Encore un spectacle certes merveilleux, mais parsemé de mots alarmistes dont j'ai émergé en me disant :
"Oui, d'accord, j'ai à peu près capté le message... Mais je fais quoi, moi, maintenant, à part cauchemarder sur ce phoque qui se balade dans des eaux répugnantes et frémit d'une moustache dubitative devant un caddie noyé, quand, à la surface, au loin, on aperçoit un méli-mélo de cheminées et de tuyaux ?"
En bonne spectatrice submergée par l'émotion, j'ai regagné mes pénates, flanquée d'une Miss Cocotine toute mêlée : "Maman, c'est tout rouge dans la mer."
Là-dessus, celle-qui-me-dit-tout-sur-ce-monde-débile m'a annoncé tout de go que les pêcheurs français de thon rouge avaient 18 mois pour choisir leur stage AFPA et que je devais faire une croix sur les sushis.
Les sushis, tous les sushis ? Mais, non. Juste ceux au thon rouge. Ah bon. Mais le thon n'est certainement pas le seul poisson menacé par la pêche intensive, non ?
Alors admettons que j'oublie mon poissonnier qui n'aura qu'à rejoindre le pêcheur à Pôle Emploi et que je bannisse les escapades au resto japonais, quel impact ça aura vraiment sur les océans ?
Et là, sagement, j'ai décidé d'arrêter de réfléchir et de culpabiliser. Après tout, je mange un rectangle de colin deux fois par mois, je ne vois des sushis que quand je monte à Paris une fois l'an, et je ne fais jamais pipi dans la mer.
Puis surtout, j'ai remarqué ces noms au générique du film : Total, EDF, Liliane Bétancourt, Véolia.
Finalement, dans cette histoire comme dans bien d'autres, on peut toujours se poser la question :
Où sont vraiment les bons et les méchants ?
Alors soit on baigne dans la contemplation en se concentrant uniquement sur la beauté de ce monde - et pourquoi pas d'ailleurs, certains jours, ça rassure et ça détend -, soit on rentre dans le vif du sujet en s'engageant corps et âme.
Mais rester tiède n'est-il pas déconcertant ?
Et c'est là que, telle une sirène, je me défilerai d'un coup de queue argentée, vous laissant méditer sur la vie des poissons pierre, des méduses colorées et des groupes industriels surpuissants.