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Le petit monde de Cocotine
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29 novembre 2010

Le BONHEUR quand je veux

De cette 47ème semaine de 2010, j'émerge lavée de toute amertume.

J'ai trouvé la solution pour accepter ma-vie-de-chômeuse-de-très-longue-durée-dans-un-bled-paumé-du-double-four.

LE FUNEMPLOYMENT

en provenance directe des Etats Unis d'Amérique !

Quoi ?

Vous n'étiez pas chez Guilaine et Françoise jeudi soir ? Quel dommage. Moi, à 20h30 pétantes, j'étais scotchée à l'écran plat, la bouche ouverte, les pupilles en éveil. Pensez-donc, un reportage intitulé avec audace, voire provocation :

PAS DE TRAVAIL, PAS DE PROBLEME

Ils ont connu ou connaissent le chômage et la précarité depuis des mois. Ils ont décidé de vivre autrement. La débrouille, pas de stress et le choix d'une vie plus harmonieuse,

c'était trop tentant.

Je ne pouvais pas rater l'occasion de comprendre enfin pourquoi, au bout de 5 ans et demi de recherche d'emploi et des centaines de candidatures ignorées ou rejetées pour des raisons vaseuses ou indicibles, je n'étais toujours pas capable, moi aussi, de clamer haut et fort "Pas de travail, pas de problème !".

C'est ainsi que, suspendue aux lèvres de ces chômeurs heureux, j'ai appris que sans en avoir conscience, j'étais hyper tendance depuis des années. Car pour être dans la mouvance du funemployment, il faut :

- profiter de cette période apparemment bénie pour aller au ciné, boire des pots et voir des expo
- réduire ses dépenses
- vivre sur ses réserves
- faire un bilan de compétences.....

et, et, et ,et....

- MONTER SA BOITE !

La liste cochée soigneusement, je me suis arrêtée net en hurlant :

Yes, JE SUIS FUNEMPLOYED.

C'était aller un peu vite en besogne. D'un coup, j'ai réalisé qu'il devait forcément y avoir un os quelque part. J'avais 20 sur 20 partout, certes, mais je n'avais jamais réussi à être pleinement épanouie dans cette période si intense et si enrichissante.

L'énigme.

Les neurones à fond les ballons, j'ai cherché au moins 20 secondes et j'ai fini par me souvenir que la condition indispensable pour pouvoir s'épanouir sans emploi, c'était

DE NE PAS CULPABILISER

Bougre de cruche que j'étais. Le grain de sable, c'était là qu'il était planqué, dans le culpabilitomètre.

Ca n'a pas fait un pli.

J'ai mis la leçon en pratique dès le lendemain et je suis allée lécher les vitrines de Nantes avec une copine.*

Franchement, si les 4 000 000 de sans emploi pouvaient être aussi euphoriques que ces deux-trois bocho (vilaine expression de mon cru pour bourgeois chômeurs) que France 2 a choisis de mettre à la une cette semaine, mon-amie-la-taupe serait infiniment soulagée et les agences de Pôle Emploi, des annexes du Club Med.

Comme quoi, le BONHEUR, ça tient à peu de choses, finalement.

Bonne semaine à tous !

* Je tiens à rassurer les passants à penchants "parents normatifs", je ne perçois plus un sou d'indemnisation depuis des lustres et à part deux chemises cartonnées, je n'ai rien acheté.

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22 novembre 2010

Ma détermination n'a RIEN changé

Je sors de cette semaine n° 46 de 2010 rayonnante.

Ce nouveau gouvernement totalement révolutionnaire m'a complètement séduite et la virtuosité avec laquelle mon PDPA-bien-aimé a collé le trio Claire-David-Michel au tapis mardi soir en direct live m'a tout bonnement ensorcelée. Se montrer si honteusement audacieux, ça relevait presque de l'effronterie. Nul doute qu'il fallait les recadrer vite fait bien fait, ces satanés journalistes.

Et franchement, lorsque j'ai entendu son étrange conclusion :

"Au fond, ma détermination n'a RIEN changé."

j'ai presque fondu en larmes tellement ces mots poids lourds résonnaient au plus profond de moi. Effectivement, je restais confiante, d'ici 2012, RIEN ne changerait vraiment.

Tout bien réfléchi, on en faisait des tonnes sur cette crise, mais si j'acceptais de regarder mon parcours terrestre en face, des seventies à nos jours, ma vie entière n'avait été qu'un long chemin parsemé de dépressions diverses et variées. Alors, au lieu de se tricoter des guirlandes de peurs à propos de tout et de n'importe quoi, ne valait-il pas mieux user et abuser du proverbe :

Après la pluie, le beau temps.

