Ca faisait un bail que cette histoire de glamping m'intriguait. Pour ceux qui vivent sur une autre planète, le glamping, c'est le mariage entre glamour et camping.
Un phénomène paraît-il hyper tendance qui jusque-là, ne m'avait inspiré que cette question : Comment peut-on accepter de débourser jusqu'à 180€ la nuit en pleine saison sous prétexte qu'un tipi, c'est diablement plus glamour qu'une bonne vieille canadienne ? Je devais être bornée, je ne voyais pas.
C'était pourtant simple. Pour faire fantasmer le citadin en mal de verdure, il suffisait de prendre une tente qui ait de la gueule, d'y mettre quelques couchages bon marché, une kitchenette avec un deux feux relié à du Butane, un évier Ikéa et un mini frigo, d'agrémenter le tout d'un coin lavabo-douche-sanibroyeur, et le résultat, c'était ce qu'on pouvait se hasarder à appeler une glamtent.
C'est en furetant sur un site anglais répondant au doux nom de Jollydays que j'ai capté tous les bienfaits que pourrait sans aucun doute m'apporter ce nouveau style de camping. Et vous imaginez bien que les petites guirlandes de fanions accrochées par ci par là ne pouvaient que me faire trépigner d'envie.
Peu après, j'ai découvert Les Ormes dans le Périgord et en fouillant encore un peu, j'ai déniché du glamping à la ferme Un lit au pré. En deux temps trois mouvements, j'avais dégoté une vidéo de Sept à Huit qui expliquait tout sur le phénomène et comme je suis un petit être faible, le concept m'a tout bonnement ensorcelée.
Du glamping, c'était clair,
désormais, je voulais faire du glamping.
Le glamping, c'était surtout à mes yeux, l'assurance de ne pas trouver les poils de tout le camping dans mon bac à douche et de ne pas traverser la moitié du terrain à 3h12 en culotte-tee-shirt pour aller faire mon petit pipi de nuit avec mon sacro saint rouleau de PQ sous le bras.
Emballée par ces découvertes extravagantes, j'en touchai deux mots à mon Léon qui analysant vite la situation, me balança un glacial attends-payer-ce-prix-là-pour-dormir-dehors-je-préfère-aller-chez-Flore. Vu comme ça, je ne pouvais que remballer mon audacieux projet.
Après tout, mon Léon avait raison. Et puis, le camping, on avait donné. De pays chauds en régions froides, la mini tente à arceaux achetée pour rien à La Redoute avait fini par rendre l'âme et nous avec. Avec le temps, patienter 20 minutes pour que l'eau frémisse sur le Camping gaz ou gonfler son matelas pneumatique rapiécé 3 fois par nuit, ça avait bigrement perdu de son charme.
Mon Léon et moi, on s'était comme-qui-dirait embourgeoisé et mon dos, lui, complètement déglingué.
Malgré tout, je suis revenue à la charge. L'air de rien, j'ai chassé la promotion et à la dernière minute, j'ai réservé trois nuits au Camping des Moulins à Noirmoutier en me disant que la Vendée, c'était peut-être au sud du double four mais pas assez pour parier sur 32° un 1er mai et qu'il valait mieux jouer la prudence.
Et j'ai bien fait.
Car ma première nuit sous la glamtent Fleur de sel n'en a pas manqué, justement. Alors que je tentais péniblement de m'endormir sur un matelas de piètre qualité, il a commencé à pleuvoir doucement puis à seaux, transformant petit à petit les lieux en une espèce de maison hantée, humide et glacée. Là-dessus, la marée a monté, mettant définitvement fin à mes rêves de sommeil profond.
A chaque ressac, je me demandai si une vague géante n'allait pas engloutir l'île, obligeant les pompiers et les journalistes de Ouest France à se réveiller plus tôt qu'ils ne l'auraient espéré pour un 1er mai.
Inconscient du drame qui se tramait, mon Léon ronflait joyeusement, engoncé dans son sarcophage. Je le regardai tendrement en me disant que dans cet accoutrement, lui au moins, était fin prêt à passer l'arme à gauche. De mon côté, je commençai à me demander si j'avais bien fait de nier toute religion quand dans ce brouhaha, j'entendis soudain des pleurs. Manifestement, Miss Cocotine était, elle aussi, au bord du gouffre et murmurait : "Maman, j'ai peur !". N'entendant que mon courage, je me précipitai dans sa chambre pour la réconforter et de fait, décidai de laisser mon Léon seul face à son horrible destin.
Serrée contre Miss Cocotine et ma bouillotte régulièrement chauffée au micro-ondes (l'avantage du glamping !), je réussis enfin à m'assoupir quelques heures.
Au petit matin, la Cocotine's family se réveilla la bouche pâteuse et l'oeil vitreux. Entre deux bouchées de gâche, Mon Léon, dans un élan narquois, me crédita d'un :
Eh, ton glamping, c'est quand même du camping.
Certes, mais l'environnement est joli, la plage magnifique, la piscine extraordinaire et flaner en bicyclette à Noirmoutier, ça vaut bien trois nuits épiques sur un matelas de bois. Enfin, hors saison, car, comme dit Léon, je ne mettrais pas 100€ dans une nuit de glamtent. Faut quand même pas pousser Mémé dans les orties.