Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le petit monde de Cocotine
Newsletter
Archives
job wanted
6 septembre 2011

Le baratin du mardi 6 septembre 2011

Le bol d'air dominical n'a pas suffi. Aujourd'hui, mardi, je suffoque déjà.

Il faut dire qu'hier, j'ai cherché l'embrouille. Pour préparer mon rendez-vous avec l'association déjà citée dans un précédent post et susceptible de m'aiguiller vers un emploi, je me suis obligée à dresser un bilan de mes recherches depuis mon glorieux licenciement bordelais en 2003.

Dangereux.

La simple vision de cette fabuleuse feuille Excel me déclenchant de violentes nausées et l'envie pressante de me coller la tête sous le premier oreiller venu, il m'a paru urgent de me vautrer plutôt dans le bouddhisme à deux balles enseigné par mon ex-copine et de conclure

c'est limpide,

dans ma vie précédente,

j'étais un patron du CAC 40

Et j'ai dû multiplier les coups bas parce que Mon-Bouddha-malicieux me fait maintenant payer très cher toutes ces incartades.

Très cher.

Figurez-vous que, mes deux échecs de début d'été avalés, de travers, mais avalés, j'ai envoyé une candidature pour un poste qui me plaisait beaucoup - et ça ne m'arrive pas tous les jours - dans la FPT*. Là-dessus, j'ai tout balancé sur ma pile de 27 cm de hauteur et je suis partie me terrer dans le sud en essayant oublier.

Pourtant, une fois encore, je n'ai pas pu m'empêcher de tirer des plans sur la comète en m'imaginant enfin invitée-acclamée-couronnée de lauriers dès la rentrée.

Seulement voilà. La date limite ayant été fixée au 1er septembre, plus les jours passent sans que mon téléphone ne vibre et plus je me tasse derrière mon bureau.

Et si cette opportunité me passait encore sous le nez, que me resterait-il pour m'aider à passer cet hiver 2011-2012 sans trépasser ?

Heureusement mon Pôle Emploi veille sur moi et je suis convoquée le 23 septembre pour un

Cible Emploi

le même que celui auquel j'ai bravement assisté en 2009, sauf que manifestement, mes flèches étaient biscornues ou trafiquées. Encore un coup de Bouddha, je parie.

Avec en prime, un atelier théatre animé par un comédien et des sessions image de soi, le tout concocté par mon CCAS. En espérant qu'ils tiennent M6 à bonne distance du dernier package car je n'ai pas l'intention de me laisser placarder en 4 par 3 et juste pourvue d'un attirail de base culotte-soutien-gorge sur la tour Lu.

Alors, elle n'est pas belle, ma vie ?

Quand je pense que ma Bri, inconsciente du fait que ma rue pitoyable bordée de maisonnettes et de garages souvent douteux et de poteaux électriques à la mode turque ne peut en aucun cas être confondue avec la très chic Wisteria Lane et que ma 4 CV à 3 portes n'a rien de commun avec la Maserati de Gaby, m'a taxée, par méprise, de poor desperate housewife. Et que d'autres sont venues me demander si j'avais vraiment besoin de travailler.

Perturbant. N'étais-je finalement qu'une pseudo bourge frappée d'amnésie mais inconsciente de l'être et souffrant donc

d'anosognosie ?

Et si elles décidaient de me traîner en justice pour exiger que je justifie mes jérémiades sur ma condition de MAF-dépendante-et-avide-de-retrouver-un-tant-soit-peu-d'autonomie alors que j'ai le culot, parallèlement, d'afficher mon cerisier fructueux, mon escalier luxueux et mes voyages fastueux, ce qui leur donne apparemment instanément le besoin de jauger mon compte en banque ?

Je demanderais à mes avocats de me représenter et je continuerais, l'air de rien, et avec les encouragements de Brigitte au moins, à venir témoigner ici de ma ténacité à ne pas vouloir finir dans la grande pauvreté au cas où un accident de la vie me tomberait sur le paletot.

Après tout, ce matin, à l'assos', j'ai reçu cette phrase qui se voulait réconfortante et qui fait vivoter mon désir de partager :

vous n'êtes pas la seule

Evidemment et malheureusement.

*Fonction Publique Territoriale

Publicité
23 août 2011

Le baratin du mardi 23 août 2011

Quand la canicule tombe sur le bled, en général, on le paie très cher dans les jours qui suivent. Depuis 48 heures,

fini le naturisme at home,

il fait gris et il pleut.

