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Le petit monde de Cocotine
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20 mars 2010

Chronique d'un samedi ordinaire

8h03. Miss Cocotine se met chantonner, histoire de montrer qu'elle pète le feu. Pas moyen de faire la grasse mat' dans cette baraque. De toutes façons, l'homme a encore mal tiré le store du Vélux et les 2 cm et demi de jour m'ont déjà dérangée vers 7h10. Après tout, je ne suis pas là pour paresser. Dans quatre jours, je fais mon show à la Beaujoire, entourée de mes 999 potes de concours. J'ai encore quelques dizaines d'exercices blancs à avaler joyeusement. Pleine de bonne volonté, je décanille pour ingurgiter thé des Amants et Carré frais.

A l'exposé du programme de l'homme, je m'aperçois vite que tout ne va pas être aussi simple que je l'imagine. D'abord, l'air de rien, il essaie de me coller sa mission de la matinée sur le dos. Je serre les dents et lui tiens tête. Pas question de faire le taxi pour la danse de Miss Cocotine. J'ai assuré tous les trajets d'école de la semaine. C'est à son tour de prendre le relais. Sur ce, et parce que j'ai décidé qu'il était vital de m'affirmer un minimum, je saisis ma besace, mes clés, et avec un grand sourire, je souhaite une bonne matinée à la compagnie. Faut dire que j'ai un objectif de la plus haute importance : remettre ma vieille montre en marche pour avoir l'heure sous les yeux mardi prochain. Cinq ans qu'elle est au rencart, n'avoir cure des aiguilles étant l'ultime privilège du chômeur en fin de droit depuis perpète.

Accessoirement, je vais pouvoir démontrer à l'homme qu'on n'a pas besoin de claquer une somme indécente pour acheter ce genre d'accessoires somme toute très superficiel. Une heure et demie plus tard, fière comme un paon, je lui colle l'addition sous le nez. Une pile et un bracelet simplissime en cuir de-taureau-qu'elle-a-dit-la-vendeuse, 34 €. Il ne pipe pas et continue de ranger les sacs Picard que je lui ai jetés dans les bras.

Clairement, faudrait que je me plonge illico dans mes exercices mais la gourmandise me pousse à oublier mes bonnes résolutions de femme-qui-se-veut-libre et je déclare ouverte la séance popote. Ce midi, ce sera hachis parmentier. C'est le moment de démontrer que je suis une maîtresse femme et de brandir ma liste d'injonctions. Les yeux dans les yeux, je défie l'homme : Toi-tu-vas-m'aider. Il obtempère, épluche les pommes de terre et les fait trempouiller dans la Cocotte-Minute.

Tout-roule-ma-poule quand tout-à-coup, le portable sonne. Londres implore ses conseils. Me voilà soudain seule aux fourneaux, mon chapelet de consignes vengeresses pendouillant sur mon tablier rayé pur British. Quand la communication se termine enfin, le plat est déjà au four. L'homme n'a pas pu m'aider. Il aurait bien voulu pourtant. C'est ballot. Heureusement que Miss Cocotine est passée par là et qu'elle a découpé tout le Comté avec son petit couteau à beurre. Une vraie perle, cette petite.

Tout le monde s'extasie sur le fait-maison-qu'a-rien-à-voir-avec-l'indus-surgelé-quand-même et je fais gentiment remarquer que quand c'est le père Picard qui fournit, j'appuie juste sur le bouton du micro-ondes avant de m'étaler dans mon tas de plumes, un verre de Muscadet frais à la main, alors que là, je suis restée scotchée cinquante minutes dans la kitchen à user mes Crocs. N'en déplaise à Coffe et à Lignac.

Le déjeuner achevé, l'homme disparait. Il a à faire. Qu'il fasse. Je vais enfin pouvoir penser à mon concours. Vœu pieux. Miss Cocotine est attendue à un anniversaire. Paquet cadeau et dessin de planètes-navettes-étoiles sous le bras, je tourne dans le bled à la recherche du lieu insolite où le petit Romain l'a invitée à monter dans son vaisseau spatial et la lâche pour une virée inter-galactique tout en espérant qu'elle ne restera pas coincée en orbite quelque part.