Après tout, les entreprises du CAC 40 avaient déjà atteint des profits record pour 2010 : 84,3 milliards par rapport à 47,3 en 2009.

Un signe que tout allait beaucoup mieux.

Il suffisait simplement de faire un petit effort et arrêter de compter bêtement les années passées à rechercher un emploi non pas mirobolant mais juste équivalent à celui que j'avais il y a 10 ans et accepter de mettre un mot sur mes maux :

déclassée

C'est comme ça que les sociologues avaient eu la riche idée de me baptiser. Cette impression de nager à contre-courant, de ne jamais obtenir ce que je visais alors que la barre n'était même pas haut, d'envisager mille chemins qui ne menaient nulle part avec pour seul résultat cet espèce de néant qui me collait aux baskets.

Somme toute,

ma détermination n'avait RIEN changé,

à moi non plus.

Une raison excellente et suffisante pour me remuer le popotin sur ma playlist eighties tout en préparant une pâte à crêpes.

Conditions sine qua non pour éviter de me pendre avec l'une de mes guirlandes ! Avec un clin d'oeil spécial à Philippe pour son ton si rafraîchissant...

Bonne semaine à tous !

17 novembre 2010

Ce refrain qui nous plaît

Totalement pompée par une Marianne venue me rappeler durement que la vie d'une pauvre créatrice textile sans diplôme mirobolant ni réseau tentaculaire n'est pas un long fleuve tranquille, j'ai erré comme une âme en peine pendant deux longues journées. Autant vous dire que ce n'était pas le moment de tâter de la souris. Je n'avais pas un sou d'inspiration.

Pourtant, il y aurait eu à dire sur cette 45ème semaine de 2010 et cette soirée torride organisée par l'homme qui, certainement mû par une nostalgie sourde, a eu l'idée ô combien audacieuse de manger du service public un samedi soir.

Le come back de Champs-Elysées. Ne me dites pas que vous n'êtes pas au courant.

Une minute de générique et j'avais compris que la cible, c'était les plus de 112 ans. C'est juste après avoir subi la prestation du père et du fils Reno que j'ai envisagé d'appeler le premier avocat des Pages Jaunes pour un divorce rapide et bien ficelé et puis, je me suis ravisée. A les voir tous se flatter les uns les autres sur fond so politiquement correct,  je venais soudain de trouver un jeu palpitant :  "Alors, tu dis quoi, toi ? Il est lifté, lui, ou pas ? Botoxé jusqu'à la moelle ? Ou juste un petit peeling ? Un remaillage complet, tu crois ?". C'est comme ça que l'homme, vautré dans ses plumes en quête de revival eighties, je l'ai pourri pendant tout son programme has been. Tant et si bien qu'il a fini par avouer son amère déception et s'est mis à déblatérer avec moi.

Somme toute l'exercice anti-fièvre-du-samedi-soir m'a détendue et c'est de fort bonne humeur que je suis montée me coucher en hurlant....

"Et tu chantes, chantes, chantes, ce refrain qui te plait
Et tu tapes, tapes, tapes, c'est ta façon d'aimer
Ce rythme qui t'entraîne jusqu'au bout de la nuit
Réveille en toi le tourbillon d'un vent de folie. "

C'était sans compter les viles manigances de mon PDPA-bien-aimé. J'avais à peine brossé deux dents qu'un journaliste peu scrupuleux m'annonça sans ambages que la France avait perdu son Premier Ministre.

Le choc.

S'en est suivi une nuit d'angoisse innommable à espérer un nouveau gouvernement, à compter non pas les moutons mais les ministrables, pariant dangereusement sur les arrivées et les départs des uns et des autres.

"Ce rythme qui t'entraîne jusqu'au bout de la nuit
Réveille en toi le tourbillon d'un vent de folie. "

Dimanche matin, quand celle-qui-me-dit-tout-sur-ce-monde-débile a annoncé la nouvelle extravagante, je me suis fait un clin d'oeil dans le miroir et en bombant le torse, je me suis créditée d'un : "Cocotine, tu es une sorte de visionnaire."

Quoi ?

Rappelez-vous. La semaine dernière, alors que j'étais en pleine supputation, à mots couverts, je vous l'avais prédit.

Allez, venez danser avec moi pour fêter ça !

"Et tu chantes, chantes, chantes, ce refrain qui te plait...

Bonne semaine à tous !

9 novembre 2010

Intox

Je ne sais pas ce qui m'arrive mais j'ai bouclé cette 44ème semaine de l'an 2010 avec une patate du diable.