L'occasion inestimable pour se punaiser dans le crâne que l'été 2011 est dead et que la rentrée approche à grands pas, avec son lot d'échéances et de nouveautés promettant une vague d'allégresse :

- l'odieuse-virée-au rayon-des-fournitures-scolaires le 6 septembre, pile au moment où Leclerc ressemble à La Mecque, tout ça parce que l'école de la République du bled n'a pas encore trouvé le moyen de fournir cette stupide liste crayons-gomme-ardoise avant le jour de la rentrée,

- le troisième tiers à règler aux seigneurs et qui, comme je ne peux décemment pas m'offrir une chaudière neuve tous les ans et bénéficier ainsi de la poignée de niches fiscales concernant les classes moyennes - pour le peu de temps qu'il lui reste encore à vivre avant d'être trucidée pour raison d'Etat -, va douiller et anéantir derechef tous mes espoirs d'escapades automnales,

- mon Léon qui, balloté entre les productions intensives de choux à la crème et la réunionite aigüe dont souffre sa boite, va endosser sa cape d'invisibilité du lundi 7h au vendredi 20h, me laissant affreusement seule pour affronter Miss Cocotine et son aversion naissante pour le français,

- la reprise de la bataille sanglante à tendance purulente des supposés grands de l'hexagone en vue des élections de mai 2012, méticuleusement retracée par ma-boite-à-Ferrari et celle-qui-me-dit-tout-sur-ce-monde-débile et dûment épicée par le retour apparemment imminent au pays de celui-qui-devait-sauver-la-France-s'il-ne-s'était-pas-égaré-là-où-vous-savez,

et surtout

- mon nouveau conseiller Pôle Emploi qui va me tomber sur le paletot puisque je fais fièrement partie des bleu-bites nouvellement inscrits, sommés de venir rendre des comptes sur leurs méthodes de prospection s'ils n'ont pas réussi à se recaser après 3 ou 4 mois d'inscription.

Voilà comment je pourrais démarrer ce baratin de fin d'été...

Sauf que.

Après les deux râteaux qui m'ont partiellement édentée fin juin, j'ai rendu les armes et décidé que, dans ma tentative de séduction des entreprises nantaises comme dans celle de la FPT du coin, il fallait que j'implore de l'aide.

Du coup, j'ai appelé l'association Un parrain-un emploi au secours, puis le CCAS de mon bled en clamant haut et fort je-suis-au-bout-du-rouleau et help-Dieu-vous-le-rendra-enfin-peut-être. Et après avoir résister à la folle tentation de m'auto-radier de Pôle-Emploi, je me suis dit que je ferais mieux d'attendre sagement mon prochain entretien, au cas où une lueur de génie traverserait l'esprit du mercenaire-qui-a-12-minutes-chrono-pour-remettre-les-brebis-galeuses-dans-le-droit-chemin.

Vous le croirez ou non,

je suis remplie d'espoir.

Sous peu, des cendres de la-chômeuse-de-trop-longue-durée-ayant-échoué-par-hasard-dans-un-bled-paumé-du-double-four*-où-il-fait-gris-330-jours-par-an, il renaîtra la-femme-hyper-active-qui-assume-à-l'aise-Blaise-boulot-marmot-épiceriecuisineménagejardinagebio-tricot-Bricodépôt-libido-et-affiche-volontiers-sa-vie-si-saine-et-si-sereine-de-néo-rurale-ayant-sciemment-choisi-la-banlieue-de-Nantes-the-place-to-be-d'après-les-magazines-du-monde-entier dans la peau de laquelle je crève d'envie de me glisser depuis six longues années que je claque d'ennui entre les quatre murs de ma bicoque.

Et là, je n'aurai plus rien à vous raconter.

C'est ballot, ça.

* un clic ICI et, chanceux que vous êtes, vous saurez ce que veut dire double-four...

7 juillet 2011

Le baratin du jeudi 7 juillet 2011

En avril dernier, j'avais juré que, foi de Cocotine, je ne repasserais pas un automne et un hiver à me morfondre dans ma peau de

MAF-frustrée-pestant-sur-son-sort

et les jours passant, je m'étais doucement fait à l'idée optimiste, voire utopique, que des deux cartes sur lesquelles j'étais en train de miser, il en sortirait forcément une gagnante. 

Ainsi, pendant de longues semaines, je me suis doucement imaginée tripotant des kilos de pate et roulant des croissants pur beurre sous l'oeil bienveillant d'un maître d'apprentissage généreux et pédagogue, toute de blanc vêtue et le nez plein de farine, puis ouvrant ma-boulangerie-rien-qu'à-moi évidemment baptisée avec émotion "Le pétrin de Cocotine".

Parallèlement, j'ai abondamment fantasmé sur cette offre rencontrée sur Cap Territorial en me disant que si, par un hasard extraordinaire, je n'étais pas apprentie boulangère à la rentrée, je serais forcément applaudie par un jury qui ne manquerait pas de me convoquer tellement mon savoir-faire bureaucratique était impressionnant et alléchant et enfin admise dans la caste des fonctionnaires territoriaux du double-four. Dans un petit coin de mon cerveau disloqué, je me voyais déjà débarquer au sein d'une équipe compétente, accueillante et charmante et poser triomphalement mon mug customisé sur un bureau qui serait désormais le mien.

