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Le petit monde de Cocotine
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2 mars 2010

Du bonheur à la pelle

6 ans demain

que Miss Cocotine est arrivée sur la planète Terre avec un destin un peu particulier, puisque 18 mois plus tard, on allait débouler dans sa vie en la terrorisant avec nos longs nez. C'est toujours ce qu'elle nous dit quand on parle de notre rencontre du 5 septembre 2005. Ca nous amuse beaucoup maintenant.

Ce matin, j'ai sorti ma collection de papiers peints et j'ai découpé, collé, noué pour faire briller ses yeux. Dans un vieux carton, j'ai tracé un coeur que j'ai accroché avec de la ficelle de lin. Je suis donc fin prête pour ce jour toujours un peu bizarre où je fête un évènement auquel je n'ai pas assisté et dont je n'ai pas le moindre détail. Et pourtant quel évènement ! Ma fille naissait !

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12 février 2010

This is the end

Vous vous souvenez du jeudi 1er octobre ? Moi, je m'en souviens. Un joli cadeau d'anniversaire.

Malgré cet ultimatum que je me suis imposé ensuite, les jours ont passé. L'homme a décrété : "Ca suffit. On arrête tout." Moi, j'ai acquiescé et j'ai essayé d'encaisser.

Et puis un jour de novembre, je me suis réveillée brutalement. Ce n'était pas possible. Je n'allais pas faire ma loque et baisser les bras comme ça. J'ai couru à la mairie faire tamponner ma petite lettre et j'ai interrogé ma traductrice assermentée et Action Visas. Une fois les informations obtenues, j'ai additionné les montants exigés et j'ai posé le dossier sur un coin du bureau.

Le soufflé est retombé. Et les jours ont à nouveau défilé.

Quinze ans d'attente pour essayer d'avoir deux enfants. Et combien d'années à patienter encore ? Un an et demi, deux ans ? Plus ?

Sans aucune certitude que ça aboutisse. L'adoption en Chine, aujourd'hui, c'est devenu une sorte de calvaire. Une fois l'attestation reçue, notre dossier pourrait autant être refusé. Comme ça. Pour rien. Quand on reçoit des centaines de demandes par mois, on devient forcément de plus en plus sélectif et soucieux de trouver la famille parfaite. Qui sait si aux yeux de nos juges nous serions à la hauteur ?

Il m'a fallu quatre mois pour digérer l'affaire et rédiger un mail à l'AFA. Il est parti ce soir. Cette fois, le dossier est classé.

Trop d'incertitudes. Trop d'exigences. Trop de fatigue.

Subir, courber l'échine et tout accepter. Que des gens à l'autre bout du monde décident de notre vie sans qu'on puisse dire un mot. Des années de silence, des informations divulguées au compte-gouttes sans qu'on soit jamais surs de leur véracité et de leur pérennité. Supporter tout.

Et pourtant, se résigner et abandonner, au bout de quatre ans, c'est pire que frustrant. Réaliser que jamais plus, on n'aura d'autre chance, et que rêver d'avoir plusieurs enfants, c'est fini pour toujours.

Se recroqueviller et panser ses blessures. Se dire qu'au moins, notre malheur fera le bonheur d'une autre famille et qu'une deuxième adoption ratée, c'est moins douloureux qu'une première.

Relever la tête et songer à d'autres projets.

Et veiller sur Miss Cocotine comme sur le trésor de Toutankhamon.

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22 janvier 2010

A quand le ciel bleu ?

Sale temps pour la Cocotine's family. Depuis quelques mois, l'homme et moi, on se serre les coudes sous le coup des attaques extérieures venant nous rappeler bêtement ou méchamment que notre fille a été conçue par un autre couple. Chose que, pris dans le tourbillon du quotidien, il nous arrive tout simplement d'oublier.

Pendant environ six mois après notre retour de Chine, nous avons été plusieurs fois agressés par de pauvres nigauds comme ce type qui en pleine queue d'Auchan m'avait lancé froidement en désignant ma fille d'un coup de menton : "Amérique du sud ?".