Agacée par le peu d'entrain que mettait la FPT à m'accueillir, je me suis mise à bouder dans mon coin et de ruminations en stratégies de vengeance, j'ai échoué dans mon atelier à remuer chiffons et rubans.  Se défouler dès potron-minet sur une pédale de MAC, ça a ses vertus. Et puis, tout bien réfléchi, le fil emmêlé de mon karma allait peut-être me réserver de nouvelles surprises. Le tout, c'était de ne surtout pas en douter.

D'ailleurs, à en croire celle-qui-me-dit-tout-sur-ce-monde-débile, l'hexagone s'engageait, lui aussi, vers une période faste. Un nouveau premier ministre, c'était exactement ce qu'il fallait aux français grognons pour retrouver enfin la niaque. Des mois que je rongeais mon frein en attendant ce coup de théâtre prometteur. Là, c'était clair et net, le vent allait enfin tourner. Une nouvelle France était sur le point d'émerger.

A moins que.

Non, mon PDPA-bien-aimé ne décevrait pas ainsi son bon petit peuple en faisant du neuf avec du vieux.

Tout ça pour ça ?

Franchement, une fin si peu pimentée, ce serait d'un triste.

Ca m'a avachie. Heureusement que jeudi soir, je m'étais prévu un programme boite-à-Ferrari-aiguilles-n°7. Vous le croirez ou non mais Françoise et Guilaine m'ont servi la recette qu'il me fallait sur un plateau doré : LA DETOX. Me détoxifier, me détoxiner, me désintoxiquer, c'est exactement ce dont j'avais besoin.

Me purifier de l'intérieur pour avoir enfin l'esprit qui flotte dans la ouate.

Evidemment, mieux valait fermer les yeux sur tous ces scientifiques rabat-joie qui prétendaient que tout ça n'était que pures balivernes et se fier à toutes ces bonnes gens qui conjuguaient allègrement les verbes balayer, épurer, drainer et accumulaient  les pièces d'or dans le dos des à-bout-de-nerfs ou des trop-crédules.

J'ai examiné toutes les méthodes en détails, du mélange de thé si bien markété que son créateur s'en frotte les mains chaque matin au séjour spécial jeûne 10-kilomètres-de-marche-par-jour-en-pleine-pampa-tisane-à-volonté-un-bouillon-chaque-soir-et-that's-all-folks, transformant ses adeptes en défricheurs intimement persuadés qu'une vache tient du miracle et que s'allonger dans l'herbe pendant que le coach se cache derrière un arbre pour boulotter son casse-croute améliore la vue, ce qui ne les empêche pas de ponctuer leur expérience par une descente chez le charcutier du coin, et j'ai choisi...

...l'irrigation colonique.

Pas tout à fait nouveau comme pratique.

Mais côté sémantique, un pur bonheur.

Bonne semaine à tous !

1 novembre 2010

No surrender

J'ai clôturé cette semaine number 43 de l'an 2010 toute guillerette.

Ca va vous épater, je vais mieux.

J'imagine quelques langues fourchues qui, bien abritées derrière leurs écrans, parieront que j'ai succombé à la tentation des boules-de-gomme-qui-font-voir-la-vie-en-rose-fuschia prescrites par mon toubib bien-aimé.

Même pas.

Que du bio.

MES endorphines A MOI produites par MON hypothalamus A MOI.

Je suppose qu'immédiatement, cette question vous titille : "Mais comment elle fait, pour aller bien, alors que la crise en encore en plein boom. Elle bluffe."

Vous n'y êtes pas.

J'ai juste dit NON.

Figurez-vous que fin septembre, alors que je me morfondais dans un bureau sans saveurs, j'ai envoyé ma candidature sur deux postes, l'un qui me plaisait et l'autre, pas du tout. Allez savoir pourquoi, un instant d'abnégation sans doute.

Une chance insolente. J'ai été convoquée en entretien pour le deuxième.

J'ai somatisé à n'en plus finir et puis, le jour J arrivant,  j'ai décidé bravement d'affronter mon destin. C'était le 12 octobre, jour de grève, à 11h pétantes.

De ce face-à-face avec ce que la FPT nomme un jury, j'ai émergé avec une boule au ventre. Certes, le job me rebutait mais le type avec qui j'allais pouvoir désormais partager mes journées avait l'air fort sympathique et des supérieurs sains d'esprit, force était de constater qu'à ce jour, je n'en avais pas croisés foultitude.

En bonne balance, je suis restée là, à osciller entre l'attrait de faire une fin en me casant sagement et l'ambition débile d'avoir un jour un boulot qui me plaise pour finalement parvenir à cette conclusion :

La bonne question à se poser, ne serait-ce pas au fond "Est-ce tu t'imagines vraiment passer les 20 ans à venir dans ce type de job ?"

