En cette fin de semaine 51 de l'an 2009, je n'en peux plus. Je suis dans l'hémicycle de Pôle Emploi. Je crois qu'il va y avoir un drame avant la fin de mon mandat de demandeur d'emploi.
Maigre consolation, une boite d'intérim a trouvé ma candidature intéressante jeudi dernier. Perplexe devant tant de sollicitude, j'ai d'abord cru à un canular. Puis je me suis pliée aux cérémonies d'usage pour en arriver à me voir proposer un CDD à 9,56 € bruts de l'heure. Encore 20% de moins que ce que je gagnais il y a six ans. Je n'en finis plus de dégringoler. Au bout du rouleau, je me dis que ça faisait quand même 8,39 % 7,90 % de plus que le salaire minimum. Une affaire pour quelqu'un comme moi qui ne vaut plus un clou sur le marché du travail français ! Pour la Rolex à 50 ans, après tout, j'attendrai ma prochaine vie.
La seule chose qui me réconforte, c'est de me repasser notre jolie Carla en boucle : "Je suis contente pour les français qu'ils aient mon mari." Franchement, elle a raison. Notre PDPA, si on ne l'avait pas, on ne serait rien. Regardez, il les a prévenus, à Copenhague : "Il reste moins de vingt-quatre heures. Si on continue comme ça, c'est l'échec." Une crème, cet homme, je vous dis. Personnellement, après de Gaulle, Pompidou, Giscard, Mitterand et Chirac, pour moi, ce président-là et sa bande de joyeux lurons, c'est du bonheur en tranches. Il m'a littéralement réveillée, moi qui faisait partie de ces braves gueux moyens qui paient leurs impôts sans se rebiffer.
Mais, là, à trois jours de Noël, il est temps de calmer mon esprit, de me replier gentiment dans la chaumière et de savourer ma vie d'enfant gâtée du monde.
C'est la trêve des confiseurs !
Je laisse donc Johnny à Laetitia, Carla à Nicolas, Rachida à Zohra, et je me retire dans mon chalet de Gstaad...
Passez d'excellentes fêtes !
Soyez heureux, profitez du chapon farci, de Belle-Maman et des petits yeux qui brillent... Si vous avez tout ça en magasin, bien sûr... Pour ceux qui ont moins de chance, serrez les dents, branchez-vous sur TF1 et attendez que le temps passe. Garanti sur facture. Après, le 25, il y a toujours le 26. Inévitable et si réconfortant.
Mes parents m'amenaient voir les vitrines des Grands Magasins. "Chauds, chauds, les marrons !" et c'était parti pour un cornet à grignoter.
Avec Papa, on allait chercher le sapin place des Ternes, mon frère et moi, on se chamaillait pour le décorer, Maman cherchait de belles surprises pour tout le monde et le 25 décembre, l'oeil à peine ouvert, je courais coller mon nez sur la porte vitrée du salon. Ca sentait l'epicea à plein nez et quand la guirlande s'allumait et que j'apercevais tous les jolis paquets multicolores au pied de l'arbre, j'étais rassurée. Le Père Noël était bien passé !
Papa était gourmand, Maman cuisinait bien et toute la famille se réunissait autour d'une grande table truffée de douceurs pour une immense fête.
Quelques années plus tard, mes parents ont cessé de s'aimer et tous mes rêves de petite fille sont partis en fumée. Plus de Noël en famille. Jamais. Ca fait trente ans.
Evidemment, depuis que j'ai l'homme sous la main, je suis heureuse de partager ces petits moments de bonheur avec lui. Et puis Miss Cocotine est arrivée pour mettre du piment dans tout ça et chanter à tue-tête "Petit Papa Noël, quand tu descendras du ciel..."
Mais tout au fond de moi, il y a toujours cette petite fêlure qui me rappelle chaque année que le 24 décembre, je ne risque pas de voir mes parents sonner à ma porte les bras chargés de cadeaux.
Alors, en général, le 26, je suis soulagée.
Ne m'en veuillez pas. Je vais me servir un petit verre de Muscadet... On n'est que le 18...
3 septembre 2005, 18h05, Roissy-Charles-de-Gaulle.
L'homme et moi, le regard fixé sur l'écran.
Air France AF126. Beijing 18h55. On time. Boarding at 18h10.
Le vol de notre vie. Notre petite fille, notre premier bébé, nous attend à Changsha, province du Hunan. Après-demain, on l'aura dans les bras. Heureux et assez anxieux, on pénètre dans l'avion et on s'installe.
Des soupirs lancinants attirent notre attention. A gauche, derrière nous, assis au centre, un homme. Chinois apparemment. C'est lui qui gémit. Debout, deux gars l'encadrent. On trouve ça étrange mais sur le coup, on ne comprend pas. Au fur et à mesure que l'avion se remplit, le râle s'amplifie et l'atmosphère s'alourdit. Quelques personnes se retournent, la plupart s'enfoncent dans leur fauteuil.