Ou cette dame-bien-comme-il-faut-comme-dirait-ma-mère qui en plein restaurant, nous a crédités d'un fantastique : "Nous avons des amis qui ont aussi adopté en Asie et vraiment, ce sont des petites filles extraordinaires. Vous en obtiendrez beaucoup de satisfaction.", me laissant abasourdie tant la confusion entre l'adoption d'un enfant et l'acquisition d'un jouet garanti satisfait ou remboursé faisait peine.

Fatigués par la sottise de ces remarques et l'impolitesse de ces questions, nous avons peu à peu changé d'attitude. De la béatitude et l'ouverture, nous sommes passés à l'ignorance totale des regards appuyés présageant des chapelets d'allusions stupides. Tout bien réfléchi, notre histoire n'avait pas à être donnée en pâture à des fauves abreuvés de Delarue et donner des cours sur l'adoption nous semblait épuisant et vain.

Ainsi, pendant un temps, nous n'avons plus eu à nous plaindre de l'incursion des autres dans notre vie privée.

Jusqu'à cet automne où tout est parti en vrille à l'école, ce qui nous a poussés à nous recroqueviller.

Cependant, si j'en crois ce qui nous est arrivé cette semaine, je me dis que le vent n'a décidément pas fini de souffler sur notre petite cellule familiale.

Loin d'en mourir d'envie, j'ai cependant accepté l'invitation d'une enfant de l'école. Je ne connaissais pas bien les parents mais a priori, aucune raison de ne pas leur accorder ma confiance. J'ai débarqué chez eux avec Miss Cocotine, toute contente. Le père était là. Je ne l'avais jamais vu. On a échangé quelques politesses d'usage puis soudain, il a regardé ma fille et m'a interpelée :

- Elle vient d'où votre fille ?

En cours de liquéfaction, je lui ai répondu :

- Pardon ?

Il ne s'est pas démonté et a réitéré, le tout devant les deux gamines, démontrant ainsi à sa fille qu'on pouvait sans vergogne violer verbalement l'intimité de ma fille :

- C'est une enfant adoptée ? Elle vient d'où ?

Et moi qui, sous son ton péremptoire, ai été assez gourde pour m'aplatir et lui marmonner :

- De Chine.

Je suis partie les boyaux emberlificotés en laissant ma petite, priant pour qu'elle n'entende pas d'autres absurdités en mon absence.

Je m'en veux horriblement de n'avoir pas été à la hauteur et de m'être pliée sans avoir su clouer le bec à ce goujat.

Les agressions viennent systématiquement quand on s'y attend le moins. Il faut apprendre à y faire face et surtout, il faut réussir à armer Miss Cocotine pour qu'elle en souffre le moins possible.

Espérer qu'on nous traite comme les autres relève apparemment de l'utopie doucement cultivée par certaines minorités qui ne cherchent pas à se faire remarquer.

J'ai vécu 40 ans de Madame-tout-le-monde-ou-presque. Depuis 6 ans, je suis en apprentissage CAP parent-adoptant. Et je ne désespère pas d'aller jusqu'au doctorat.

Encore une leçon de vie que je reçois grâce à cette enfant adorable qui ne nous ressemble pas physiquement mais qui nous apporte un peu plus de richesse chaque jour.

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19 janvier 2010

De la nature humaine

Si je vous assomme avec ma salle de bain, c'est bien pour esquiver l'essentiel. Et l'essentiel, dans mon tout petit monde, c'est quoi ?

C'est que je suis au tapis.

Lorsque je rencontre quelqu'un qui me parait doté d'un cerveau en bon état de fonctionnement, j'ai tendance à lui faire confiance. D'ailleurs, cela m'étonne moi-même vu tout ce que j'ai pu observer tout au long de cette route bordée de fleurs des champs. Il faut croire que je n'en ai pas tiré assez de leçons.

Notre deuxième procédure d'adoption m'a davantage fêlée que je ne le laisse paraître. Et c'est ce que, dans un moment de grande naïveté, j'ai confié à quelqu'un sur qui je n'aurais pas dû miser trois sous.