C'est comme ça que, morte de trouille, j'ai dit NON.

S'en est suivie une période de culpabilité intense alimentée par quelques esprits sadiques conjuguant parfaitement le conditionnel, tendance parent normatif, qui aurait bien pu me flanquer à terre. Après tout, c'était vrai. Quel culot j'avais. Refuser du travail, à l'heure actuelle. Un coup à être blacklistée par mon PDPA-bien-aimé et ses soldats de Pôle Emploi.

Et pour couronner le tout, mon ex-futur-directeur m'a téléphoné en début de semaine pour insister si gentiment que ça m'a pété le tensiomètre.

Rendez-vous compte. En quelque sorte, je me faisais chassée. Une première.

Trois jours pour changer d'avis. Sans doute les pires de 2010 pour mon estomac.

Un dialogue intérieur incessant ne m'a lâchée qu'entre deux insomnies : non-mais-attends-t'as-trouvé-un-boulot-pauvre-cruche, ouais-mais-c'est-pas-du-tout-ce-que-je-veux-faire-et-pourtant-je-ne-mets-même-pas-la-barre-haut-maintenant, non-mais-attends-tu-trouveras-jamais-rien-d'autre-tu-vas-te-griller, ouais-mais-c'est-pas-une-raison-pour-faire-n'importe-quoi-faut-que-je-garde-ma-ligne-de-conduite, non-mais-attends-il-a-l'air-bien-sous-tous-rapports-ce-gars-là, ouais-mais-je-vais-crever-à-petit-feu-là-dedans, non-mais-attends-tu-vas-pouvoir-évoluer-c'est écrit-dans-le-livre-saint-de-la-FPT-ça, ouais-mais-je-suis-lucide-l'étiquette-collée-dans-le-dos-je-l'ai-pour-un-bail, non-mais-attends-tu-t'en-moques-c'est-la-titularisation-assurée-dans-un-an, ouais-mais-j'aurai-rendu-l'âme-avant-l'échéance, ... non-mais-attends-c'est-un-salaire-qui-tombe.

Un salaire. Au fait, c'était vrai, je n'avais même pas abordé le sujet à l'entretien. Trop de bonnes nouvelles en même temps, j'avais sans doute craint l'overdose.

1200 € nets par mois.

Un pont d'or pour une pauvre fille comme moi, trop ci et pas assez ça aux yeux des employeurs du privé.

J'ai médité longuement sur ce qui pourrait bien être le prochain sujet de philo "Se résigner, c'est comme prendre 10 ans d'un coup, non ?" et la queue entre les jambes, j'ai fini par expédier un mail pour dire NON, pariant avec infiniment d'audace sur ma bonne fortune et conservant l'espoir de dégoter un travail qui ne me donne pas envie de recourir derechef à la prescription sus-mentionnée.

Signes que je garde malgré tout une certaine fraîcheur. Ou que je suis parfaitement inconsciente.

Pour digérer l'affaire et ne pas virer maboule, j'ai épousseté ma MAC et nourri l'idée que j'avais derrière la tête.

L'avenir me dira si j'ai eu raison ou tort.

Après tout, la vie n'est-elle pas trop courte pour abdiquer ?

Bonne semaine à tous !

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25 octobre 2010

Le coeur à gauche

Cette semaine number 42 de l'an 2010 m'a jetée dans une nostalgie sans fin.

Dire que l'année dernière à la même époque, l'ambiance était d'un calme absolu. Certains, masqués, rasaient les murs en balançant des regards suspicieux à leurs voisins, d'autres, prudents, relisaient les conditions de leur assurance-vie ou se baladaient chez Roc-Eclerc pour choisir le satin de leur boite à vie éternelle. C'était le début de l'atroce pandémie qui allait décimer l'hexagone. Rosy était à bloc et presque plus personne ne mouftait.

Cet automne, c'est l'inverse. Pendant qu'une grosse poignée se bat courageusement contre une réforme en passe d'être mise en place par un gouvernement qui a décidé, courageusement, d'affronter le problème ardu de la retraite, la majorité ressort courageusement ses vieux jerrycans et fait parfois des centaines de kilomètres pour de l'essence à prix d'or.

Un sondage raconte même que 70% des français seraient contre mon PDPA-bien-aimé.

Ca m'a foutu un coup terrible.

Un type qui a le coeur à gauche comme ça, c'est pas Dieu possible qu'on lui en veuille à ce point.

Ecoeurée par ce manque de reconnaissance de mes compatriotes, j'ai claqué le bec à celle-qui-me-dit-tout-sur-ce-monde-débile et je me suis regardé le nombril.