Autrement dit, mon printemps 2011, tendrement bercé par mes-5-gouttes-du-soir, restera l'un des moments les plus forts de cette année que j'ai attaquée, rappelez-vous, en promettant croix-de-bois-croix-de-fer-si-je-mens-je-vais-en-enfer que je sortirais du lot des pessimistes.

Comme quoi, je suis une fille fiable.

Le souci, c'est que le 21 juin, l'été est arrivé, et là, tout est parti à vau-l'eau. Du coup, entre deux périodes d'apathie totale, l'envie furieuse de claquer le baigneur à tous ceux qui clament haut et fort que quand-on-veut-on-peut m'a à nouveau submergée.

Le 23 juin, je réalisai soudain que mon projet de devenir boulangère à 47 ans n'avait ni queue ni tête et, la mort dans l'âme, j'abdiquai en me taxant au passage d'un cinglant mais néanmoins réaliste t'es-vraiment-qu'une-bille-tu-rates-tout-ce-que-tu-entreprends.

Cependant, il demeurait au fond de moi un soupçon d'espoir et je décidai, sur un coup de tête, d'arrêter de me brider les neurones à coups de molécules douteuses et affrontai dignement ma période de sevrage et des nuits nettement plus courtes.

Pourtant, les jours défilant, il a bien fallu que je sorte peu à peu ma tête du sable. J'avais beau me scotcher à ce damné téléphone, il refusait obstinément de sonner.

Ca sentait le purin.

Hier, n'y tenant plus, je composai donc le numéro du service concerné et en moins de deux, je me pris une claque magistrale dans la figure.

Le recrutement était bouclé.

Ainsi va ma tentative de réinsertion dans le monde professionnel. Il est donc grand temps de m'accorder une pause réparatrice et de décliner le concept tellement vital du

carpe diem

histoire d'éviter de casser toute la vaisselle que j'ai mis des années à chiner minutieusement.

Forte de vos compliments narquois et des encouragements de mon Léon qui, regardant d'un oeil goguenard ma guirlande crochetée, m'a demandé, lubrique, si je ne pouvais pas me fabriquer un soutien-gorge en carrés de Mémé ,

j'attaque le bikini de l'été 2011.

Et comme ma copine Dom, qui voit bien que je suis au bout du rouleau, m'a refilé trois Elle et un Marie-Claire, pariant sûrement sur le fait que décortiquer mon horoscope de l'été ou me passionner pour des articles du genre j'aime-faire-l'amour-à-plusieurs m'aideraient à passer juillet et août sans encombre, j'ai trouvé de quoi alimenter mon désir de vivre et je vous annonce donc très solennellement que

je vais sublimer mon corps

en 15 jours seulement

En 30, c'était pas jouable, j'aurais raté mon départ en vacances. J'ai donc été obligée de m'inventer une formule accélérée encore plus coriace et le 20 juillet, je serai, moi aussi,

douce, dorée et sexy

conditions sine qua non pour me glisser sans complexes dans le maillot susnommé.

C'est ballot, vous n'aurez pas de photo !

Alors, elle est pas belle, la vie d'une chômeuse-de-longue-durée-boudée-par-le-monde-grillagé-des-actifs-du-double-four ?

pu

Illustration Gil Elvgren

22 juin 2011

De candidatures en candidature

En ce mercredi 22 juin de l'an 2011, force est de constater qu'il ne reste plus une goutte d'eau de la vague d'optimisme qui m'a submergée en avril dernier. Malgré tout, comme celles et ceux qui se passionnent pour ma carrière professionnelle, faisant preuve en cela d'une bravoure sans nom, ont absolument droit à la transparence, je prends donc mon courage à deux mains et viens, toute penaude, vous conter mes dernières aventures.

S'il est vrai qu'après mes cinq nuits en boulangerie, j'ai fortement douté de la pertinence de mon projet, j'ai malgré tout, et parce que je n'avais rien d'autre à me coller sous la dent, continué à fantasmer sur la fabrication du pain. Cela m'a au moins permis de rencontrer de très bons boulangers et de survivre gentiment jusqu'au 21 juin, date fatidique de la fameuse réunion que j'attendais patiemment depuis des mois et qui était destinée à me dévoiler les mystères planant sur la formation menant au Graal.

C'est ainsi qu'hier matin, abandonnant lâchement mari et enfant, j'ai roulé pendant une heure pour traverser Nantes et atteindre enfin l'unique centre de formation du coin susceptible de me préparer au CAP de boulangère, et joyeusement flanqué dans une zone commerciale éloignée de tout, et surtout de mon-bled-paumé.

