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Le petit monde de Cocotine
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26 juin 2012

Le baratin du 26 juin 2012

Si vous avez la bravoure de suivre mes aventures ou si vous furetez de temps à autre dans le tag "job wanted", vous savez déjà que je suis l'heureuse titulaire d'un concours de catégorie C de la Fonction Publique Territoriale et que ce formidable sésame ne m'a absolument rien apporté à part trois petits contrats temporaires en deux ans.

En septembre 2010, j'ai d'abord récolté une embauche d'un mois pendant lequel j'ai gentiment répondu aux usagers exaspérés de voir leur collecte de poubelles passer de deux à une fois par semaine jusqu'à me faire traiter de sale-fonctionnaire, moi qui ne l'était même pas (à revivre ICI, LA, LA et LA pour le fun).

Mon travail a été loué et j'ai été chaudement remerciée.

Puis, j'ai végété en tentant de trouver mon bonheur dans la poignée d'annonces qui paraissaient sur le site du CDG et lorsque que, par miracle, l'une d'elles collait à mon parcours, je m'empressais de proposer ma candidature pour qu'elle soit au final refusée sans ménagement et sans explication. Sauf une seule fois où j'ai été reçue par un jury qui en a choisi une autre en me rassurant d'un si-ça-n'avait-pas-été-elle-ç'aurait-été-vous, ce qui m'a fait une belle jambe.

En juin 2011, j'ai fêté ma première année de recherche infructueuse dans la FPT et tout en gardant mon espoir de trouver un poste intact, j'ai commencé à m'interroger sur les méthodes de recrutement brumeuses qui avaient l'air d'y être pratiquées.

Un an plus tard, une collectivité m'appelait pour un autre contrat d'un mois où j'ai, dans les premiers jours, sorti six sacs de vieilleries que la fonctionnaire-propriétaire des lieux n'avait certainement pas eu le temps de trier depuis 2003 ou 2005, et dans ceux qui ont suivi, touché le fond (à revivre ICI, LA, LA et LA pour le fun).

Mon travail a été loué et j'ai été chaudement remerciée.

Et comme l'adage jamais-deux-sans-trois marche à tous les coups, en novembre 2011, les portes d'un eldorado s'ouvraient à moi sous la forme de six mois de précarité qui seraient en fait prolongés de deux, au même endroit, mais dans un service différent (à revivre ICI, LA, LA, LA, LA, LA et même LA, pour le fun).

C'est ainsi qu'à l'heure des tablettes et des smartphones, j'ai passé des heures interminables à reconstituer et remplir

à la main

les 267 dossiers qui n'avaient pas été touchés depuis parfois 30 ans, dans la bonne humeur certains jours où je faisais tourner la méthode Scarlett à plein régime, et dans un questionnement sans fin rempli de mais-qu'est-ce-que-je-fous-là et ils-vont-avoir-ma-peau-ces-cinglés, les autres.

Car la cerise sur le gâteau, c'est que je suis tombée dans une équipe dirigée par un trio explosif composé d'un big manitou qui déboule la gueule enfarinée le matin à 9h07 en disant génial-c'est-vendredi ou ouf-je-suis-bientôt-en-vacances et qui, vingt minutes plus tard, déserte en annonçant ben-moi-j'ai-besoin-d'un-café, et de ses deux sbires, l'un qui fait régulièrement dans la tragédie grecque et qui essaie de rallier les autres à sa lourde cause, et l'autre qui traîne son existence en pleurnichant j'en-peux-plus ou en clamant arbeit-macht-frei.

Autant vous dire que le xième degré était la condition sine qua non pour rester à peu près saine d'esprit et toucher mon SMIC mensuel.

Surtout que le lendemain même de mon entrée dans les lieux, j'étais informée que tout l'étage ou presque cherchait à se faire la malle.

Du plomb pour la motivation.

Pendant des mois, mon empathie naturelle et complètement niaise m'a porté vers les uns et les autres et j'ai vraiment livré bataille pour essayer de décoder leurs systèmes diaboliques. Certains enfants gâtés ont même poussé le culot jusqu'à venir pleurer dans mon giron sans apparemment se rendre compte que l'oreille attentive dont ils abusaient sortait de, et allait, elle, retourner à Pôle Emploi.