L'erreur.

Figurez-vous que le 20, c'était le jour de l'année que j'ai sagement décidé de rayer de mon calendrier depuis qu'un matin, ce stupide miroir grossissant m'a flanqué en pleine figure : "Il est grand temps d'économiser pour un Objectif anti-âge & régénération - Action peau redensifiée à la Thalasso de Carnac."

Eh bien, vous le croirez ou non, j'ai été très forte. J'ai fermé les yeux sur mon extrait d'acte de naissance et je me suis donné quelques jours avant de changer l'âge sur mon CV.

20 ans pile-poil

C'est exactement le temps qu'il me reste à travailler avant de pouvoir flanquer tout mon livret A et le cadavre de mon PEA dans une parcelle clôturée, sécurisée, body-gardée, quelque part en PACA dans un resort-spécial-vieux-beaux-angoissés.

Travailler, le joli concept. Encore faudrait-il qu'on m'explique pourquoi ces si gentils employeurs du secteur privé me rejettent depuis des années faisant de moi le clone de cette femme qui, au coeur d'une manif', brandissait sa pancarte "43 ANS - TROP VIEILLE".

Quadra, cinqua, même combat. Comment, dans le contexte malsain du marché du travail, vont-ils tous pouvoir tenir la barre jusqu'à 67 ans ?

Mystère et boule de gomme.

Moi, ça me donne envie d'aller danser le jerk sur de la musique pop.

Bonne semaine à tous !

18 octobre 2010

L'essence de la formule

Totalement ébouriffante, cette 41ème semaine de 2010.

Moi qui aie des prédispositions pour nager dans l'empathie, je n'ai pas arrêté de me faire des cheveux pour mon PDPA-bien-aimé. Tous ces barbares qui se mettaient à le défier, quitte à tâter de la matraque ou du flash-ball, quelle bande d'effrontés, tout de même.

Un coup à lui faire regretter la fermeture des bassins miniers.

Imaginez juste que notre doux pays ait connu cette aventure humaine extraordinaire de trente-trois types valeureux qu'on parvient à extirper du fond du trou après des semaines d'emprisonnement et qui, soudainement, se voient traités en héros par les journalistes du monde entier, couverts de cadeaux par des faiseurs de com', encensés par tout ce que l'hexagone compte de VIP et pour certains, écartelés entre femme et maîtresse.

Des applaudissements fougueux, des rires exaltés, des mains qui se broient, des larmes fédératrices.

De la cohésion sociale.

Une parenthèse enchantée pour mon PDPA-bien-aimé.

Toute à mes rêves d'unité sur fond bleu-blanc-rouge, je n'ai même pas remarqué que mon aiguille passait dans la zone dangereuse et c'est en passant par hasard devant la pompe du bled que j'ai senti qu'il fallait revenir illico presto à des considérations plus terre à terre.

La guerre était quasiment déclarée. Il fallait aviser.

Aussi sec, j'ai appelé l'homme à la rescousse. Après tout, c'était bien lui qui, cet été en Crète, nous avait sauvés d'une mort certaine en quêtant 10€ par ci, 20€ par là à des pompistes débordés. Le plan d'alerte a immédiatement été déclenché et les deux réservoirs gavés. A lui, on ne la ferait pas, il avait de la bouteille.

Bizarrement, dans les hautes sphères, on s'évertuait à faire avaler au petit peuple que le risque de pénurie était nul, pendant que dans les stations services, les panneaux "fermé" commençaient à se multiplier.

L'heure était grave. Pas d'essence, pas de voiture. Pas de voiture, pas de boulot. Pas de boulot, pas d'argent. Et valait mieux s'arrêter là pour éviter l'anémie.

C'est comme ça que j'ai commencé à douter des soldats de plomb de mon PDPA-bien-aimé. Puis, alors que je m'efforçais de déceler la vérité dans ce capharnaüm, je me suis heurtée à ce pape de la pub qui déclarait dans un forum professionnel de la communication :

"Nous, les pubards du 20ème siècle, nous en avons lourd sur le coeur. Nous avons cru inventé la société de communication, nous avons inventé une société de solitude. Plus on a communiqué au 20ème siècle, moins on s'est parlé. Nous avons été sans le savoir, moi le premier, des petits Goebbels. On a enfoncé des slogans dans la tête des gens sans qu'ils puissent réagir jusqu'à les rendre complètement marteau, à coups de marteau.

Et aujourd'hui, depuis à peine 5 ans, à peine 10 ans, voilà que tout d'un coup, le consommateur a la parole, qu'il a le droit de cité, voilà qu'il est tellement plus nombreux, tellement plus fort que nous, que c'est lui qui va décider demain de la communication".  

