La nuit porte conseil. A 4h42, les dés étaient jetés et Léon adopté à l'unanimité.
Seul bémol, il vaut mieux que j'évite d'en parler devant Miss Cocotine qui, à coup sûr, partira d'un : "Où qu'il est, Léon le Bourdon ?" qui me fera hausser le sourcil gauche, tant pour la méprise que pour la syntaxe.
Prudente, j'ai toutefois décidé de lui coller un pronom possessif. Avec toutes ces mangeuses d'hommes qui rodent sur le Net, fallait bien que j'assure mes arrières.
Mon Léon
Nul doute, ça lui va comme un gant et ça me détend. L'homme, c'était quand même un peu sec, mon Léon, c'est plus rond.
Cette Bri, une perle.
Je profite de ce baptême pour vous raconter ce je pourrais classer sous un nouveau tag intitulé "Les dernières de mon Léon" mais qui finira sans dénoter dans "Bidochon's life" et "Duels de vieux couple".
Ces derniers temps, Léon ne peut pas ouvrir la bouche sans commencer par un "Ma coach m'a dit que" qui en dit long sur sa soumission à l'entreprise et son désintérêt total pour mon burn out sanglant.
Il est en coaching management.
Tout s'explique.
Toute l'étrangeté de l'histoire réside dans le fait qu'il est subrepticement passé des exercices de groupe à un tête-à-tête avec la formatrice qui me paraît extrèmement décontracté.
Jugez vous-même.
Ils se tutoient.
Fallait creuser.
Hier soir, Léon bien calé dans le canapé du salon, moi en train d'étendre les caleçons :
Léon dans son trip : Ma coach m'a dit que...
Moi, un tantinet saoulée : Mais qu'est-ce-qu'elle t'a fait, celle-là ? Elle est belle ?
Léon ricanant bêtement : Non, même pas.
Moi, me rappelant soudain avec effroi que mon premier mari m'a remplacée par une fille qu'il décrivait volontiers comme pas terrible : Faut que je me méfie.
Et en mon for intérieur : Ma Bri me dirait que je fais encore ma victime... C'est pas jouable.
Léon changeant de sujet : Ma coach m'a dit que tu pouvais lui envoyer ton CV. Elle m'a dit "Sans réseau, c'est mort, ici." C'est bête, j'ai oublié sa carte sur mon bureau.
Moi recadrant la situation : Sans blague. Pas besoin d'elle pour arriver à une analyse aussi fine. T'avais qu'à me demander.
Léon revenant à ses moutons : Ma coach m'a dit que je m'ennuyais, que je devais partir.
Moi exténuée : T'as raison, je ne me retape pas encore un déménagement à pétaouchnoc.
Léon se la pétant : Ma coach m'a dit qu'ils ne m'utilisaient pas à plus que 50% de mes capacités.
Moi, capacité d'analyse 300% : Non mais c'est quoi, ces flatteries à deux balles ? Elle te drague ?
Léon faisant le beau : Ben, je me l'demande.
Moi revenant à plus concret : Ah bon, et qu'est-ce-qu'elle propose, ta coach rien qu'à toi ?
Léon rêvant d'un destin plus excitant : Ben, y'a des postes similaires mais où y'a plus de recherche...
Moi perplexe : Plus de recherche, what do you mean ?
Léon sur la pointe des pieds : Les types, ils voyagent, ils sont toujours à droite, à gauche, pour trouver des idées...
Moi terrassée par son culot : Ah c'est ça, les 50% manquants ? Partir lécher les vitrines à New York, Londres, Tokyo ou Hong Kong pendant que la MAF, elle surveille ta progéniture ? C'est clair, elle te drague.
Sèchée par la démonstration, j'ai fini par fermer les écoutilles. La pince à linge en plastique bleue est restée figée dans l'air et le pantalon de Léon, en suspension.
C'était limpide. Mon Léon, il s'en tapait le coquillard, de mon burnt out.
Bzzzzzzzzz... Léon le garçon...