Le nombrilisme rend aveugle.

Pas étonnant, donc, que trois des agents ayant officié à l'étage aient pris la poudre d'escampette au bout de quelques mois pour aller voir ailleurs si l'air était plus sain.

Trois postes à pourvoir sont, du coup, passés sous mes yeux en neuf mois.

Mais juste passés.

Car sur trois dossiers de candidatures déposés, l'agité qui sert de recruteur en a écartés deux sans même avoir le courage de m'en informer directement - et alors que je planchais intra muros -, et de guerre lasse, j'ai décidé de retirer la troisième, l'ambiance pathétique qui régnait me semblant invivable à long terme.

Quand le premier crache sur le deuxième derrière son dos, le deuxième déblatère devant témoins sur le troisième et le troisième avoue en catimini son impuissance à maîtriser la situation. Ca n'empêche aucunement tout ce joli petit monde de se barrer bras-dessus bras-dessous à la machine à café en riant à gorge déployée. Situation absolument incompréhensible pour le zèbre que je suis.

Autant dire que dans ma quête d'honnêteté, di'ntégrité et de sincérité, j'ai salement morflé pendant ces longs mois à tenter de me faire accepter par ce groupe de titulaires ou de stagiaires qui pratique l'entre-soi et qui s'est allégremment moqué de moi et plus encore de mon pourrissement sur liste d'aptitude.

A chaque fois que j'ai demandé poliment des explications sur le fait qu'apparemment, mon concours n'avait aucune valeur à leurs yeux, arguant qu'au CDG et même au CCAS, on m'avait dit que même s'il ne signifiait pas recrutement, il devait, logiquement, me propulser sur le haut de la pile, j'ai essuyé des mais-je-me-moque-de-savoir-ce-qu'on-vous-a-dit-au-CDG-ou-au-CCAS et des on-vous-a-embauché-pour-une-mission-et-c'est-tout qui m'ont projetée plus bas que terre. Et le plus croustillant, je l'ai sans doute vécu le jour où dans un élan de grâce, le grand maître du service m'a assassinée d'un de-toute-façon-les-annonces-sur-Cap-Territorial-elles-sont-toutes-fausses.

Essaie de sortir la tête hors de l'eau et tu recevras une brique sur le crâne.

Dans ce service, aucun fonctionnaire de catégorie C n'avait le concours.

Pour corser le tout, le marteau piqueur a joué ses gammes juste au-dessous du lino 40-ans-d'âge, créant une panique générale et démontrant le manque d'efficacité de la direction et des élus à anticiper une situation prévue depuis des mois (il paraît qu'ils avaient juré leurs grands dieux qu'il n'y aurait pas de nuisances sonores) et que moi, dans mon registre nettement moins politiquement correct, j'appelle du foutage-de-gueule.

Après m'être fait insulter par l'hystérique de service, traiter de "vieille" par le provocateur limite pervers et aboyé dessus par le tellement-paralysé-par-ses-peurs qu'il serre les dents à tout bout de champ et devient violent,

j'ai fini par lâcher le morceau

et n'ai plus décroché un  mot.

Vendredi dernier, alors que j'étais complètement seule à l'étage puisqu'ils étaient tous partis fêter la fuite prochaine de l'un d'entre eux - le troisième déserteur en un an - le marteau piqueur a soudain réapparu après des semaines de silence.

J'ai tenu un certain laps de temps avec des boules Quies vissées dans les oreilles, puis, n'ayant plus rien à perdre ni à gagner, je me suis sauvée aussi discrètement que j'étais arrivée.

Mon travail a été loué et je ne les ai pas remerciés.

Résultat des courses : comme-qui-dirait,

j'ai pris dix ans.

Alors, pour l'instant, et même si on m'a juré-craché que ce n'était pas comme ça partout et que je n'avais pas eu de chance - sans blague -, ne venez surtout pas me parler de Fonction Publique Territoriale.