Et là, glacée par la formule, je me suis dit : pubards ou politicards, tout le monde ferait bien de revoir sa copie. Que les premiers continuent à balayer devant leur porte et les seconds à analyser la poussière cachée sous le tapis.

Mais sans nous perdre de vue, histoire d'échapper au chaos.

Bonne semaine à tous !

11 octobre 2010

Des cerises et des gâteaux

Etourdissante, cette 40ème semaine de l'an 2010.

A peine sortie de ma cellule de smicarde, j'ai dû reprendre la commande des fourneaux, astiquer le logis de fond en comble, partir à la cueillette de pommes bio, présenter les armes devant l'école, surveiller les impôts fonciers et rattraper ainsi quatre semaines de retard dans la gestion des affaires familiales.

En deux jours, j'étais bien plus à plat qu'en vingt-trois de FPT.

Autant vous dire que je n'ai même pas pu profiter de la courbe de France Telecom pour faire tranquillement le deuil de ma vie de femme active et faussement libérée. De la case déni, je suis passée directement à l'acceptation, sans même pouvoir cocher colère, marchandage ou tristesse.

Non, décidément, je n'ai guère eu le temps de m'appesantir sur mon sort. Car la cerise sur le gâteau, c'est que la FPT a eu la riche idée de me convoquer en entretien. Et quel jour, à votre avis ?

le mardi 12 octobre,

jour de grève et d'école fermée

D'un coup d'un seul, tous les bienfaits de ma cure intensive de Sédatif PC assortie de respirations abdominales bien orchestrées sont passés à la trappe et à part un bon coup de matraque sur la tête, je ne vois pas ce qui aurait pu m'éviter la farandole de misères psychosomatiques qui a découlé de cette convocation sadique.

D'autant que le poste concerné ferait plutôt partie de la catégorie je-prends-ce-que-je-trouve-et-je-me-colle-en-apnée-en-attendant-de-faire-un-jour-peut-être-ce-que-j'aime. Mais à l'instar de mes collègues chômeurs errant sur le PAF hier soir dans ce feuilleton indigeste de Zone interdite intitulé "Ils vont tout tenter pour retrouver du travail", je ne sais plus quoi inventer pour faire reconnaître mes multiples talents.

A bout de souffle, j'ai zappé pour échouer sur une Carla pétrie de bonnes intentions et vantant "les actions de son mari qui auraient vraiment dû appartenir à la gauche" tout en s'embourbant dans des histoires pâteuses de fruits rouges.

A contempler ce spectacle inouï, j'ai fini par déconnecter de ce monde merveilleux de la métaphore culinaire. La carotte en caoutchouc servant de micro à Miss Cocotine bien serrée dans la main, j'ai conclu la soirée par une version très personnelle de Je m'voyais déjà, histoire de faire capter aux quatre moustiques et trois cousins scotchés aux murs combien ma vie était pathétique :

On m'a pas aidé, je n'ai pas eu d'veine
Mais au fond de moi, je suis sur au moins que j'ai du talent

...

J'cours le cachet, je fais du porte à porte
Pour subsister je fais n'importe quoi

...

J'ai tout essayé pourtant pour sortir du nombre

...

On ne m'a jamais accordé ma chance
D'autres ont réussi avec peu de voix et beaucoup d'argent
Moi j'étais trop pur ou trop en avance
Mais un jour viendra je leur montrerai que j'ai du talent

Puis, j'ai méthodiquement vidé la boite neuve de La Trinitaine et je suis partie me coucher gonflée à bloc, persuadée que c'était Bernard, directeur commercial, 53 ans, qui avait raison.

Il ne me restait plus qu'à péter tout mon traitement d'auxiliaire dans une 4 par 3 vantant mes mérites et attendre que Ouest France et Presse Océan débarquent pour me coller à la une.

Tout bien réfléchi, l'avantage indéniable que j'avais par rapport à lui, c'était que mes parents s'en tapaient le coquillard, que je n'aie pas de job.

Bonne semaine à tous !

4 octobre 2010

Fermer les yeux

Ne pouvant décemment pas m'en remettre au seul Muscadet pour calmer mes neurones désorientés, j'ai pris la sage décision de traverser cette 39ème semaine de 2010 sous camisole homéopathique.

Seule une bonne cure de Sédatif PC pouvait m'aider à absorber les news effrayantes, les pub abracadabrantes et les campagnes de com' étonnantes auxquelles nous sommes tous plus ou moins exposés chaque jour.

C'est ainsi que cahin-caha, j'ai vécu quelques jours paisibles et heureux en fermant les yeux sur tout ou presque...