Quand j'en suis sortie une heure plus tard, j'étais passablement dubitative. Deux semaines de 35 heures de cours pimentées par un trajet quotidien de 2 heures en voiture ou 2h30 de transports en commun (bus-tramway-bus) suivies de deux semaines en entreprise avec changement de rythme évident, deux jours de repos hebdomadaires consécutifs ou non et dépassement des 35 heures de mise, la seule semaine d'interruption à Noël annoncée étant presque à coup sûr plus travaillée que chômée avec ou sans contrat et avec ou sans rémunération, selon les us et coutumes du patron d'apprentissage.

Côté financement, le métier étant en tension, la région prend en charge la formation. Ceux qui sont indemnisés par Pôle Emploi continuent à percevoir leurs droits et ceux qui, comme moi, sont hors circuit depuis des lustres, ont droit à une rémunération de 667 € par mois.

Il m'a fallu très peu de temps pour analyser la situation et dégringoler de mon nuage. Cette année de travail pourtant intense ne m'apporterait pas le deuxième salaire espéré depuis des années et une fois les frais de garde de Miss Cocotine et la facture d'essence réglés, la somme annoncée se réduirait vite à peau de chagrin.

Il fallait donc trouver une motivation ailleurs et c'est là que j'ai levé mon doigt pour poser cette question lumineuse : Que sont devenus les anciens stagiaires, ont-ils trouvé un poste facilement ?

La réponse m'a fait l'effet d'une douche froide. Sur 25, 2 seulement ont persévéré dans le métier l'année dernière et d'après les explications avancées, les neuf mois de formation sont considérés comme trop courts. Enchaîner sur un CDD semble indispensable si l'on veut être crédible face à un futur recruteur.

Cela veut dire, encore une fois, qu'il n'y a pas forcément adéquation entre la formation proposée et l'attente des employeurs. En l'occurence, j'ai cette impression désagréable que la plupart des boulangers embauchent des jeunes en apprentissage ou éventuellement des adultes en reconversion parce qu'ils ne leur coûtent rien ou presque, mais qu'une fois le CAP en poche, ça devient beaucoup plus difficile de trouver une bonne place, surtout quand on est considéré comme vieux et qu'en plus, on a le mauvais goût d'être une femme.

A moins qu'on ait les fonds nécessaires pour se lancer dans une reprise ou une création d'entreprise, auquel cas, évidemment, les choses sont plus simples, d'une certaine façon.

Ou alors qu'on soit mobile et qu'on se sauve à toutes jambes vers un pays où les salariés sont mieux reçus.

Perdue dans mes considérations et très remontée par la manière dont j'ai été accueillie sur le marché de l'emploi nantais à la sortie de ma formation diplômante en gestion de la paie, pourtant vendue comme le nec plus ultra, je ruminais sec quand m'est venue cette idée démente de solliciter mon Léon, un gars sensé, intelligent et complètement fiable.

- Alors, qu'est-ce-que t'en penses, de cette histoire ?

- Pfffff, c'est une galère, ton truc, et tu ne trouveras pas de boulot après.

Le moral dans les chaussettes, j'étais dans l'incapacité d'avaler la pilule quand me vînt l'envie d'avoir un deuxième avis et mon choix s'est immédiatement porté sur ma copine Dominique, une fille sensée, intelligente et complètement fiable.

- Alors, qu'est-ce-que t'en penses, de cette histoire ?

- Pfffff, c'est une galère, ton truc, et tu ne trouveras pas de boulot après.

Et elle a ajouté juste pour me faire du mal :

- Si encore tu étais à Paris, ça serait jouable mais là, c'est plus compliqué.

Paris, mais pourquoi j'ai quitté Paris, moi ?

Effectivement, ici, j'ai certes été reçue par d'excellents boulangers mais comme ils ne sont pas si nombreux que ça, ils sont très sollicités et par conséquent, en mai, ils avaient déjà embauché un apprenti ou un stagiaire pour la rentrée. Et la condition sine qua non pour démarrer la formation, c'est bien de trouver un tuteur, ce que je n'ai pas réussi à faire à ce jour.

L'heure est venue de faire une croix sur ce projet peut-être utopique pour n'en garder que le meilleur : ma jolie rencontre avec Makanai et celle, extraordinaire, avec Marie-Christine, qui, elle, a eu le courage et le culot d'aller au bout de ses rêves. Surtout, si vous aimez le pain, ne ratez pas son blog "De pain et de plume". Son parcours étonnant et brillant de la Sorbonne au BP de boulangère m'a vraiment bluffé et je n'ai aucun doute sur la diversité et la richesse des aventures qui l'attendent.