J'en suis à digérer, à classer et à deleter les informations qui me polluent les hémisphères en attendant ma dernière feuille de paie et mon attestation Pôle Emploi, sans pour autant adhérer à ce que m'a lancé un collègue hier matin, alors que d'une mine décomposée, je lui annoncais que j'allais ficher le camp plus vite que mon ombre : "Ben au moins, t'auras gagné quelques mois d'Assedic".

En tout cas, je tiens là la preuve que

Bouddha veut ma peau.

A moins qu'il ne se tue à me faire comprendre que je ne serai jamais fonctionnaire et que du coup, je rejoindrai dans un an la liste des reçus-collés du double-four (15,19 % recensés en 2011).

D'ailleurs, pour me distraire, je lis le rapport de l'IGA (Inspection Générale de l'Administration) paru en mars 2012 et relatif à la situation des lauréats "reçus-collés" aux concours de la Fonction Publique Territoriale que m'a gentiment envoyé ma copinaute Eternalia, histoire d'être moins cruche et de voir écrit noir sur blanc qu'ils sont tous parfaitement conscients des dysfonctionnements du système, et ce, depuis très longtemps.

Vous savez quoi ?

A l'heure où je viens de renouveller mon inscription sur la liste d'aptitude pour la troisième et dernière année,

j'ai perdu trois kilos.

Ca tombe bien, pour le maillot de bain.

Bonne journée à tous !

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20 juin 2012

Le baratin du mercredi 20 juin 2012

Ce matin, à 8h12, cinq poils se languissaient dans ma baignoire.

Pas la peine de ricaner.

Car à la radio, j'ai entendu qu'en général, ce sont les femmes qui se précipitent chez leur avocat en criant au-secours-là-ça-va-plus-être-possible et que la raison majeure de leur infinie lassitude vient de négligences du quotidien qui s'apparentent finalement, dans leur esprit probablement étroit, à un manque de respect.

Et seules celles qui ont quitté définitivement les six, voire les dix-huit premiers mois de passion dévorante sur lesquels on parie sa fortune, et surtout sa vie, que l'homme charmant, prévenant et aimant qui nous regarde avec des yeux de merlant frit aura exactement la même fougue vingt ans plus tard et rebouchera son tube de dentifrice sans moufter, savent de quoi je parle.

Touchez-en un mot à Vanessa Paradis, je parie qu'elle a son avis sur ma théorie.

Mais revenons donc à mon mouton.

Parce que le domicile congujal figurait par hasard sur son planning entre Strasbourg et Aix-en-Provence - la vie est quand même bien faite -, Léon-le-prodige a déboulé à la maison hier soir à 21h06 pour me livrer son compte-rendu des deux jours écoulés dans la quiétude d'une bourgade alsacienne.

Comment vous dire ?

A chaque fois que je l'écoute, j'en viens à lui déclarer ma flamme d'un :

change pas, t'es ma mine d'or.

Car figurez-vous qu'après avoir mangé Miss Cocotine de bisous en lui répétant je-t'aime-ma-fille-d'amour et m'avoir rassuré d'un à-bientôt-ma-petite-femme, Léon est parti tout de crème vêtu en persiflant : "T'as vu, je suis très beige en ce moment et d'ailleurs, hier, je me suis baladé dans une BMW dont le cuir était assorti à ma tenue" - de l'autenthique, du pur, du grand Léon -, et ce,

pour une convention de commerciaux.

Et hier soir, alors que je me balançais dans une espèce de demi-hamac reçu en cadeau de ses ex-collègues éplorés - et qui fait mon bonheur depuis que je l'ai déhoussé et accroché au cerisier -, Léon m'a raconté qu'il avait appris que le fameux meeting avait fini en joyeux foutoir il y a quelques années car l'un des organisateurs, sûrement un boute-en-train, avait eu cette idée cocasse de servir aux protagonistes un verre de tord-boyaux qui leur avait sauvagement attaqué le cervelet.

Là, celles qui me connaissent bien ont déjà deviné que mon sourcil gauche a bondi au plus haut pour ne jamais réatterrir.