Je suis retombée brutalement sur terre quand cet épisode m'est revenu comme un boomerang puisqu'au lieu d'expliquer ses actes, la dame a préféré l'attaque et m'a mise à terre en répétant trois fois :

"Oui, mais vous avez une souffrance."

Ce à quoi, blessée par l'estocade,  je n'ai rien trouvé à répondre.

Depuis, je suis pétrifiée, désabusée, aigrie, misanthrope et je n'ai qu'une devise, soufflée d'ailleurs par mon toubib préféré :

Pour vivre heureux, vivons cachés.

Les jours s'évanouissant, je suis de plus en plus persuadée que si la nature humaine reste et demeurera ce qu'elle est,

la souffrance rend moins crétin.

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11 janvier 2010

L'espoir fait vivre

A l'issue de cette 1ère semaine de 2010, je suis vannée.

Et vous savez pourquoi ?

Non, ce n'est pas de regarder mes compatriotes continuer à s'étriper sur la définition de l'identité nationale,

ni d'avoir perdu la paire de sourcils la plus bankable et la plus dévouée de l'hexagone après celle d'Emmanuel Chain,

ni que ce ne soit pas notre PDPA qui ait eu cette idée brillante de construire une tour de 828 mètres de haut,

ni que le site de Pôle Emploi soit saturé,

ni même de ne pas pouvoir assister au come-back de Dutronc père

qui m'a tuée.

C'est l'école de la République du bled qui me pose problème et ces questions qui me turlupinent :

Pourquoi, en 2010, on demande à des enfants de cinq ans de relier un petit blanc à une maison, un petit noir à une hutte et un petit jaune à une pagode ?

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Pourquoi, en 2010, on leur demande de relier un petit blanc à une assiette, un petit arabe à un couscous mangé avec les doigts et un petit jaune à des baguettes ?

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C'est pourtant ce que j'ai découvert dans le classeur de travail remis par l'instit' pendant les vacances de Noël, ce dont je ne me suis pas relevée.

Jusque-là, je faisais confiance à l'équipe enseignante et je n'ai jamais eu à me plaindre de cette école. Bien au contraire. Mais là, j'avoue que cet épisode associé à la vision du planisphère collé au mur une grande partie du premier semestre et présentant un petit blanc sur l'Europe, un petit noir sur l'Afrique et un petit jaune sur l'Asie me laisse extrèmement dubitative sur la représentation du monde qu'on propose à mon enfant cette année.

Lui bourrer le mou avec les différentes races définies par des hommes blancs, est-ce-bien raisonnable ?

L'amener à remarquer ce à quoi elle ne prêtait pas attention jusqu'alors, à savoir la différence physique, est-ce bien constructif ?

J'imagine que c'est fait dans le but de sensibiliser les enfants sur la diversité des cultures. Mais il me semble que c'est une approche assez simpliste et assez peu réaliste du monde qui nous entoure.

Et cela me fait penser à ce livre que j'ai lu de Tahar Ben Jelloun, Le racisme expliqué à ma fille :

« Le mot « race » ne doit pas être utilisé pour dire qu'il y a une diversité humaine. Le mot « race » n'a pas de base scientifique. Il a été utilisé pour exagérer les effets de différences apparentes, c'est-à-dire physiques. On n'a pas le droit de se baser sur les différences physiques - la couleur de la peau, la taille, les traits du visage - pour diviser l'humanité de manière hiérarchique c'est-à-dire en considérant qu'il existe des hommes supérieurs par rapport à d'autres hommes qu'on mettrait dans une classe inférieure. Je te propose de ne plus utiliser le mot « race ». »

Bien sûr, j'ai réalisé que c'est ça qui a engendré les agressions verbales dont Miss Cocotine a été victime de la part de trois ou quatre enfants à l'automne et qui de surcroit, a débouché sur des échauffourées avec deux parents d'élèves que je ne suis pas prête de digérer.

Alors vivement fin juin parce que là, je suis au bout de ce que je peux supporter et je rêve de plus en plus que le mot "race" disparaisse du paysage humain. Pas demain la veille manifestement !