Peut-être un jour, dans une prochaine vie,

loin de mon petit monde insipide

de bureaucrate et de chômage,

serai-je aussi bonne boulangère qu'elle !

A propos de bureaucrates, j'ai répondu à une annonce qui me plaît bien dans la FPT il y a trois semaines mais rien à l'horizon. Du coup, j'ai décroché mon téléphone et demandé au recruteur s'il avait reçu beaucoup de réponses. Il m'a répondu : "Oui, oh non, une quinzaine." Alors, comme une chance sur quinze, c'est tout de même plus motivant qu'une chance sur deux cents, je ne peux pas m'empêcher d'y croire un peu. Tout reste à savoir si ce recrutement est un vrai recrutement et si, pour une fois, la FPT va démontrer qu'elle est vraiment ouverte aux ex-salariés du privé, ce dont je doute énormément pour l'instant.

Et si ça aussi, ça tombait à l'eau ?

Alors il n'y aurait  plus qu'une solution : faire comme tout le monde et déclarer solennellement, la main sur le coeur :

Je suis candidate à l'élection présidentielle.

pluriel 1

Illustration Gil Elvgren

18 juin 2011

Y'a pas que la maille qu'est coulée

Ces derniers temps, je n'ai pas trop osé venir vous rapporter les derniers détails croustillants ou stupéfiants de ma carrière de demandeur-d'emploi-de-très-longue-durée. Elle brille à ce point que je me suis dit qu'à force de me faire mousser, vous finiriez pas en déduire que je ne suis qu'une arriviste infiniment prétentieuse.

Ceci dit, ce soir, je crois que je ne vais pas pouvoir tenir ma langue car figurez-vous qu'en début de semaine prochaine, mon agenda est annoté.

Vous ne devinerez jamais pourquoi.

Après 5 ans de recherches intensives dans le métier que j'ai exercé plus de 15 ans, de tentatives de reconversions en fleuriste, horticultrice, gestionnaire de paie, fonctionnaire et boulangère, de coaching personnalisé et de CV reformatés, le tout entrecoupé de passions folles et absolument nécessaires à ma survie mentale pour les guirlandes, le cinéma, la déco, le jardinage, la lecture, le tricot et le pain,

Pôle Emploi m'invite cordialement

à une séance d'information obligatoire.

Vous savez quoi ?

Je me mets au crochet !

DSC_0093_2

Publicité
20 mai 2011

Mon idole

Bien au chaud depuis des semaines dans ma vie onirique de boulangère chevronnée, j'avoue que j'ai beaucoup de mal à abandonner l'idée, saugrenue j'en conviens, de passer le reste de ma vie au fournil.

Alors, ce matin, j'ai téléphoné à mon idole, Franck Dépériers, MOF et heureux patron de La Petite Boulangerie de Saint-Félix à Nantes avec qui j'avais déjà eu quelques échanges. A 11h, il m'a très gentiment fait visiter son labo et m'a parlé de son parcours.

Lui, aucun doute, il aime le pain.

Et à l'écouter parler de son travail, j'avais sûrement des étoiles plein les yeux. C'est un boulanger passionné et heureux sont ceux qui peuvent y faire un saut chaque matin pour remplir leur cabas de merveilles. La qualité de ses ingrédients, les méthodes employées, la propreté des lieux et l'implication de ses collaborateurs font de lui quelqu'un de rare, surtout par les temps qui courent.

Cet entretien informel et tellement réjouissant m'a conforté dans ma vision des choses. Sans aucun doute, c'est auprès de quelqu'un comme lui qu'il faut apprendre ce métier qui est si dur que sans amour ni fantaisie, on tombe certainement vite dans une routine pénible et peu satisfaisante.

Mais l'excellence ne court pas les rues.

Et je sais donc que les possibilités qui s'offrent à moi sont très restreintes. A défaut de pouvoir aller vers les meilleures écoles de Paris (EBP et Ferrandi) et surtout l'INBP de Rouen qui m'a été conseillée entre toutes, pour des raisons évidentes de distance, de coût et même de délai d'attente, je n'ai pas d'autre solution que de postuler au CIFAM de Sainte-Luce pour préparer un CAP de boulanger en alternance. Il m'appartient donc de trouver un maître d'apprentissage qui m'accepte dans son fournil et c'est bien là que l'affaire se corse.

Pour avoir pris conseil auprès de boulangers qui aiment leur métier, j'ai rapidement compris que seule une infime partie d'entre eux serait susceptible de m'apporter ce que je cherche. A Nantes, le tour est vite fait et aucun ne loge près de mon satané bled. En plus, même si la formation est gratuite pour l'employeur car prise en charge par la région, peu de professionnels sont convaincus par le rythme imposé par la Chambre des Métiers qui est de 15 jours de travail par mois (et 15 jours à l'école). Ca peut se comprendre.