Et pour cause.

J'ai, moi aussi, fait partie d'équipes de vente débridées dans une vie préhistorique et je sais exactement vers quels instants de communion ce genre de grands moments de fraternité peut mener.

En refermant la porte à 8h34 sur un Léon hilare, je me suis demandée quand Pôle Emploi se déciderait enfin à m'inviter

à un séminaire de losers

pour me jeter un petit godet de gnôle derrière la cravatte et guincher jusqu'au bout de la nuit.

Une idée à vendre à Michel Sapin.

11 juin 2012

Le baratin du lundi 11 juin 2012

Rien de tel pour redynamiser son couple que de vivre à 300 kilomètres l'un de l'autre. La semaine a passé sans anicroches et Léon-le-garçon a réintégré le caravensérail conjugal vendredi soir avec sa Samsonite élimée et son duvet à laver en déclamant :

Vous m'avez manqué !

Une boite de Rennie pour désintégrer le noyau de colère qui continuait à bouillonner en moi et j'étais tout ouie pour écouter ses aventures extravagantes, les ponctuer d'onomatopées retentissantes et poser quelques questions intelligentes.

La femme parfaite.

Jusqu'à ce que Léon, dans un élan d'enthousiasme, nous intime l'ordre de nous asseoir dans le canapé usé pour visionner le-film-sur-la-société-où-Papa-travaille-maintenant et dans lequel, en bon zèbre qui se respecte, je n'ai vu que sympathique propagande.

Tout à sa joie d'être l'un des nouveaux maillons de cette chaîne fantastique et immergé dans le tout-nouveau-tout-beau, Léon ne s'aperçut pas un instant de la portée de la phrase qu'il allait me coller dans le dentier :

Tu vois, j'ai bien fait d'y aller.

Là, mes deux hémisphères se sont téléscopés et j'ai marqué un temps d'arrêt.

Pourquoi diantre avais-je été assez cruche pour ne pas, moi aussi, chercher un job faramineux à plusieurs centaines de bornes de chez moi, en 2006, 2007, 2008, 2009, 2010, 2011 et 2012, tout en jurant à Miss Cocotine et à son père que c'était vraiment trop dur, de vivre sans eux ?

Avant même que je ne trouve une réponse décente à cette question fumante, Léon est reparti avec son nouveau chameau.

Le plexus en lambeaux, j'ai repris le chemin de ma collectivité à deux balles où depuis que le psychopathe qui loge dans mon bureau m'a aboyé toute sa haine, j'entrevois enfin que ce concours est sans doute une erreur d'aiguillage et que, s'il est question de moisir d'ennui avec des crétins pareils, autant me laisser mourir tranquillement dans l'étroitesse de ma-panoplie-fripée-de-MAF-totalement-dévouée-à-Léon-et-à-ses-ambitions.

Y'a pas un proverbe arabe qui dit : Dans la peine, ne demandez pas conseil à celui qui est heureux ?

Surtout s'il court de l'Ibis de Massy-Palaiseau à celui de Strasbourg.

Moi aussi, ce soir, j'ai comme-qui-dirait une envie d'évasion. Justement, la Lufthansa, que je n'ai pas sonnée d'ailleurs - pas plus que tous ceux qui viennent par dizaines polluer ma boite mails - m'informe que je n'ai " Plus que 2 jours pour des places supplémentaires à destination de Berlin à 49 euros*".

Berlin, ça me changerait du bled, non ?

17 mai 2012

Le baratin du 17 mai 2012

Sans doute à cause du bouleversement qui vient d'avoir lieu dans l'hexagone, je n'arrive plus à aligner deux mots depuis dix jours. Ce déversement de normalité après des années d'hyper-activité, ça m'a flanqué un coup au moral et quand j'ai vu notre ancien président prendre le tapis rouge dans le mauvais sens, j'ai presque failli chialer dans mon canapé usé.

La dépression post élections.

