Comment économiser 7 € ?
En n'achetant pas le Guide 2009 de Rebondir, Tout savoir pour trouver un emploi ou créer son activité !
Moi, je l'ai emprunté à la biblio ce matin et franchement, j'ai l'impression qu'ils rabâchent les mêmes trucs tous les ans et que je sais déjà tout. Un peu prétentieux, non ?
Oui, un peu prétentieux. Attention, ton principe fondamental étant de dire que plus on en sait et moins on en sait, tu devrais y refaire un tour.
OK. Alors, voyons les chapitres :
Le guide du bon CV
Mon CV est-il bon ? Euh... Aidée par les meilleurs consultants, l'ANPE, l'APEC, les amants et les copines, j'en suis à la 32ème version de mon CV depuis 1981. Mais attends, lis bien là, dans le guide, ils disent : "Bannissez les photos de vacances" ? C'est quoi, ça, cette petite photo de toi en bikini à Marrakech en haut à droite de ton CV ?
La lettre de motivation
Ma lettre de motivation est-elle bonne ? Euh... Ballotée entre ceux qui jurent que les employeurs ne la lisent pas et les autres qui sont persuadés qu'elle est capitale, j'en suis à ma 56ème version. Encore heureux qu'on soit à peu près sorti de l'époque glauque où il fallait l'écrire à la main pour qu'une graphologue à deux balles t'assassine en deux secondes parce que ton t était trop petit.
L'entretien d'embauche
Suis-je bonne en entretien ? Euh... En tout cas, j'ai de la pratique. Des dizaines d'entretiens que j'ai passés, en particulier dans les années 80 et 90 où tout était permis aux employeurs, y compris et surtout l'humiliation totale.
Mais est-ce que tu te connais bien au moins ? Parce que, dans le guide, ils disent que pour bien se vendre, il faut bien se connaître. Le scoop.
Euh... Est-ce-que je me connais bien ?
Alors...
J'ai fait un bilan de compétences à l'APEC et quand ma conseillère m'a envoyé voir une psychologue à Invalides, je me suis montrée très coopérative.
Dans un premier temps, elle m'a fait parler, puis écrire. Ensuite, elle a demandé à mes proches de lui remettre une sorte de portrait de moi. Puis, elle m'a collé devant des tests et là, pleine de bravoure, j'ai donné le meilleur de moi-même.
Quand deux semaines après, elle a ouvert la porte pour me donner ses conclusions, elle était quasi en transes :
- "Vos tests sont brillants. Vous vous rendez compte ? Vous dépassez de loin tous ceux des ingénieurs que j'ai rencontrés. Vous avez un QI très élevé."
- "Ah oui ? Et alors ?"
- "Le problème, c'est que vous êtes trop émotive et que vous ne savez pas utiliser l'outil."
L'outil, c'était mon cerveau, ça, je l'ai capté de suite.
- "Ah bon ? Alors qu'est-ce-que je fais ?"
Eh ben, patate, tu lis ton compte-rendu et tu t'encadres la conclusion :
" Il n'est pas question, à ce stade, de répondre à la demande concernant l'orientation professionnelle (dommage, j'étais venue pour ça...) car en peu de temps, avec une stabilisation et réassurance psychologique, il faudra des guides, c'est tout. Il faut que Mme D. se borne pour l'instant à l'écoute de conseillers spécialisés qui la guident sans projection."
Aujourd'hui, en y repensant, je me dis que sûrement, si j'avais su me servir de ma caboche, j'aurais fait psy-prestataire-de-l'ANPE-dans-le-7ème.
Pour clôturer ce bilan sensé m'aider, ma conseillère APEC m'a brillamment déclaré :
"Vous pouvez vous adapter à tout. Il vous faut juste choisir votre équipe."
Enorme.
Par la suite, j'ai supporté des ateliers CV à l'ANPE, aussi intelligents que les conseils de Rebondir.
Enorme.
Et puis, j'ai atteint le sommet en me laissant entraîner vers un Objectif Projet en Groupe, duquel, c'était évident, j'allais sortir transformée.
Et à propos de projection, la formatrice qui animait ce show et qui avait elle-même opéré une reconversion, n'a rien trouvé de mieux à dire qu'elle me verrait bien faire de la formation.
Enorme.
Bref, tout au long de ce parcours, j'ai bénéficié des experts les plus avisés pour apprendre à me décortiquer. La collectivité a dépensé quelques dizaines de deniers pour moi mais sortie de ces théatres divers et variés, je suis retombée dans la triste réalité d'un marché de l'emploi en plein marasme... où j'ai avancé cahin-caha sans rien choisir du tout.
Alors, si j'étais triviale, je vous dirais bien que mon QI, je m'en tamponne le coquillard...