...sur ces élucubrations tendances vantant les bienfaits d'une mobilité écocitoyenne à base de marche à pied-bus-vélo-tram et tendant à faire passer le pauvre consommateur de périph' pour un sombre ringard détestant la planète.

Si j'avais soulevé la paupière ne serait-ce qu'un instant, j'aurais bien pu me mettre à marmonner que dans l'univers feutré et si convivial de mon Pôle Emploi du double-four, il était de bon ton de posséder quatre roues au risque de se voir catalogué de mauvais-élément-pas-apte-à-se-déplacer-et-si-c'est-comme-ça-y'a-qu'à-le-radier et que pour parcourir les 60 km quotidiens me reliant à mon unique contrat de travail en sept ans, je n'avais guère le choix de jouer à la jolie bobo qui frétille du popotin sur son vélo hollandais, ni même de m'esbaudir devant la qualité exceptionnelle du réseau nantais qui n'est pas capable de me proposer autre chose, pour couvrir la distance, qu'une sorte de voyage initiatique pedibus-bus-pedibus-tram-pedibus-tram-pedibus-bus-pedibus d'1h38 deux fois par jour.

...sur le témoignage effarant de cet ingénieur démoli par son employeur manipulateur qui dressait de jolies bandes de tortionnaires pour expliquer aux désignés comme faibles comment (tré)passer d'un point à l'autre d'une magnifique courbe de deuil figurant, paraît-il, dans tous les bons bouquins de management.

Si j'avais soulevé la paupière ne serait-ce qu'un instant, j'aurais bien pu me mettre à vomir tellement l'homme peut tomber bas dans ce monde sans pitié du business et pleurnicher à nouveau sur mon sort de salariée plusieurs fois brimée, méprisée, piétinée et expédiée par de gentils petits chefs devenus, par la volonté  d'une direction toute puissante ciblant l'élimination, de véritables monstres assoiffés de sang.

...sur le nombre à trois chiffres figurant en bas à droite de ma première feuille de paie depuis 2003, dûment récupérée le 28 septembre, jour à marquer d'une croix rouge sur le calendrier.

Si j'avais soulevé la paupière ne serait-ce qu'un instant, j'aurais bien pu me mettre à rire de mes velléités d'indépendance et me dire que décidément, si l'homme ne m'entretenait pas de manière outrageuse, je n'aurais plus qu'à faire mon paquetage et remonter chez moi, à Paris, où les ponts ont tout de même une autre gueule qu'à Nantes.

...sur une Miss Cocotine qui à la question mais-qu'est-ce-que-tu-préfères-comme-Playmob' me répond, tout excitée, la police.

Si j'avais soulevé la paupière ne serait-ce qu'un instant, j'aurais bien pu me lancer dans de grandes respirations abdominales en me disant qu'après tout, ce penchant pour l'uniforme pourrait lui valoir d'être taxée de bonne française, un atout non négligeable par les temps qui courent.

J'ai réussi à faire l'aveugle comme ça jusqu'à dimanche soir et puis, l'annonce du programme de Guy Lagache "Argent, impôts, retraite, qu'est-ce-qui va changer pour vous ?" m'a fait virer en mouche aimantée par un ruban collant et j'ai fauté. Au doux son de la voix de notre-premier-ministre-mais-plus-pour-longtemps, j'ai repris du service pour me délecter de ce moment d'exception, les mirettes en alerte.

Bonne semaine à tous !

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27 septembre 2010

Vivre ensemble

Chaque lundi matin, j'espère pouvoir enfin vous annoncer que je suis sortie de la semaine écoulée aussi sereine et radieuse qu'une fille qui vient d'avaler les 365 méditations quotidiennes du Dalaï-Lama.

Autant croire au Père Noël.

Cette semaine number 38 de l'an 2010 m'a quasiment minée et à part une cure intensive de Sédatif PC, je ne veux pas comment je pourrais sortir de cette bourrasque mentale.

Observer ce monde invraisemblable dans lequel je reste persuadée que mon père et ma mère auraient pu s'abstenir de me lâcher, surtout quand on note la qualité discutable du service après-vente dont j'ai bénéficié, me laisse trop souvent muette d'horreur.

Après tout, comment l'humanité pourrait-elle évoluer vers la sagesse ? Quand il n'y a pas de foin dans le râtelier, les chevaux se battent, c'est bien connu.

Dans l'hexagone, force est de constater qu'actuellement, tout part en eau de boudin.

