Encouragée comme je l'ai été, je ne pouvais que m'incliner et reprendre du service sans moufter.
D'ailleurs, à 6h17 hier matin, j'ouvrais subitement l'oeil, titillée par une poignée d'idées qui dansaient la Carmagnole dans mon cerveau embrumé. Un signe du destin. Un brin d'effort et de concentration et je les avais matées, hiérarchisées et plaquées sur mon clavier.
Je suis donc prête à vous livrer enfin un baratin qui, je l'espère, sera à la hauteur de vos attentes.
A l'instar de ses prédécesseurs, janvier a traîné en longueur, congestionné et renfrogné, dans l'attente insoutenable du carnet de notes de l'homme, accompagné ou non d'une augmentation qui de toute façon, avait peu de chances de couvrir les 6% de hausse annuelle de ma facture EDF, les 7 de celle de GDF, ni même les 5 de celle de Véolia.
Partant de cette sombre mais néanmoins réaliste hypothèse, l'humeur a viré au maussade du côté du pôle financier et tout comme mon PDPA-bien-aimé, il a fallu que je planche nuit et jour sur le dossier étiqueté
comment-garder-l'équilibre-en-2011.
Allais-je enfin cesser de me mettre la rate au court-bouillon pour vivre au jour le jour en abandonnant définitivement l'espoir d'engraisser mon Livret A, mon PEL et mon LDD et de combler mon banquier en signant enfin le plan de retraite qu'il rêvait de me refourguer depuis une décennie ?
La question méritait probablement que je m'y intéresse, mais noyée dans mon plan de survie pas-de-viande-pas-de-ski-pas-de-concert-pas-d'autoroutes-pas-de-shopping-hors-soldes-pas-de-coiffeur-pas-de-verres-progressifs-pas-de-baby-sitter, je ne pouvais m'empêcher de constater, les boyaux emmêlés, que mon niveau de vie n'en finissait pas de sombrer depuis mon licenciement fracassant de 2003.
Pour autant, ce n'était pas le moment de rendre mon tablier. Car en fin stratège, je savais pertinemment que la question primordiale à soumettre à l'homme en ce début d'année, c'était :
Qu'est-ce-qu'on fait cet été ?
Après 76 heures d'enquête minutieuse sur les pratiques parfois scélérates des professionnels ou des opportunistes du tourisme français, grec, italien ou espagnol, j'en arrivai à cette conclusion accablante : Où vais-je bien pouvoir passer une semaine de semaine paradisiaque sans claquer un mois de salaire ?
Ne trouvant aucune réponse satisfaisante à cette question, je tombai dans une crise foudroyante de j'en-ai-plein-le-dos-d'être-dans-la-mouise qui déboucha sur l'adoption immédiate d'une restriction budgétaire draconienne. L'état d'urgence était décrété. Les ET liant toutes les envies de la famille seraient remplacés derechef par des OU.
N'étais-je, après tant d'années de frustration, devenue une spécialiste du concept dans-la-vie-faut-savoir-faire-des-choix ? En bonne fille de banquier, j'avais toujours su résister aux débits vertigineux et au cercle infernal qui ne manquait pas d'en découler, quitte à m'astreindre à une mono-diète pâtes 1er prix Auchan doublée d'une interdiction de fréquenter tout ce qui ressemble de près ou de loin à un faiseur de marges. Ce n'était pas une année de plus de rationnement qui allait me mettre au tapis.
Et du reste, pour montrer l'exemple, n'avais-je pas bravement renoncé à mon abonnement Canalsat, me privant ainsi de Jamie Oliver, Gordon Ramsay et Nigella Lawson, les seuls anti-dépresseurs sans effets secondaires ? Une punition dont j'ai pleinement ressenti la cruauté le 4 février, date à laquelle la diffusion a été coupée définitivement, me laissant comme une âme en peine répétant en boucle nom-d'un-chien-j'en-ai-marre.
Au coeur de cette débâcle, une chose demeurait certaine. Les escapades, elles, relevaient du domaine du sacré. Je pouvais accepter toutes les avanies mais rogner sur le budget congés, c'était pire que de m'estropier.
Le soir même, je servais mon rapport complet et fouillé à l'homme hébété puis irrité de voir ainsi la Cour des Comptes débouler furibarde dans son living pour l'accuser de dépenses inconsidérées. Trente minutes de monologue plus tard, j'étais à bout de souffle et n'avais manifestement pas obtenu d'adhésion franche à ma cause. La partie adverse persistant à nager dans la mauvaise volonté, je finis par déclamer solennellement :
Puiser dans les économies, c'est fini.
avant d'ajouter avec emphase :
Le bas de laine, il est dead.
Comment vous dire ?
Dans les quinze jours qui ont suivi, l'homme a viré à l'autisme, disparaissant du domicile conjugal de 6h30 à 20h00 et refusant toute communication adulte et responsable avec les hautes autorités financières entre 20h01 et 6h29.
Si bien que je voyais déjà ma cagnotte vacances idylliques muter en enveloppe divorce hystérique.
Vous savez quoi ? Ces échauffourées m'ont éreintée et sans ambages, je peux vous assurer aujourd'hui que :
je suis claquée !
Le seul moyen de récupérer étant d'envisager une excursion bien ficelée, j'ai secoué mon LG-pas-smart-pour-un-sou dans tous les sens pour dénicher un ami qui, par un heureux hasard, passerait au-dessus de mon bled en jet et accepterait de me donner un lift direction le soleil du Maghreb.
Peine perdue.
Dommage, j'aurais tellement aimé décompresser et changer de peau pour un temps.
Quoi ?
Je suis 24 heures sur 24 et 365 jours par an chômeuse-de-très-longue-durée. Vous comprenez bien qu'avec le rythme que j'ai, de temps en temps, j'ai besoin de me poser, j'ai besoin d'être en famille et avec des amis, et qu'à ce moment-là, j'en oublie un peu la représentation.
Si je n'ai même plus l'espoir d'une virée quelconque, que me reste-t-il donc pour me divertir ?
Peut-être ma-boite-à-Ferrari ce soir à 20h30. C'est JPP qui mixe. Autant vous dire que ça va déchirer.
Bonne journée à tous et surtout bonne soirée !