Et puis, lorsque j'ai constaté, ébahie, que celui qui descendait les Champs Elysées en C5 hybride était déterminé à mouiller sa chemise, j'ai finalement repris goût à la vie. Après tout, cette touche sobre, c'était pile poil ce dont je rêvais lorsque j'assistais, penaude, aux frasques des Morano-Besson-Lefebvre. La vie de la République était enfin redevenue

normale,

quoi de plus palpitant ? Totalement rassurée quant à la prochaine réussite de mon pays bien-aimé, j'ai replongé le nez dans mes 65 grammes de purée-jambon et-pas-plus-sinon-je-vomis, rapport à la tourista violente que j'ai attrapée dans le Morbihan et qui m'a collée une mine de papier mâché pendant deux jours.

Bercée par la certitude de n'être plus considérée comme un parasite de la société au vu du projet de suivi des demandeurs d'emploi récemment proposé par Pôle Emploi, je suis toutefois partie dans des spéculations sans fin. Après huit mois de bons et loyaux services dans la Fonction Publique Territoriale du double four* et compte-tenu de mes antécédents douteux estampillés très-longue-durée, dans quel clan allais-je être propulsée :

1 - les recasables puisque juste expulsés, gentiment décrits comme "proches du marché du travail et autonomes"",

2 - les moit'-moit', comme dirait Miss Cocotine, qui végètent un peu, mais pas trop, et qui ont donc "besoin d'avoir un appui régulier",

3 - ou les gros losers comme je l'étais il n'y a pas si longtemps et qui, eux, bénéficieront de "l'accompagnement renforcé".

Telle était la question que se posait la fille normale que je pensais être quand tout-à-coup, lundi soir, en passant derrière un Léon du genre fesses-scotchées-au-club-entre-20h-et-20h30 pour aller superviser un brossage de dents qui oscille encore entre douze secondes et douze minutes à huit ans et deux mois malgré un plan de formation bien verrouillé, j'ai capté cette phrase :

"Dès qu'on touche à ce qui est de l'ordre du commercial, c'est-à-dire faire prendre des vessies pour des lanternes - là, vu mon back-ground dans les milieux de la vente, j'ai mis mes oreilles en mode doberman-au-taquet - je me retrouve totalement inhibé, je ne sais pas faire. La relation avec les autres, elle doit être honnête, elle doit être franche, elle doit être profonde, elle doit être intense et dès qu'on est dans un autre registre... alors professionnellement, c'est une catastrophe."

Là, j'ai stoppé net. Ce type était mon clone et il fallait de suite en informer Léon d'un tu-vois-je-pense-exactement-comme-lui suivi d'un c'est-pour-ça-que-je-n'arrive-à-rien censé tout expliqué sur mon mal être récurrent et mes échecs permanents, et m'enquérir du sujet abordé d'un c'est-quoi-ce-truc-? que ledit Léon ponctua d'un

c'est sur les surdoués.

Concluant d'un ben-voilà-c'est-ça-mon-problème désabusé, j'ai grimpé mon escalier en me demandant ce que mes parents avaient bien pu coller dans le cocktail pour en arriver à me créditer d'un QI détecté par trois fois comme étant bien au-dessus de la moyenne, découverte à ce point glamour qu'elle m'a valu d'être ensuite regardée comme un alien rose à pois rouges avec LED intégrés par les découvreurs en question.

Et c'est mardi que cette histoire à deux balles est revenue sur le tapis. Mon toubib, à qui je venais juste demander du Tiorfan, s'est mis à tout me déballer sur l'une de ses patientes qui, à la suite d'un harcèlement personnel suivi d'un professionnel, a sombré dans la dépression pendant dix ans, et qui a remonté la pente brillamment après avoir découvert que son malaise venait du fait qu'elle avait un QI élevé. Et de conclure que, du coup, elle avait repris ses études et qu'elle était en passe de devenir juge.

A la pensée du bureau minable dans lequel je crève à petit feu depuis des mois, cette histoire, si positive soit-elle, m'a plombée, et je m'en suis voulu de n'avoir jamais eu, moi aussi, ce déclic insensé.

Le soir venu, sans conviction et pour alimenter la conversation, j'ai tout exposé à Léon, qui, saisissant à pleines mains la perche qui lui était lancée, m'a rétorqué :

Bon, alors, quand est-ce que

tu reprends tes études ?