Les tests de recrutement
Est-ce-que je connais les tests ? Euh... Du Rorschach au PAPI en passant par mon thème astro, j'ai presque tout subi. C'est pour ça que j'étais une vraie perle avec les candidats en sueur à qui je faisais passer les tests chez Mercuri Urval.
La formation continue
Me suis-je formée au moins ? Euh... Ben, oui alors !
Je me suis battue toute seule pour obtenir un congé-formation et retourner ainsi un an à l'IUT, histoire de pouvoir afficher un Bac + 2 et j'en suis pas peu fière.
Du GRETA à Réalisations Humaines, j'ai parfait mon anglais avant d'habiter quatre ans à Londres. Tout ça pour qu'à mon retour au pays, la délicieuse hôtesse de Manpower me gifle avec un : "Oui, l'anglais, c'est banal. Si vous parliez russe ou chinois, vous m'intéresseriez."
De la machine à écrire Rank Xerox, une révolution à l'époque, à Windows XP, j'ai tout assimilé et pour être au top, entre deux CDD, j'ai fait une formation Word-Excel-PageMaker-PowerPoint-sont-mes-amis-pour-la-vie.
Et enfin, pour sortir de l'impasse-du-bassin-d'emploi-du-44, je viens de découvrir le vrai visage de l'AFPA (un clin d'oeil à mes copines de galère) en passant 3 mois à m'autoformer en gestion de la paie avant d'obtenir un diplôme tellement moche que je ne peux même pas me l'encadrer.
Ouais, j'avoue humblement, c'est vrai, j'ai toujours pas fait de formation soudure.
L'intérim
Et l'intérim, est-ce-que je connais ? Euh... Oui, un peu. Quand c'était la belle époque. On passait chez Kelly, Ecco, Plus Intérim et même au Secrétariat Volant. On était reçu, on était testé et on était appelé le lendemain pour bosser l'après-midi même à la Thomson, chez Servier, HDM, Promodès, Givaudan.
La fonction publique
Le secteur public ? Euh... Là, oui, je sèche. Jamais touché. Que dans le privé, j'ai circulé. Là où tu te fais licencié plus vite que ton ombre pour des raisons obscures.
La création d'entreprise
Et si je créais ma boite ? Euh... Ah, nous y voilà. Etre ton propre patron. Les médias raffolent des histoires réussies sans s'étaler sur les ratées. Ca fait toujours rêver le salarié moyen. Facile pour vendre du papier.
Moi aussi, j'y ai cru et puis, j'ai vu. Avec l'homme, on a parcouru la moitié de la France pour visiter des fonds de commerce et ce qu'on a découvert sur le terrain est très loin des images idylliques qu'on nous bombarde parfois.
Chambre de Métiers, APCE, commissaire priseur, notaire et autres avocats, on leur a tous serré la pogne et je suis une experte en achat de fonds de commerce en liquidation judiciaire.
Malgré toute notre prudence, la propriétaire des murs, une pure teigne, s'est avérée d'une telle malhonnêteté que le notaire nous a conseillé de ne pas signer le bail. Notre premier avocat s'est défilé, tout a capoté et notre super jolie pâtisserie est restée rideau baissé. A défaut, on s'est retrouvé au Tribunal de Lyon pour occupation des lieux sans titre ni droit.
Hilarant, la reprise d'entreprise.
L'homme, on peut le comprendre, n'a pas voulu réitérer et s'est barré commercial en purée de fruits. Je suis restée toute seule, sans bagnole, à 30 km de Lyon et plus que jamais au chômage.
Alors, après avoir rangé ma collection de candidatures sans réponses, j'ai fabriqué des guirlandes et puis, tout doucement, j'ai essayé de les vendre. Mais le commerce équitable, ça marche beaucoup mieux pour le café d'Amérique du sud que pour la déco made in France. Du coup, j'en ai ras-la-casquette et mon numéro de SIRET, je m'apprête à le rendre aux services qui me l'ont gentiment octroyé.
Le portage salarial
Et si je me faisais porter ? Euh... Ouais, encore faudrait-il que moi, je porte une vraie idée.
La franchise
Et la franchise ? Euh... Je zappe. Pas envie. Afflelou et autres consorts, ils ont assez de fric, non ? Et surtout, moi, je n'en ai pas.
La vente directe
Etre VDI ? Euh... Ouais, ça me rappelle qu'au bout du bout du rouleau, je me suis tapé une réunion Stanhome et une Captain Tortue au fin fond du Rhône. Pas besoin d'être extra-lucide pour comprendre qu'il vaut mieux être dans le coin depuis un bail puisque l'histoire repose sur un réseau et qu'il est préférable d'avoir une voiture. Je n'avais ni l'un ni l'autre.
Voilà, j'ai tout lu et pas vu l'ombre d'un ressort.
Mais qu'est-ce-que tu vas devenir, pauvre nouille ?
Nous fais pas suer, relis Rebondir. T'as pas dû regarder entre les lignes.