Enfin seule. Une tasse de thé-vert-rien-de-tel-pour-la-santé et malencontreusement, je passe devant le placard flambant neuf de la salle de bain. Il me tend les bras. Je tombe dedans et commence à y ranger méthodiquement tout ce qui traîne lamentablement dans la chambre depuis novembre. Au moment où j'entreprends de vérifier la date de péremption des médicaments, la sonnette retentit. C'est l'homme qui déboule avec un copain dévoué et un magnifique lave-vaisselle filmé. Moi qui essaie d'être écolo et qui me vante de ne plus consommer. Pas honnête, la fille. Le souci, c'est que je vis avec un acheteur quasi compulsif. A quoi bon discuter ? Après tout, la vieille machine avait treize ans bien sonnés et l'homme m'a fait miroiter que la consommation d'eau serait moindre. Des semaines qu'il alterne études de prix et négociations acharnées. Un suppôt de 60 millions de consommateurs.

Le temps d'un café et je me retrouve à nouveau seule mais à la tête de la pendule, je comprends vite que ce n'est pas le moment de me noyer dans les analyses grammaticales. Miss Cocotine a dû atterrir. Effectivement. Je la repêche à moitié dézinguée, baragouinant "Staar warze" à tout bout de champ, blindée de fraises Tagada et de Carambars, mon angoisse absolue. Il est grand temps que le petit robot rentre au bercail tâter du haricot vert.

Une douche pour la remettre dans les rails terrestres et me revoilà le torchon à la main. Faut dire qu'hier, à 20h40, j'ai fait la maligne avec ma pâte à pizza. Ce soir, elle a triplé de volume et faut réussir à faire de ce saladier improbable deux Margarita croustillantes. C'est là que tout le talent de l'homme est le bienvenu. Triturer cette pâte toute collante pour en faire un rond, ce n'est pas trop ma tasse de thé. Chacun ses compétences. Un petit rat de bureau dont les feuilles Excel frôlent la perfection a rarement la dextérité d'un pizzaïolo.

La petite famille gavée de gourmandises italiennes, il est temps de mettre Dark Vador au lit. L'homme s'approprie l'écran plat sans état d'âme, pour cause de match-impossible-à-rater-tu-te-rends-pas-compte-l'Angleterre-contre-la-France. Non, effectivement, je ne me rends pas compte. Pire, je m'en tape le coquillard.

Une chose est sure. Je vais enfin faire ce que je veux faire depuis que j'ai ouvert l'oeil : manger du concours blanc.

Studieuse et déterminée, je m'attable face aux formules d'aires et de volumes. Mais la fatigue m'embrouille le cerveau et le Samsung commence à me faire de l'oeil. D'un blog à l'autre, je finis sur le mien pour y raconter mes mésaventures d'un samedi très ordinaire.

C'est juré, demain, je planche toute la journée.

DSC_0555

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Commentaires
F
J-pas beaucoup...?
C
Ce qui me réconforte, c'est qu'en vous lisant, je vois bien que je ne suis pas la seule à souffrir atrocement du comportement d'un homme...
P
Toi aussi tu as eu droit à ce fameux match à ne surtout-pas-manquer ?<br /> Ben, nous samedi c'était de nouveau sortie chez le roi-pinpin (chouette !)... travaux en perspective aussi !
S
Bon courage pour les révisions ! Rien que de lire : aires, volumes et périmètres, je déprime...<br /> Pour ce qui est de la montre, depuis que j'ai une automatique et je n'ai plus besoin d'acheter ces satanées piles. Si c'est pas mignon de se dire que ce sont mes mouvements qui la font fonctionner ;-)
C
Je suis fan de tes baratins! bon courage alors pour ton "planchage" de ce Dimanche bien gris... Bises
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