Tiens, je m'offrirais bien une semaine de ski à Caen ou à Avignon !

Bonne semaine à tous !



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22 novembre 2009

Jaune, et alors ?

Garder le sens de l'humour en toute occasion n'est pas chose aisée...

Etre la Maman de Miss Cocotine est la plus belle aventure qui me soit arrivée dans ma vie.

Je savais que la faire entrer à l'école, c'était une chance formidable mais c'était aussi devoir accepter un jour ou l'autre qu'elle soit confrontée à la curiosité, la bêtise, la méchanceté, l'ignorance.

Ca a commencé en fin de deuxième petite section. Elle ne parlait pas encore correctement. Un jour, elle m'a dit : "Suis jaune." C'est à cet instant que ma bulle de bonheur, d'amour et de joie a crevé. Il fallait se rendre à l'évidence. La cour de récré, c'était une vraie jungle et cultiver un angélisme béat ne servait à rien.

On devait se positionner et la défendre.  Ne sachant d'où venait l'agression, j'ai attendu patiemment sans changer de comportement mais en restant sur mes gardes et l'année suivante, quand elle a parlé plus facilement, elle m'a donné des noms. Curieusement, c'était les copines les plus proches, celles qu'on avait invitées pour son anniversaire. Avec l'homme, nous avons gambergé et puis nous avons décidé d'en parler uniquement à la maîtresse puisque cela se passait dans le contexte scolaire. Elle a promis de rester vigilante. L'année a passé sans autre anicroche.

Mais depuis la rentrée en grande section, Miss Cocotine en bave pour trouver sa place au milieu d'enfants qui parlent bien et qui sont loin d'être tendres entre eux. Je l'ai compris quand un soir au goûter, elle s'est mise à tirer sur ses paupières. Je lui ai demandé : "Mais qu'est-ce-que tu fais ?" "C'est Alexandra qu'a fait ça et elle a dit : "En Chine, t'avais rien à manger et c'est bien fait pour toi." Là, mon sang s'est mis à bouillonner. L'histoire commençait sérieusement à me courir sur le haricot. Il fallait prendre le taureau par les cornes.

Avec l'homme, nous en avons parlé à la maîtresse qui s'est plus impliquée que celle de l'année passée et qui a pris la fameuse Alexandra entre quatre yeux pour lui demander ce qui lui posait problème. Trouvant qu'elle avait franchement dépassé les bornes, j'en ai aussi parlé à ses parents qui ont été, selon leur expression, soufflés.

Evidemment, Alexandra a nié face à la maîtresse et a nié face à ses parents. Depuis, elle a changé de comportement et elle est tout sucre tout miel avec Miss Cocotine et avec moi. Tant mieux. On peut supposer qu'elle a compris.

Oui, mais voilà, l'histoire serait trop simple si les attaques ne venaient que d'une seule petite fille. Miss Cocotine a continué à me rapporter que les enfants étaient méchants avec elle. Ne sachant que faire et ne voulant pas accuser sans preuves, j'en étais à me demander où était la vérité dans tout ça quand je me suis fait surprendre un matin d'atelier lecture par la petite Agathe qui, devant ma fille et plusieurs autres enfants, m'a dit : "Elle est née en Chine, hein ?" La voyant venir avec ses gros sabots, je lui ai répondu oui et j'ai ajouté que ma fille en parlait si elle avait envie d'en parler et à qui elle souhaitait en parler, que c'était son histoire et que c'était à elle de décider. Mais la gamine a surenchéri : "Oui, mais elle parle mal parce qu'elle est née en Chine !" Alors, je lui ai répondu : "Non, elle ne parle pas mal. Il y a beaucoup d'autres enfants qui parlent comme elle et ce n'est pas parce qu'elle est née en Chine." Elle s'est tu et tout le monde est passé à autre chose.

