En cette semaine 38, inspirée par La môme poison, j'ai décidé de faire un break...
et de vivre comme une taï-taï.
Oublier la joyeuse troupe des Demorand-Toussaint-Adès-Dambert-Chabot-Joly-Chenu et m'enrober d'une insouciance écœurante. Me persuader que Pôle Emploi s'écrit Paul Employ, se prononce à la Jane Birkin et que c'est un joueur de polo argentin. Ignorer les Réseau-pro-Casto-Leroy et faire les yeux doux plus un chèque indécent à mon archi pour qu'il gère tous ces détails tellement ennuyeux de tuyauterie à ma place (peut-être même passer dans Question Maison ensuite...). Me concentrer sur un emploi du temps 100% frivolité et foncer sur Paris dans ma BM- décapotable-créatrice-de-joie, un foulard à la Grace Kelly au vent et ma boite à gants blindée de Tamiflu. En profiter pour m'offrir une parenthèse spa-zenitude-totale-huiles-essentielles-oui-mais-bio-c'est-divin-pour-ma-peau car la vie de FITI (Femme Inactive et Totalement Improductive) est parfois harassante. Laisser filer les journées tranquillement dans un épanouissement sans limite et vivre enfin une semaine épatante.
Seulement, voilà. Vendredi matin, il a fallu qu'un petit postier sans vergogne et sûrement syndiqué vienne tout gâcher.
Dans ma boite, une Marianne.
En un clin d'oeil, plus de FITI mais une FAF irritée et échevelée qui bondit sur sa Casio pour déterminer précisément le pourcentage d'augmentation de la taxe du bled et qui manque de s'étouffer en découvrant le résultat : 10,18 %. L'écume aux lèvres, il fallait poster dans la seconde ce mail-qui-soulage à l'homme : "Tu diras de ma part à ton boss qu'en échange de ton dévouement absolu et de ton talent extravagant, il t'offre plus de 30 € d'augmentation tous les 2 ans, histoire de payer le foncier."
L'instant d'après, je me suis demandée si j'allais sacrifier à cette "mode du suicide"*. Je voyais d'ici mon épitaphe : "Acculée, elle préféra se noyer dans le hype." Et puis comptant sur la grippe A pour me rayer de la carte sans violence, j'ai lâchement renoncé. A la place j'ai boudé 5 heures. Le désavantage, c'est que mon action est restée très isolée et qu'aucun média n'a daigné la relayer.
Le soir, discrètement, l'homme s'est éclipsé pour cocher trois cases et mettre ainsi son destin dans les mains de la Française des Jeux. 100 millions destinés à compenser notre perte sèche de pouvoir d'achat, ça méritait bien de broder verre contre verre avant de sombrer dans des rêves de sable blond et de mer émeraude. Une vraie bonne soirée de gueux.
Mais samedi matin, l'homme, la mine déconfite et noire de poils, est apparu dans l'escalier et a déclaré : "Bon, ben, les 100 millions, c'est pas pour moi." Là, l'emploi du pronom personnel m'a jeté un doute quant au partage qu'il avait l'intention de faire de cette coquette somme. Puis submergé par une vague d'optimisme, il a repris : "Faut que je vois avec mon buraliste. J'ai peut-être gagné des centimes."
Inutile de vous préciser que ma semaine s'est achevée sur une défaite cuisante.
Dans ma prochaine vie, je le jure, JE SERAI FITI.
Bonne semaine à tous !
*Attention. Pour ceux qui ne me connaissent pas bien ou ceux qui vivent sur Saturne, ce paragraphe est à prendre au xième degré, cette association consternante de mots n'étant pas de mon cru. Je laisse l'entière responsabilité de cette formule à M. Lombard, PDG de France Télécom.