En second lieu, j'ai cherché à savoir si effectivement, c'était un métier en tension. Il se trouve qu'entre Pôle Emploi et les artisans que j'ai rencontrés, le son de cloche n'est pas du tout le même. Les meilleurs n'ont jamais de mal à recruter et je n'ai pas du tout l'intention d'aterrir dans la grande distribution ou chez un mauvais boulanger pour m'y ennuyer à crever.

Quant à reprendre une boulangerie ou en créer une, je sais, par expérience, qu'il vaut mieux avoir un compte bien garni pour affronter les banquiers, l'investissement, dans ce métier, étant en effet, extrèmement lourd.

Pour faire passer cette synthèse qui n'est évidemment pas à la hauteur de mes rêves les plus fous, devinez ce que j'ai fait ?

Je suis ressortie de La Petite Boulangerie avec deux pains au chocolat, un pain pistache-chocolat et un croissant...

et Miss Cocotine n'a eu qu'un pain au chocolat à 4 heures.

Quoi ?

Faut bien que je compense.

DSC_1376

19 mai 2011

La chute

Ce matin, je me demande vraiment comment j'ai bien pu faire une chose pareille.

Une chose pareille ?

Travailler en boulangerie pendant cinq nuits.

Hagarde et désemparée, j'évite soigneusement tout miroir en me gavant des restes de Pâques.

J'ai pris 10 ans.

Aucun doute, il faut regarder la vérité en face et accepter l'idée que

je serai mitronnette dans une autre vie.

A moins que je ne me transforme soudainement en Hulk, je ne vois pas comment je pourrais assumer un job aussi dur de 3h30 à 12h six jours sur sept comme le fait brillamment mon ex collègue. Et puis sérieusement, Fun Radio qui hurle à 6 heures du matin, pour une fille comme moi qui ne supporte que France Inter, c'est une sorte de supplice auquel je ne suis pas sure de pouvoir survivre.

Pourtant, j'aurais bien voulu persévérer.

Histoire de me prouver que je suis vivante et que je vaux encore quelque chose.

A cette heure, même mes meilleurs avocats ne savent plus quel aiguillage me conseiller.

Je suis condamnée.

Condamnée à errer de ce bled maudit au Pôle Emploi de Cheviré.

Mon Rikers Island à moi.

Cloîtrée dans ma cellule, j'ose à peine envisager les solutions qui s'offrent désormais à moi :

Faire plouplouf dans la superbe liste de métiers en tension : débosseleuse, plombière, carreleuse ou chaudronnière ?

Me résigner et revenir vers la FPT et ses incohérences de recrutement ?

Investir dans un porte-jarretelles flambant neuf et débarquer dans le bureau du maire pour me constituer enfin un vrai réseau influent ?

Mettre la moitié du salaire de mon Léon dans la Française des Jeux en espérant gagner plus que 3,80 € ?

Ou me laisser mourir d'une overdose de chocolat et soulager ainsi la liste des demandeurs d'emploi ?

De quoi hésiter.

Trop embrouillée pour analyser froidement mon cas désespéré, je me vois contrainte de vous annoncer ma démission du poste de chercheuse-d'emploi-de-trop-longue-durée.

Passez-moi la combinaison carcérale

et confisquez-moi les lacets.

DSC_1367

16 mai 2011

Complot au bled

Figurez-vous qu'ici, depuis 24 heures, c'est presque aussi chaud qu'à Harlem. Cette épopée new-yorkaise abracadabrante m'a donné une idée de génie.

Mon boulanger m'avait dit que cette nuit, nous serions seuls en tête-à-tête. Alors, en débarquant à 4 heures, je l'ai collé en lui proposant un effeuillage au fournil. A 4h06, il est monté en température et m'a coincée entre deux grilles. Feignant l'affolement, j'ai détalé en balançant mon porte-jaretelles et mes talons aiguilles dans le four à bois. A 4h12, j'ai appelé le 17 en pleurant à chaudes larmes. A 4h23, toute la brigade du bled était sur les lieux du crime pour lui passer les menottes. Interrogé depuis 8 heures, il est inculpé d'agression sur miches, de séquestration en chambre froide et de tentative de plaquage.

A coup sûr, la boulangère va se faire la malle avec le mitron et moi, je rachète le fond pour une bouchée de pain.

Finie, la panade !

DSC_1349_2

NB : Ce pain, c'est moi qui l'ai fait ! Franchement, ça se voit, que j'ai eu une bonne formation, non ?