Il se trouve que quelques jours après, alors que je venais chercher ma fille pour sa séance d'orthophonie, la petite Agathe a remis le couvert et en pleine cours de récréation, m'a dit devant ma fille et plein d'autres gamins : "Quand est-ce-qu'elle parlera mieux ?" Alors là, je l'ai bien regardée et je lui ai dit : "Tu trouves que c'est gentil, d'avoir une attitude comme ça ? Tu trouves que c'est agréable, pour elle, d'entendre sans arrêt qu'elle parle mal ? Maintenant, tu vas t'occuper de ce qui te regarde et tu vas la laisser tranquille !" J'étais relativement remontée et assez contente de lui clouer le bec. Depuis, la fameuse Agathe me lance des regards noirs. Je l'ai dans le collimateur et si jamais je suis témoin de nouvelles agressions, je serai obligée d'en parler à ses parents.

Mais toutes ces questions sont aussi générées par le fait que la maîtresse travaille sur l'Afrique et essaie justement d'attirer l'attention des enfants sur la différence. Ce que j'ai pensé positif dans un premier temps. Or, apparemment, elle se sert parfois de Miss Cocotine pour illustrer ses propos. J'avais des soupçons mais j'en ai eu la confirmation vendredi en accompagnant la classe aux ateliers des Droits de l'Enfant du bled. Comme j'étais dans son équipe, l'une des intervenantes de la classe m'a dit :"C'est bien, ça leur montre qu'ils doivent tous s'accepter et justement, pour votre fille, c'est important. On leur explique : "C'est comme elle qui est née en Chine, bla, bla, bla..."

A cet instant, j'ai compris que sous couvert de bien faire, ma puce était constamment montrée du doigt comme étant différente des autres. Voilà pourquoi Miss Cocotine rentre pratiquement tous les soirs en se plaignant que les enfants ne sont pas gentils avec elle et qu'ils se moquent d'elle parce qu'elle a les yeux bridés.

Vendredi, j'ai reparlé de tout ça avec son orthophoniste et ce qui m'a réconfortée, c'est qu'elle voit les choses exactement de la même manière que moi. Miss Cocotine est très sensible et s'entendre sans arrêt rappeler qu'elle est née en Chine doit la ramener à son histoire douloureuse et drôlement la perturber. Elle m'a conseillé d'attendre les prochaines vacances et d'aviser si les choses ne se tassent pas.

Tout simplement parce que ce genre de comportement porte un nom. Ca s'appelle la xénophobie et ça peut mener au racisme.

C'est très difficile de réagir avec justesse dans ce genre de situation mais en tant que parents-adoptants d'un enfant qui ne nous ressemble pas, c'est au quotidien qu'on doit faire face à ceux qui prennent un malin plaisir à nous faire remarquer que notre histoire est différente. Protéger notre fille, c'est notre mission.

D'ailleurs, c'est écrit dans les Droits de l'Enfant, non ?

Voici de très belles affiches réalisées par des enfants pour cette journée internationale. D'autres figurent LA.

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6 octobre 2009

Griller le cochon

L'homme et moi, on n'a jamais voulu gâcher la vie de Miss Cocotine en lui rebattant les oreilles avec ce deuxième dossier d'adoption. Lui en dire le moins possible nous est apparu comme une évidence.

Mais ces derniers jours, difficile de se contenir. Alors les questions fusent et les réponses aussi parfois. Hier soir en la couchant :

Miss Cocotine : Moi, je veux la petite soeur.
Moi : Ben oui mon amour, je sais. Mais c'est trop compliqué. Papa et Maman, ils vont sûrement laisser tomber. Il faudrait attendre encore trop de temps, faire des tonnes de papiers et trouver aussi une énorme montagne de sous...
Miss Cocotine, la tête tourné vers sa tirelire : Moi, j'en ai dans le cochon...

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6 octobre 2009

Relever la tête

Déjà six jours que je suis molle de rage et de dépit. Il est temps de digérer l'affaire et urgent de retrouver quelques grammes d'humour.