On finit par capter. C'est une expulsion.
Les messages d'usage retentissent. Soudain les choses s'accélèrent. L'homme se met à hurler et se débat. Les deux policiers sortent leurs brassards et le maintiennent assis tout en maitrisant leurs gestes au maximum car autour, les yeux s'écarquillent.
Nous, on part chercher notre fille, d'autres sont en voyage d'affaires ou en vacances. L'ambiance devient insoutenable pour des gens ordinaires qui tout à coup, sont confrontés malgré eux aux forces de l'ordre et à la violence.
Prise de conscience forcée et brutale.
Ca se met à tourner dans ma tête. Mais c'est qui, ce type ? Qu'est-ce-qu'il a fait ? Pourquoi il est là ? Que va-t-il lui arriver à sa sortie de l'avion ? Mon sang se glace.
Brusquement, comme un polichinelle qui sort de sa boite, l'homme, à bout de nerfs, se lève et au milieu des passagers étonnés, s'adresse aux policiers et déclame : "Messieurs, faites quelque chose, ce n'est pas pas possible, c'est insupportable !"
Je me demande quelle mouche a bien pu le piquer, lui tire la manche et lui dis de s'asseoir. Il n'écoute pas. Un steward vient le calmer. Pour justifier cet éclat, je lui raconte bêtement ma vie : "Excusez-le. Il est sur les dents. On part chercher notre fille." L'homme se recale dans son fauteuil. Je lui remonte les bretelles en catimini et il finit par s'adoucir.
Heureusement. Comment on appelle ça déjà ? Entrave à... euh... entrave à décision de justice. C'est plutôt grave.
L'homme, derrière nous, gémit de plus belle. Les gens finissent par craquer. Une émeute fomente et quelques personnes se lèvent. L'une d'elles appelle les passagers à la révolte : "Levez-vous ! C'est inadmissible. Si on se lève tous, ils seront obligés de le débarquer."
Le commandant de bord quitte son cockpit et déboule s'expliquer avec les rebelles, leur intimant l'ordre de boucler leur ceinture. Il ne peut pas décoller tant que des passagers sont debout.
Personne n'obéit. L'avion reste cloué au sol.
Vingt minutes après, d'autres policiers débarquent dans l'avion et font descendre le passager expulsé. Mais ils ne s'arrêtent pas là et demandent au commandant de bord de désigner les fameux rebelles qui à l'instant même où ils s'apprêtaient à crier victoire, se voient sommés de quitter l'avion sur-le-champ. Leurs bagages sont eux aussi débarqués. Ils auront à expliquer leur prise de position à la police et se verront probablement poursuivis pour obstruction à décision de justice.
Tout le monde reste bouche bée.
Avec tout ça, ça fait une heure et demie qu'on est collés au tarmak. Ce départ manqué a engendré un problème technique et l'équipage nous informe qu'il faut également remettre du kérosène. Plongés dans une semie obscurité, on attend que le voyant lumineux défectueux soit réparé. D'ors et déjà, on sait que notre correspondance à Pékin est ratée.
A 22h, avec trois heures de retard, l'homme et moi, on décolle enfin pour la Chine. On a eu chaud. Si l'homme en avait rajouté une couche, c'est nous qui serions restés scotchés au poste de police de Roissy...
J'ai eu maintes fois l'occasion de repenser à cet épisode épique et triste qui m'a beaucoup marquée par sa violence.
Samedi soir encore, je me suis à nouveau interrogée sur le sort réservé à tous ces gens qui cherchent juste une vie meilleure. Rien n'est simple bien sûr et je n'ai aucune solution à proposer. Je pense simplement que chaque cas est unique et que derrière des chiffres affichés par un gouvernement, il y a juste des histoires singulières et cruelles, pleines d'espoirs, tristes souvent et dramatiques parfois.
A la place de ces gens qui en sont juste à se demander comment ils vont sauver leur peau, que ferions-nous ?
Calais est loin de chez moi mais cette expérience et ce film m'ont permis d'alimenter ma réflexion sur ce sujet brulant.
Il me semble que mesurer ses propos évite de tomber dans l'indécence.
Vous vous souvenez de ça ? Eh bien, j'ai terminé hier soir. C'est une écharpe et je l'ai réalisée grâce à Madame Lorr & Cie que je remercie chaleureusement...
Le modèle est gentiment offert par Drops design que je remercie chaleureusement...
J'ai utilisé des aiguilles n°5 et un crochet n°6 pour le tour mais je n'ai personne à remercier pour ça...
Figurez-vous que j'ai éprouvé beaucoup de satisfaction à me remettre au tricot. Ben oui ! C'est ma grand-mère maternelle, une virtuose du genre, qui m'a appris et j'ai souvent pensé à elle en comptant mes mailles... Elle m'avait même donné plein d'aiguilles et de vieux livres bourrés de points complexes que j'ai fichus en l'air lors d'un déménagement dans les années 80-90 quand tricoter était devenu hyper ringard... Je m'en mords les doigts...
