Le BONHEUR quand je veux
De cette 47ème semaine de 2010, j'émerge lavée de toute amertume.
J'ai trouvé la solution pour accepter ma-vie-de-chômeuse-de-très-longue-durée-dans-un-bled-paumé-du-double-four.
LE FUNEMPLOYMENT
en provenance directe des Etats Unis d'Amérique !
Quoi ?
Vous n'étiez pas chez Guilaine et Françoise jeudi soir ? Quel dommage. Moi, à 20h30 pétantes, j'étais scotchée à l'écran plat, la bouche ouverte, les pupilles en éveil. Pensez-donc, un reportage intitulé avec audace, voire provocation :
PAS DE TRAVAIL, PAS DE PROBLEME
Ils ont connu ou connaissent le chômage et la précarité depuis des mois. Ils ont décidé de vivre autrement. La débrouille, pas de stress et le choix d'une vie plus harmonieuse,
c'était trop tentant.
Je ne pouvais pas rater l'occasion de comprendre enfin pourquoi, au bout de 5 ans et demi de recherche d'emploi et des centaines de candidatures ignorées ou rejetées pour des raisons vaseuses ou indicibles, je n'étais toujours pas capable, moi aussi, de clamer haut et fort "Pas de travail, pas de problème !".
C'est ainsi que, suspendue aux lèvres de ces chômeurs heureux, j'ai appris que sans en avoir conscience, j'étais hyper tendance depuis des années. Car pour être dans la mouvance du funemployment, il faut :
- profiter de cette période apparemment bénie pour aller au ciné, boire des pots et voir des expo
- réduire ses dépenses
- vivre sur ses réserves
- faire un bilan de compétences.....
et, et, et ,et....
- MONTER SA BOITE !
La liste cochée soigneusement, je me suis arrêtée net en hurlant :
Yes, JE SUIS FUNEMPLOYED.
C'était aller un peu vite en besogne. D'un coup, j'ai réalisé qu'il devait forcément y avoir un os quelque part. J'avais 20 sur 20 partout, certes, mais je n'avais jamais réussi à être pleinement épanouie dans cette période si intense et si enrichissante.
L'énigme.
Les neurones à fond les ballons, j'ai cherché au moins 20 secondes et j'ai fini par me souvenir que la condition indispensable pour pouvoir s'épanouir sans emploi, c'était
DE NE PAS CULPABILISER
Bougre de cruche que j'étais. Le grain de sable, c'était là qu'il était planqué, dans le culpabilitomètre.
Ca n'a pas fait un pli.
J'ai mis la leçon en pratique dès le lendemain et je suis allée lécher les vitrines de Nantes avec une copine.*
Franchement, si les 4 000 000 de sans emploi pouvaient être aussi euphoriques que ces deux-trois bocho (vilaine expression de mon cru pour bourgeois chômeurs) que France 2 a choisis de mettre à la une cette semaine, mon-amie-la-taupe serait infiniment soulagée et les agences de Pôle Emploi, des annexes du Club Med.
Comme quoi, le BONHEUR, ça tient à peu de choses, finalement.
Bonne semaine à tous !
* Je tiens à rassurer les passants à penchants "parents normatifs", je ne perçois plus un sou d'indemnisation depuis des lustres et à part deux chemises cartonnées, je n'ai rien acheté.