15 mai 2011

Chacun son festival

Jeudi dernier, 3h42. Presque aussi pétocharde que Mélanie Laurent la veille au soir mais nettement moins griffée, je saute dans ma décapotable pour vivre le xième épisode de mon feuilleton terrestre. Il fait nuit noire, pas un chat en vue. Hantée par ma lecture en cours, je m'enferme à double tour et mets France Inter pour me sentir moins seule. Allez savoir si mon destin ne pourrait pas basculer, là, d'un coup de fil d'acier. Les rues de mon bled du double four sont tout autant sordides et peut-être même aussi dangereuses que celles de Londres en 1880.

Soudainement, je réalise que je fais enfin partie de la France qui se lève tôt. Submergée par une sorte de fierté patriotique, je m'égarerais presque dans un "Alons enfants de la patrie..." tonitruant quand une pensée émue pour mon PDPA-bien-aimé m'assaille. Et s'il lui venait ce désir fou de m'accrocher la Légion d'Honneur ? Décaniller à 3h06 pour nourrir le bon peuple français, si c'est pas un service rendu à la nation, alors je ne m'appelle plus Cocotine.

Noyée dans mes fantasmes à deux balles, j'abats tranquillement mes 4 kilomètres et aperçois enfin le filet de lumière tant convoité. Il est temps de me garer et j'hésite quelques secondes. Trop de choix. Il faut bien qu'il y ait un avantage à roder dehors à cette heure inhumaine. J'attrappe mon fourre-tout et descend héroïquement de ma voiture. Je longe la devanture et tourne à droite. Au fond du coupe-gorge, une porte vitrée douteuse est éclairée. Je toque poliment. Mon nouveau patron, la mine un peu défaite et la tignasse en bataille, me salue et m'accompagne dans un cagibi exigu donnant sur des toilettes.

A 3h56, toute de blanc vêtue et sans aucun artifice superflu, je monte enfin les marches du fournil sous les éclairs aveuglants des néons.

Enfin sur les lieux du crime.

Le premier rôle est peu bavard et du genre taciturne. Habilement et méthodiquement, je le crible de questions. Sur ses gardes, il divulgue ses secrets au compte-gouttes et acculé, m'avoue tout à trac que de toute façon, il n'aime pas la boulangerie. Trop répétitif et pas créatif. J'en suis pour mes frais. Apparemment, j'ai parié sur le mauvais cheval.

Le second rôle est à lui seul un monument de la profession. Sanguin jusqu'au bout des ongles, il jure sans arrêt et se donne un genre canaille en tapant dans les portes quand il est contrarié. A coup sûr, sur ses vieux jours, il aura son hommage à la cérémonie d'ouverture. Le pantalon plissé sur des chaussures gentiment trouées, il dévoile ostensiblement son bedon arrondi et quelques centimètres d'un sillon fessier foisonnant. Je me donne alors comme impératif de ne plus jamais baisser les yeux au-delà d'une certaine limite.

C'est l'heure sacrée des cuissons. Pains divers et viennoiseries vaporisées sont englouties par un four géant d'un côté et son pendant à bois de l'autre. D'abord en observation, le patron me tend soudain la lame de rasoir et à 4h46 précises, d'un geste mal assuré, je signe ma première baguette ordinaire.

Rapidement, je me retrouve à dégazer, souder, façonner de la flute. Puis, tel un tueur aguerri, je brandis le coupe-pate et effectue de multiples pesées. Le gigantesque pétrin agite ses bras derrière moi. Mes neurones s'emmêlent et j'essaie de comprendre où débute et quand se termine le processus de fabrication des dizaines de pains que je vois défiler.

Mon enquête minutieuse de ces dernières semaines m'est heureusement fort utile. Face à ces deux professionnels, il s'agit de ne pas se laisser impressionner et montrer que j'en ai sous le capot. Poolish, autolyse, poussée lente, apprêt, toutes mes récentes découvertes m'aident à garder la tête haute.

Vers 6 heures, un troisième personnage entre en scène : la jeune pâtissière. Apprentie de son état et sur le point de passer son CAP, elle ne me paraît être la cible idéale pour entamer une causette entre filles. Je suis déçue. Aussi brute de décoffrage que ses deux collègues, elle me renvoie vite dans mes buts en m'expliquant qu'elle déteste la pâtisserie, qu'elle se moque d'avoir son diplôme et qu'elle va tout laisser choir à la rentrée. Je bats en retraite.

La pendule tourne. Il est 6h45. Avec un quart d'heure de retard sur l'horaire affiché, la boulangère lève le rideau, dans sa petite blouse fleurie. Une poignée de clients commence à débarquer pour s'offrir un pain au chocolat tout chaud ou une ficelle qui chante, sans avoir la moindre idée de ce qui se trame en coulisses, les bienheureux.