En tout cas, l'homme ne ricane plus bêtement... Il m'admire !
Je dresse ma table pour trois francs six sous. Une nappe blanche de ma grand-mère, du papier peint pour un brin de couleur, deux-trois fleurs d'hortensias, quelques branches de sapin, des pommes de pin, ma vieille vaisselle et l'argenterie dépareillée des grands-parents...
La première partie de cette 50ème semaine de l'an 2009 m'a laissée perplexe, le crâne bourré de mots à classer comme minaret, interdiction, musulmans, favorable, croyants, catholiques, diviser, sondage.
Et la faute à qui ? La faute aux suisses, qui habituellement nagent dans une neutralité rassurante et ne mouftent pas.
Alors il a fallu que je suive la tendance, que je m'engage corps et âme dans cette polémique essentielle, que je prenne position et tout ça a donné naissance à un débat houleux entre mes deux hémisphères.
Est-ce-que j'étais pour ou contre la construction d'un minaret dans le bled ? Bon sang de bois. Il fallait réagir et statuer de manière urgente.
Prudence étant mère de sureté, mieux valait ne pas bâcler l'histoire. Des heures de recherches, d'analyses pointues et de lectures attentives plus tard, j'en déduisais que compte-tenu des chiffres, y'avait pas péril en la demeure. Grosso modo, selon les sondages consultés, les catholiques représentent environ 64% de l'hexagone, les musulmans 3%, les protestants 2%, les bouddhistes 1,30%, les juifs 1%.
Et là, fins limiers comme vous êtes, vous me rappelez à l'ordre : "Eh, ça ne fait pas 100 % !"
Oui, car en France, peu ou prou, il existe aussi 28,7% de "sans religion", d'athées, d'agnostiques.
Peut-être pourrions-nous tous nous souvenir, y compris le gouvernement, que nous appartenons à une
République censée être laïque et que la question de la religion est
avant tout une affaire personnelle ?
En d'autres termes, pourrais-je allumer la radio sans entendre sans arrêt parler de religion, moi qui fais partie des presque 30% de très grands sceptiques ?
Est-il vraiment raisonnable de focaliser sur une hypothétique
construction de minarets alors que les principaux intéressés n'ont
apparemment rien demandé et qu'ils sont une minorité dans la population
: 3% ? Pourquoi ne pas les laisser tranquilles tout simplement ?
J'en étais là dans mes réflexions sur cette discussion épineuse quand, un sujet en écrasant lamentablement un autre, je me suis retrouvée propulsée dans un nouveau débat de fond : Faut-il ou pas se faire opérer à la clinique Monceau ?
Sur la question, je n'ai pas eu besoin de me pencher des heures car je suis vite arrivée à la conclusion que passer sur le billard dans le 17ème moyennant une fortune pour être obligée ensuite de courir chez Nouvelles Frontières acheter un billet d'avion pour Los Angelès et repasser en salle d'op' à 9057 km du bled tout en sommant mon avocat d'attaquer le chirurgien de Monceau, c'était trop d'émotions pour moi, et j'en ai déduit qu'en cas de pépin, le CHU en sous-effectifs de Nantes ferait bien l'affaire pour la brave gueuse de base que je suis.
Et puis après tout, l'anonymat le plus complet me semble enviable quand je vois à la manière dont l'hospitalisation de notre idole des jeunes est couverte par les médias. Mille milliards de mille sabords, et si on le laissait se refaire une santé en paix ?
Bref, tout ça ne va pas bouleverser ma toute petite vie de demandeur d'emploi... Par contre, par contre... Le dernier clip de l'UMP, ça, ça me met du baume au coeur, ça me booste, ça illumine mon quotidien !
Allez, tous ceux qui veulent changer le monde, avec moi, s'il-vous-plaît !
"CHANGER LE MONDE, tous ceux qui veulent changer le monde, venez marcher à mes côtés... Dans un chant de fraternité, j'entends la révolte qui gronde, ...une nouvelle société... CHANGER LE MONDE, tous ceux qui veulent changer le monde, venez marcher à mes côtés... Vivre d'amour et mourir d'espérance, à chaque jour l'avenir recommence, le temps est court, le parcours est immense... CHANGER LE MONDE, tous ceux qui veulent changer le monde, venez marcher à mes côtés..."
Et j'espère bien que cette superbe prose vous tournera toute la journée dans la tête... et que vous mettrez un point d'honneur à faire des heures sup' pour travailler la choré...
De petits cadeaux pour des copains qui viennent déjeuner avec nous demain...
Si ça vous plaît, rien de plus simple à faire. Du papier kraft, un vieux livre, de la ficelle et des étiquettes que je vous propose de copier au-dessous... Je les ai trouvées sur le Net il y a six mois (copie autorisée) et je les ai retravaillées pour Noël.