1400 jours que notre première lettre à l'Aide Sociale à l'Enfance est partie par la Poste. Dans un dossier intitulé "Deuxième adoption", j'ai soigneusement rangé mon récapitulatif de toutes les démarches accomplies pendant cette grossesse à rallonge. Ca donne ça :

 

 

Notre deuxième adoption

  • Envoi dossier à l’ASE le 22 novembre 2005
  • RDV assistante sociale à la maison le mercredi 7 juin à 11h
  • RDV psychologue
  • RDV assistante sociale le 17 août 2006 à 9h
  • RDV assistante sociale le 5 septembre 2006 à 9h30
  • Agrément reçu le 5 octobre 2006
  • Changement d’adresse suite déménagement
  • Nouvel agrément et nouvelle notice reçus par courrier le 10/01/07
  • Envoi dossier présentation à l’AFA le 30 janvier 2007
  • Tél de l'AFA le 31 janvier pour demander la copie du dernier rapport de suivi 1er enfant
  • Mail à Médecins du Monde le 31 janvier pour demander une copie du rapport 1er enfant
  • Envoi rapport à l’AFA le 9 février
  • L’AFA demande un avenant à l’agrément attestant que nous sommes propriétaires le 15 février
  • Téléphone et fax avec attestation du notaire à l’ASE le 15 février
  • Réception de l’avenant à l’agrément disant qu’on est propriétaires 8 mars 2007
  • Tél AFA et envoi copie de cet avenant le 8 mars 2007
  • Projet de mise en relation reçu le 20 avril 2007
  • 4 documents renvoyés le 23 avril 2007
  • Réception lettre AFA et dossier à constituer le 3 juillet 2007
  • Demande de correction de la mention « pour un enfant de moins de deux ans » à l’ASE le 4 juillet 07
  • Tél de l’ASE le 9 juillet
  • Je tél à l’AFA. Pas de problème.
  • Mail à l'ASE pour copies certifiées conformes le 9 juillet
  • Problème avec la mairie de Suresnes : 2 demandes car mal fait.
  • Problème de délai avec le Ministère à Nantes pour acte de mariage, délai très long.
  • Envoi dossier Ministère Affaires Etrangères 19 septembre 2007 en lettre prioritaire.
  • Retour du dossier complet le 22 septembre : la notice du Conseil Général n’est pas signée et la signature de MDM sur le rapport de suivi 1er enfant n’a pas été certifiée en mairie.
  • Mail Conseil Général et mail MDM samedi 22 septembre.
  • Réponse mail de MDM lundi 24 septembre.
  • Je tél à l'AFA le lundi 24 septembre pour expliquer tout ça.
  • Tél Conseil Général mercredi 26 septembre
  • Je vais à Nantes jeudi 27 pour récupérer les rapports de MDM.
  • Notice signée reçue le vendredi 28 septembre 2007
  • Dossier ré-expédié au MAE le 28 septembre à 14h30
  • Envoi dossier Action Visas le 8 octobre 2007
  • Retour du dossier le 28 octobre 2007
  • Envoi lutin bleu à l’AFA le 29 octobre 2007
  • DTC (Date To China) 23 novembre 2007
  • 8 avril 2008 : tableau AFA mis à jour. On est LID 28/11/07.

Depuis cette date, silence radio. Les jours défilent, les mois, les années et on en finit par oublier les vergetures géantes qui craquellent l'esprit en douce.

Depuis toujours, on dit que quand le service de l'adoption chinois examine le dossier sans exiger de pièces complémentaires, c'est bon signe. Pour Miss Cocotine, rien n'était venu troubler cette période d'attente angoissée.

Jeudi, cette nouvelle intrusion administrative dans notre vie a cassé notre équilibre chancelant en nous obligeant à replonger le museau dans ce dossier difficile.

Quand nous avons décidé en 2005 de mettre en route une seconde procédure, le pari était très risqué. Mais le deuil du deuxième enfant était alors insurmontable. Parier sur une bonne fortune nous a semblé la meilleure solution. Force est de constater aujourd'hui que la chance n'a pas daigné frapper à notre porte et que les années se sont entassées.

