Le baratin du lundi 18 avril 2011
Toute bousculade mérite explications.
En venant vous raconter mes déboires pour retrouver un job malgré mes tares, je n'ai pas d'autre but que de retracer ce qui se passe vraiment sur le terrain, loin des manipulations d'un gouvernement ou des racontars de médias qui ne songent qu'à amasser de l'argent en vendant des balivernes. Néanmoins, je n'ai jamais prétendu détenir la vérité et mon expérience ne vaut que pour ce qu'elle est : une expérience.
Comme tout le monde, j'ai été façonnée par une histoire familiale, un parcours professionnel, des amours, quelques amitiés et ce que je suis aujourd'hui résultent des rencontres qui ont marqué ma vie.
J'ai appris à écouter les autres et je tente de les regarder sans les juger, ce qui n'est pas toujours évident mais qui est, à mes yeux, essentiel pour évoluer vers un respect d'autrui absolument indispensable à toute vie en communauté.
Pour autant, je pourrais enchaîner en vous chantant "A nos actes manqués" de Jean-Jacques Goldman. Autrement dit, je ne suis pas parfaite et malgré mes efforts, je suis certainement bourrée de paradoxes.
Si le passant vient chercher ici du lisse, du sans âme, du politiquement correct, il sera probablement déçu.
Je suis comme je suis.
Une chose est sure : celle ou celui qui n'est pas satisfait est libre de quitter les lieux sur le champ. Rien n'est plus inutile que de se faire du mal.
Contrairement à ce que certaines pensent, aucun job ne me paraît dégradant. Je parle juste du fait que le gouvernement a eu cette idée lumineuse, il y a déjà quelques années, de résoudre le problème du chômage et exigeant des personnes privées d'emploi qu'elles se reconvertissent dans les métiers en demande. Effectivement, sur le papier, ça peut paraître génial et on se demande même comment ceux qui se sont succédés au pouvoir depuis des décennies n'y avaient jamais songé.
En réalité, c'est une aberration parce que tout est beaucoup plus compliqué dans la vie réelle que dans un beau discours rempli de sornettes distillées en vue d'une campagne présidentielle.
Quand on sort d'un univers de bureaux et qu'on se trouve face à quelqu'un qui nous demande si la soudure, on y a déjà pensé, on croit cauchemarder. N'y voyez là aucun jugement de valeur. Les soudeurs et soudeuses ont toute ma sympathie et leur travail est bien aussi utile que les autres. Simplement, un changement de secteur aussi radical n'est pas toujours facile à envisager.
Ainsi, dans la liste des métiers en demande, on en trouve beaucoup qui sont très techniques comme chaudronnier, tourneur-fraiseur, enduiseur-façadier, chauffagiste, plombier, tailleur de pierre, technicien agricole, carreleur qui, pour une fille comme moi, qui a 47 ans, fait 54 kilos et a une carte de fidélité chez le kiné, paraissent assez inacessibles.
Pourtant, j'ai compris depuis plusieurs mois déjà, que, dans mon secteur, à savoir la gestion administrative et commerciale, export ou non, j'étais foutue. D'abord parce qu'ici, le bassin d'emploi est très industriel et que les sièges de grosses boites ne sont pas légion et d'autre part, parce que même s'il y a de temps à autre un poste épatant qui correspond exactement à ce que j'ai fait qui est à pourvoir, les employeurs ne miseront pas un kopeck sur quelqu'un de mon âge qui a arrêté de travailler pour suivre son mari et ensuite élevé sa fille.
Sans compter ceux qui sont des virtuoses du recours aux contrats aidés dans le but de débourser le moins possible, ce qui pénalisent les demandeurs d'emploi expérimentés.
C'est un constat, pas une supputation. Dans les boites d'intérim de Nantes, on m'a dit très clairement que quand les clients paient cher pour trouver le mouton à cinq pattes, les candidatures comme la mienne sont écartées d'office. De l'opérationnel, c'est ça qu'ils exigent. Et l'opérationnel, de leur point de vue, c'est ni plus ni moins des gens qui sont déjà en poste ou ceux qui viennent juste d'en quitter un.
Je parle ici des secteurs saturés comme le mien et bien évidemment pas des secteurs ou le rapport de forces est inversé et où les employeurs sont nettement moins exigeants, voire carrément aux abois. Quand on voit arriver sur son bureau 400 candidatures pour un poste, il n'y a plus aucune limite à choisir la couleur des yeux de son-candidat-idéal.
Pour avoir envoyé de multiples dossiers sans jamais avoir reçu aucune réponse, je peux rétorquer à ceux qui oseraient me dire que je suis négative ou que c'est dans mon esprit que les employeurs français embauchent entre 30 et 40 ans ou pire, que les femmes qui ont lâché leur poste pour rester à la maison un temps sont bien accueillies sur le marché du travail, que je suis saturée d'entendre des absurdités.
Le marché du travail est une jungle et il vaut mieux, de nos jours, avoir des relations haut placées pour s'en sortir.
Ce que je n'ai pas.
Je renvoie ceux qui passeraient par là et qui creveraient d'envie de me juger de lire d'abord ICI tout ce que j'ai raconté depuis le 12 septembre 2008 concernant ma recherche d'emploi sur Nantes, ville si souvent décrite par la presse comme idyllique.
Loin de moi l'idée de me faire plaindre mais plutôt de témoigner, ainsi que je l'ai dit au début de ce post.
Pour le coup, on pourra dire qu'aujourdh'ui, les 5 gouttes ne m'auront pas donné envie de faire la sieste mais plutôt de m'indigner.
Ma conclusion : Il est toujours beaucoup plus facile de sortir sa liste d'ifoyaka que d'écouter l'autre.