L'intrigue prend alors une autre tournure lorsque je me mets à analyser les éléments du décor. Roger Harth est à la retraite. Ca se voit. L'état des murs, les salissures du carrelage, les fenêtres rafistolées et la poussière sous le tapis laissent à penser que le maître des lieux n'est pas une fée du logis et si quelque chose me révulse, c'est bien la négligence dans l'alimentaire. Pour garder un esprit sain, je décide de fermer les yeux sur la scénographie ratée.

Ca vaut mieux car un grand moment de vie m'attend au tournant. C'est la pause. Pas davantage de propreté dans le coin pâtisserie, une cafetière glauque et un micro-ondes maculé trônent sur un plan de travail désordonné. Heureusement, j'ai ma bonbonne de thé en bandoulière. Je crève de faim et m'attend à un service haut de gamme avec farandole de pains et viennoiserie dorée. Amère déception. Le patron apparaît avec une vulgaire baguette et commence à se faire une tartine sans aucune sollicitude pour l'équipe. Obligée de quémander, je me retrouve avec un malheureux bout de pain blanc à me mettre sous la dent. Quand je pense aux souvenirs de jeunesse de mon Léon qui, lui, se voyait offrir des sandwiches luxueux chez Mulot, je me dis qu'il n'y a vraiment pas de justice.

La conversation va sûrement combler mes manques, habituée que je suis à passer mes mercredis soirs dans les bras de Guillaume Durand face aux français ou à veiller jusqu'à pas d'heure avec FOG le vendredi pour me gargariser de la semaine mythomane de Nicolas Bedos. Mais ça parle essentiellement clubs de foot, sujet qui, il faut bien l'avouer, me laisse totalement de marbre. Le langage est fleuri, voire carrément grossier mais bonne pâte, je participe dans la limite des mes moyens. Heureusement, la radio qui hurle sert à mes compagnons l'occasion inespérée de partir sur un nouveau terrain et vient alors cette question métaphysique :

- Eh, toi, qu'est-ce-que tu ferais si tu gagnais l'Euro Millions ?

S'en suit une énumération de marques de voitures de luxe, puis, dans un élan de coeur, l'un d'eux interpelle le patron :

- Vous donneriez pas un peu aux pauvres ?

Et là, la replique vole, agrémentée du ton ad hoc :

- Les pauvres, y peuvent aller crever !

Et emballé par le sujet, ce héros du commerce de proximité explose d'un éclat d'humanisme :

- Ah non, j'achète un bateau, je fous tous les bougnoules dessus et je l'envoie au large !

Les deux jeunes ricanent bêtement. Au bord de l'évanouissement, je déglutis et classe ce film médiocre en série B.

Les deux projections suivantes me confortent dans mon jugement. Certes, le réalisateur me laisse mettre la main à la pâte sans me cantonner à la plonge ou au balayage, ce dont je lui serai certainement éternellement reconnaissante, mais dans quelle panade je suis encore allée me fourrer ?

A 11h06 ce matin, en repassant par le fournil pour saluer les deux compères, j'entends qu'ils sont encore en train de s'époumoner vertement au aujet d'équipes de deuxième division et je leur lance :

- Encore sur le foot ?

Et là, avec une verve qui n'appartient qu'à lui, mon patron me rétorque :

- Ah ben, c'est ça ou le cul !

Affligée, je lui réponds calmement :

- Ah bon... Eh bien, faites ça quand vous êtes tous les deux mais, pas en ma présence.

Et trois pas plus loin, j'ajoute entre mes dents :

- Pitié !

Sur cette happy end, le rideau est enfin tombé sur mes trois premiers jours d'EMT. Et dire que je suis supposée y retourner cette nuit et mercredi pour boucler mes 35 heures de bénévolat. Pour supporter autant de crétinisme, je devrais quand même être payée ou moins recevoir un pain quotidien en cadeau. Même pas. Tous les matins, je regarde avec tristesse la miche que j'aurais pu manger la veille au soir et qui croupit dans le sac des malheureux invendus.

Mauvais casting, mauvais scénario, mauvais décor, mauvaise musique. J'ai peut-être une chance aux Gérard.

J'irais bien passer une petite semaine à Cannes, moi.

13 mai 2011

Alive

Je viens ce soir rassurer les plus anxieux d'entre vous.

Je vis toujours.

Et d'ailleurs, je suis en train de vous concocter un petit compte-rendu de ces premiers jours. Mais vous imaginez bien que maintenant que je fais partie des actifs, j'ai beaucoup moins de temps pour venir batifoler sur mon blog. Ca ne m'empêche pas de penser à vous.

Bon... euh... comme appelle-t-on

cette habitude de bureaucrates déjà...

ah oui... WEEK-END !

Moi, cette nuit, j'y retourne...

DSC_2235

Publicité
<< < 1 2 3 4 5 6 7 8 9 > >>
Publicité