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Le petit monde de Cocotine
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20 août 2010

Chronique d'un début de journée de vacances ordinaire

Vamos, Crète, lundi 26 juillet 2010, 9h14. Programme du jour : excursion à Réthymnon.

Tout le monde s'installe tranquillement dans la Clio. A ce moment précis, tu es encore détendue. Ca ne va pas durer.

L'homme met le contact. Ton cerveau se bloque immédiatement sur le mode qui-vive et tu adoptes cette position si seyante fesses-serrées-lèvres-pincées.

Il en va ainsi depuis que tu as mis les roues sur le sol crétois. Ici, tailler la route est un exercice à hauts risques.

Ton amour aveugle de la feta avait quelque peu gommé les souvenirs croustillants de ta-vie-chez-les-grecs-il-y-a-13-ans et plus particulièrement de leur façon de se comporter au volant. Quelques kilomètres au sortir de l'aéroport ont suffi à te faire capter que rien n'avait changé.

La route principale qui traverse l'île d'est en ouest est une sorte de parc d'attractions où chacun fait exactement ce qui lui plaît, poussant le touriste novice et donc infiniment angoissé à se coller prudemment sur le bas côté, sans jamais dépasser les 60 à l'heure.

Le grand classique, c'est de créer une quatre voies quand il n'en existe que deux, la bande d'arrêt d'urgence accueillant les véhicules taxés de lents. Le souci, c'est que la largeur de cette fameuse langue de bitume oscille entre les 90 centimètres et les 3 mètres et il n'est donc pas rare de se faire raser la portière droite par quelque malotru assoiffé de vitesse, qui plus est en plein virage.

Car ici, les voitures qui doublent mordent sans complexe la ligne continue et trop souvent sans se préoccuper le moins du monde de la visibilité. Ainsi va ce ballet incessant de véhicules qui se croisent, se frôlent et s'évitent. Vu du ciel, le spectacle ne doit pas manquer de sel.

En ville, les feux rouges dérangent certains conducteurs qui sur un coup de sang inexplicable, sont capables de déboiter violemment pour doubler quatre véhicules à l'arrêt et griller le feu dans la foulée.

Les deux roues ne portent jamais de casque, doublent à droite ou à gauche et de nombreux adultes embarquent de tout petits enfants à l'avant ou à l'arrière, sans aucune protection.

Quand on emprunte une rue, on peut avoir la mauvaise surprise de tomber sur un véhicule qui sort de stationnement brusquement et sans prévenir. Aucune priorité n'a cours apparemment et les conducteurs préfèrent forcer le passage à chaque croisement.

Se garer est chose simple. Pas question de tourner des heures pour trouver une place autorisée. Il suffit de s'arrêter, parfois en plein milieu de la chaussée et de mettre ses warnings, un petit jouet amusant dont tout le monde use et abuse.

Vu de ta fenêtre, c'est l'anarchie totale et rien ne te chauffe plus les nerfs que cette pratique du moi-d'abord.

Le breakfast au bord des lèvres, tu assommes l'homme de fais-attention et va-doucement du plus suave au plus menaçant. Pour tes neurones si disciplinés qu'on jurerait que du sang scandinave ou allemand s'est lié à celui de ton arrière-grand-mère vénitienne, c'est pure folie et manque total de respect des autres.

L'homme, par contre, est très décontracté. D'ailleurs il ne lui a pas fallu deux jours pour faire sienne la pratique du dépassement de touristes peureux, tout en se vantant haut et fort de sa conduite parfois hasardeuse : "Mais je les connais, moi, les grecs !" Tout bronzé, le bras pendouillant sur la portière, la Crocs énergique, il se faufile gentiment tout en mimant bruyamment le clone grec de Frédéric François qui vomit du sirupeux sur les ondes.

Exaspérée, tu le regardes du coin de l'oeil en te disant que seule une étude minutieuse de son arbre généalogique pourrait expliquer comment un mélange Finistère Nord-Sarthe peut générer des attitudes à ce point latines.

Y'a pas à tortiller. Tout ça te dépasse.

Alors tu t'enfonces dans ton fauteuil en râlant, sachant pertinemment que tu recommenceras à respirer normalement le jour où tu rendras les clés de la Clio au type d'Avis sans avoir eu ni à tenter de rédiger un constat avec un crétois ne parlant que sa langue au fin fond des montagnes pelées, ni à tester la qualité des foreign funeral services si bien vantés par les Pompes Funèbres de Vamos.

Tout ça serait très drôle si ce n'était pas si grave.

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Commentaires
C
Madame f, que veux-tu, j'adore craquer le bas de laine pour quitter la France et cuire à 39°. On ne se refait pas... Bonne journée !
M
c'est bien de voyager ! mais apparemment cela ne fait pas destresser !<br /> un petit camping dans un joli coin de France et de la marche en montagne c'est idéal contre le stress et pour les bas de laine vraiment raplaplats !
P
rien n'a changé alors ! <br /> en plus le match était inégal parce que ta voiture de location n'était pas protégée par les médailles pieuses et saint christophe accrochés au rétro !
C
Magali, c'est vrai que l'image ne correspond pas au texte mais que veux-tu, je ne suis pas un grand reporter ! Sur les petites routes, la vie est plus tranquille sauf quand un pick-up se pointe en plein virage au beau milieu de la route. Trop trouillarde pour sortir mon appareil à l'instant T... <br /> Nath76, l'avantage, c'est que quand tu débarques au Club Med, on te refile un cocktail réconfortant !<br /> Bonne soirée et merci pour vos com'.
N
Excellent !...c'est bien ça, cela me rappelle notre séjour en Grèce où notre chauffeur de car nous avait montré ses talents de l'aéroport au clubM... et de nuit en plus, je m'en souvient encore!
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