Perdu entre la phobie de virer cul de jatte dans une rame de métro, devant la vitrine d'un grand magasin ou au sommet de la Tour Eiffel, et la perspective de mourir de vieillesse dans les bras de son chef de service sans jamais avoir eu le loisir de plomber toutes les départementales avec un camping-car flambant neuf, nul ne peut assurer qu'il ne finira pas, un jour ou l'autre, par devoir aller cracher ses clous chez le Père Amorth.

Riches et déshérités, français et étrangers, patrons et salariés, croyants et athées, public et privé, jeunes et vieux, plus personne ne semble vouloir cohabiter en paix et je me demande ce qu'il va bien pouvoir émerger de ces continuelles et pathétiques parties de catch qui ne font que mettre en exergue les plus vils instincts des uns et des autres.

C'est moche.

A tel point qu'on serait sacrément tenté d'effectuer un repli sur soi-même en bâillonnant celle-qui-dit-tout-sur-ce-mode-débile et la-boite-à-Ferrari, histoire de sauver quelques neurones encore sains d'une décrépitude certaine.

C'est ce que, dans ma grande lâcheté, j'ai expérimenté.

Sauf que cette séance de nombrilisme n'a pas eu du tout l'effet escompté. A contempler ma piètre vie de 2ème classe, j'ai bien failli sombrer dans une neurasthénie foudroyante.

Après avoir aimablement supporté le chasseur précautionneux qui appelle pour savoir ce qu'il doit faire de ses viscères de lapin et de ses tripes de canard maintenant qu'il n'y a plus qu'une collecte hebdomadaire, et qui finit par répondre lui même en décrétant qu'il les entreposera au frigo, le noceur pédant qui a donné une réception et ne sait que faire de ses six sacs d'ordures, et d'ailleurs, si on ne lui propose pas de service personnalisé, il va les mettre dans la poubelle de son voisin parce que mercredi il aura autre chose à faire que de sortir son bac pour le ramassage et le délateur excédé qui m'explique qu'au numéro 67 de la rue des Bleuets, il y a un sale type qui ne rentre jamais sa poubelle et que vraiment il faut faire quelque chose car ça ne peut plus durer, voilà que ma mine d'or s'est peu à peu épuisée et que je me suis retrouvée devant mon téléphone brun astiqué par mes soins, sans la moindre réclamation à me coller sur l'oreille.

Comme je suis une brave fille et que j'ai été formée à la dure, j'ai réclamé l'impensable : du travail.

Mal m'en a pris de faire du zèle. J'ai bouclé ma semaine écartelée entre les archives dans lesquelles personne n'avait eu le courage de mettre le nez depuis 2001 et le standard déserté par sa locataire. L'occasion ultime de se fâcher définitivement avec le concept hautement fashion "Travailler plus pour gagner plus" et filer à l'anglaise dès mes sept heures réglementaires achevées.

L'objectif étant de parvenir à traverser le désert en jouant l'invincible afin de faire la nique aux boules-de-gomme-qui-font-voir-la-vie-en-rose-fuschia-prescrites-par-mon-toubib-bien-aimé. Après tout, le calendrier sur lequel je m'échinais à barrer soigneusement les jours était là pour attester qu'il ne m'en restait plus que neuf à tirer.

Dans cette ambiance morne, heureusement éclairée par un mail de ma copine Sarah, fonctionnaire territoriale de son état,  me conseillant ironiquement de lire la fausse Zoé Shepard, il ne restait plus qu'une chose essentielle à sauvegarder : le sens de l'humour.

Autant vous dire qu'il a fallu que je m'accroche.

Par bonheur, jeudi, je me suis retrouvée consignée à la maison pour cause d'école fermée, le coût d'une garde organisée au débotté dépassant largement mon salaire journalier et ma présence n'étant visiblement pas indispensable là où j'officie. Evitant donc de me mettre la rate au court-bouillon, j'ai tranquillement repassé mon tas de linge en écoutant Marlène Jobert raconter La Belle et la Bête à une Miss Cocotine subjuguée.

Au moment où la Bête s'est transformée en Prince et qu'a retenti le fallacieux ils-vécurent-heureux-dans-leur-royaume-pendant-de-très-très-longues-années, j'ai failli lui hurler que dans la vraie vie, la bonté, la compassion, la loyauté, l'abnégation, le courage n'étaient pas du tout des valeurs en vogue et qu'on avait beaucoup plus de risques de se traîner pléthore de monstres hideux jusqu'à la fin de ses jours plutôt que de voir surgir des farandoles de galants aux yeux doux.

Mais j'ai eu trop peur de finir en statue.

La mine penaude, j'ai discrètement noyé mes aigreurs dans la vapeur en me disant qu'avec un peu de chance, son ange-gardien serait moins flemmard que le mien.

Bonne semaine à tous !

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