il suffisait que je passe un petit coup de fil à l'un de nos anciens ministres.

Somme doute, un vrai jeudi rose.

Bonne semaine à tous !

* que par ailleurs j'adore

** un clic sur le lien et vous verrez le reportage

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Commentaires
M
on dirait une chronique de Nicolas Bedos !!!
C
Ameva, merci... Pas pressée de vieillir encore, moi... Bonne journée !
A
psss on est en 2011 !! <br /> c dire dans quel état ça te mets tout ça :(:(
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