On a beau multiplier les All Stars, rajeunir est un rêve inaccessible. J'ai toujours en mémoire ce jour où quand je disais qu'avoir un enfant si tard n'était pas raisonnable,  quelqu'un m'a répliqué avec beaucoup d'humour et de clairvoyance : "Ce n'est pas tellement l'âge que vous avez maintenant mais celui que vous aurez dans vingt ans."

Aujourd'hui, je me dis juste que si malgré tout, on s'entêtait et que miraculeusement, on parvienne à être à nouveau parents, il ne faudrait plus m'appeler Laétitia mais Madonna !

Suis-je prête ? Mystère et boule de gomme.

Hier soir, l'homme et moi avons statué. On a quinze jours pour faire un choix.

Une fleur pour vos messages de soutien. Merci.

(et n'oubliez pas que je vous réponds dans les com'...)

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4 octobre 2009

Conte de sorcières

Jeudi matin, dans ma boite à lettres, un courrier estampillé AFA.

A-F-A. Agence Française pour l'Adoption.

J'ouvre, pas emballée. Le China Center of Adoption Affairs a étudié notre dossier, celui qui est en route DEPUIS QUATRE ANS, et me réclame une attestation de mon employeur, ma rémunération annuelle, ma position dans l'entreprise, mon type de contrat de travail et ma date d'entrée dans la fonction exercée.

Ironie du sort.

Si j'avais la force, j'en hurlerais volontiers de rire mais là, je perds d'un coup mon sens de l'humour et je me demande ce que j'ai bien pu faire dans ma vie antérieure pour en baver comme ça depuis 30 ans.

Oui, 30 ans. A 16 ans, je voulais déjà un enfant et j'avais décrété que j'en aurais trois avant 25 ans. Les avoir plus tard, non, impossible. Dans mon esprit, c'était trop vieux.

Une attestation de mon employeur. J'appelle l'AFA pour expliquer que depuis notre première adoption, je n'ai jamais retravaillé. Ils exigent que, sur l'honneur, je ponde un lettre expliquant que je n'ai pas d'emploi.

Bien sûr, ma signature devra être légalisée en mairie, le document sera ensuite envoyé au Ministère des Affaires Etrangères pour légalisation puis au Consulat de Chine pour sur-légalisation et enfin traduit par un traducteur assermenté, chaque protagoniste s'attribuant quelques deniers au passage.

Je perds patience. Je n'ai plus envie. Je suis épuisée. J'ai un besoin urgent d'aboyer.

Mes états d'âme, je peux les remballer. Tout le monde s'en moque allégrement. J'ai quatre mois pour envoyer ce stupide papier. Sinon, le CCAA annulera notre procédure d'adoption.

J'appelle l'homme. Et nous voilà à nouveau plongés dans le chaos.

Qu'est-ce-qu'on fait ?

On les envoie paître avec toutes leurs exigences ? On enterre cette envie de deuxième enfant pour toujours ? On vieillit à trois mais tranquilles ?

Ou on continue bravement à courber l'échine et on part au front ?

Faire un choix, prendre une décision et s'y tenir. L'assumer.

J'ai prévenu l'homme. Lâche et perdue comme je suis, d'un côté ou de l'autre, je chialerai des litres.

Je vais avoir 46 ans le 20 octobre

et je hais Cendrillon.

28 septembre 2009

Laetitia vous salue bien

C'est clair. Samedi, ce n'était pas mon jour. Après cet apéro lourd à digérer, nous voilà attablés dans cette crêperie délicieuse où j'essaie de reprendre mon souffle. De grandes tablées, pas trop de monde, un couple de voisins, la soixantaine.

Les braves regardent Miss Cocotine furtivement et tout à coup, sans spécialement laisser traîner mes oreilles, j'entends :

- C'est comme Johnny Hallyday. Mais si, tu sais, ils en ont pris une autre. Ben, il a les moyens de les élever, lui !

A la fin du repas, ils lèvent le camp sans nous regarder. Dommage. S'ils nous avaient dit au revoir, je m'étais juré de leur répondre avec un grand sourire :

Laetitia vous salue bien !

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