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Le petit monde de Cocotine
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10 août 2010

La bonne blague

Mercredi 28 juillet 2010, 9h30. Heureux de cette semaine à Enagron et nageant dans une insouciance crasse, on plie bagages et on saute dans la Clio pour partir à l'ouest, direction Vamos, notre prochaine étape. L'homme déclare : "Faut que je prenne de l'essence. J'ai plus que 90 bornes." Une petite phrase qui me semble, sur le coup, bigrement anodine.

A Axos, curieusement, les deux pompes sont fermées. Bizarre, mais on n'y accorde pas plus d'importance que ça. Dans le village suivant, une banderole rouge et blanche barre l'accès à la station service. On commence à avoir la puce à l'oreille. Le temps de dénicher un type qui parle anglais et on apprend que les transporteurs font grève. Résultat : plus une goutte d'essence disponible en Crète.

Le mouvement a apparemment commencé deux jours auparavant. Personne ne nous a prévenu et comme on s'est volontairement déconnectés, la nouvelle nous tombe dessus comme une grosse pierre. Malgré tous les milliers de kilomètres parcourus à droite et à gauche, c'est une grande première.

Mesurant toute l'étendue du problème, je dégaine ma carte, vérifie minutieusement l'échelle et me plonge dans des calculs d'apothicaire pour étudier le nombre de kilomètres à parcourir.

A ce moment, la Clio, toute guillerette, se met à carillonner. L'aiguille de la jauge tombe dans le rouge et le décompte s'évanouit instantanément, laissant la place à trois charmants petits traits.

La tension monte.

L'homme s'accroche au volant, déclenche un plan de secours provenant sûrement d'un vieux Manuel des Castors Juniors et se lance dans des envolées en roues libres qui me font transpirer à grosses gouttes.

La bonne dizaine de pompes à essence désertiques qu'on croise ne nous laisse plus aucun espoir. Une sorte de fin du monde.

Passé Georgioupolis, Vamos, notre destination, n'est pas si loin mais je ne peux m'empêcher d'imaginer la voiture débordant de valises hoquetant et s'arrêtant net sur cette route improbable, nous laissant nous dessécher lentement sous un cagnard du diable, et ce jusqu'à la fin de cette foutue grève. Un coup à rentrer au pays les pieds devant dans un avion affrété spécialement par IMA.

Accrochée à ma carte, je constate soudain avec angoisse que les panneaux indiquent désormais La Chanée. Pas normal. Impossible qu'on ait pu rater le panneau indiquant Vamos. La gorge sèche, je panique. L'homme s'arrête illico sur le bas côté et entreprend de faire un demi-tour qui va nous sauver la vie. Le panneau suivant, tout en grec, indique bien la ville. Comme quoi, une bonne menace de panne d'essence et toute la bande des alpha, béta, oméga n'a plus de secrets pour personne.

Lentement mais sûrement, on déboule à Vamos, conscients de la chance incroyable qu'on a eue d'échapper à la panne sèche.

Deux jours après, finalement, le gouvernement grec oblige les transporteurs à réalimenter les pompes qui du coup, restent ouvertes une ou deux heures et pratiquent un rationnement : 20 € à chaque passage, c'est le régime de celles de Vamos, sachant qu'il faut faire la queue 45 minutes à chaque fois. Bon an mal an, l'homme s'en sort et moyennant trois tours patients, revient avec le réservoir rempli et le pompiste comme pote.

Quelle aventure !

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Commentaires
K
j'ai beaucoup ri à ce post!! surtout en imaginant la scène en roues libres :-D
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