Agacée par cette bouse ayant atterri sur mes plantes-bandes déjà bien crados, j'ai décidé de bouder, et toute seule dans mon coin, je suis partie en quête d'informations sur ces 2% de la population qui semblaient plutôt se débattre que d'exploiter pleinement ce cerveau conçu bizaremment.

J'ai alors découvert que ma zone frontale et ma zone pariétale avaient apparemment des problèmes de liaisons trop rapides et la gentille voix off de ce reportage diffusé lundi dernier sur France 2 m'a confirmé qu'un QI élevé n'était pas gage de réussite. Il était d'ailleurs annoncé qu'un tiers de cette population triomphait à l'école, un tiers naviguait dans la moyenne et l'autre était en échec.

Mais c'est bien plus la fin du reportage qui a perturbé ma bande de neurones dégingandés, car il était expliqué que certains gros QI souhaiteraient que leur handicap soient aujourd'hui reconnu.

Là, j'ai pris peur. Moi qui crèvais d'envie d'être hype, j'allais ainsi peut-être être tamponnée :

anormale

au moment même où le fait d'être normal devenait supra-hyper-mega tendance.

C'était vraiment trop injuste. Alors, j'ai continué mon enquête et au fond des archives de RTL, je suis tombée sur un témoignage rassurant : une fille qui en avait bavé toute sa vie en raison d'un cerveau au fonctionnement aussi insolite que le mien, et qui avait enfin trouvé sa voie en patinant des meubles.

Mon avenir s'est soudain illuminé. Après tout, patiner étant un art dans lequel j'excellais après des années de recherche d'emploi effrénée, j'allais enfin pouvoir annoncer à la terre entière, et surtout à Léon, que j'entreprenais une énième reconversion.

Le tout étant de ne pas tomber dans le cirage.

Bon week-end avec ou sans pont,

et merci mille fois

de m'accepter malgré mes tares.

26 avril 2012

Le baratin du jeudi 26 avril 2012

Si j'osais, je viendrais bien vous raconter ma semaine pathétique mais j'ai peur que vous ne me preniez pour une pauvre mythomane qui en rajoute des caisses pour se faire remarquer.

J'ai beau persévérer dans le qi gong et me masser le plexus avec des huiles essentielles, je sens que mon dossier reste scotché sur le bureau de Bouddha avec ce post-it jaune vif : "La pousser au meurtre, elle prendra perpète, se pendra en taule et là, on pourra enfin l'expédier chez les écureuils de Regent's Park. MAIS PAS AVANT."

Figurez-vous que Léon le champion a commencé gentiment à se demander où il allait bien pouvoir crécher dans le forty-one. C'est pas le tout de faire sa star en quittant le domicile conjugal la fleur aux dents, faut assumer. D'abord affreusement tenté par un mobil home 13 ans d'âge avec TV dans un camping deux étoiles au bord d'un lac, ce qui lui aurait permis de pêcher les soirs de blues éventuel, il a finalement craqué pour une piaule chez les curés.

Oui, je me doute de l'effet massue. Ma copine Vanessa a cru que c'était une blague à deux balles.

Que nenni.

Une cellule sans télé.

Mais avec demi-pension.

Là, j'ai senti comme un reproche dans ses yeux gourmands et j'ai mesuré toute la frustration du gars que je nourris, depuis que je suis une femme hyper active et super brillante, au haricot vert extra fin et à l'épinard en branches made in Picard.

Mes neurones se sont emballés et l'air hagard, j'ai tenté un mais-qu'est-ce-que-tu-vas-faire-le-soir-sans-télé-? auquel Léon, narquois, a répondu sans se démonter :

Je vais faire une retraite spirituelle.

Venant d'un matérialiste pure souche et parfois pire qu'une péroxydée à carte bleue greffée au bout du bras, la remarque ne manquait pas de sel.

Dépassée par ses décisions loufoques mais relativement rassurée par le site de ladite communauté sur lequel de petites cloches surréalistes remuent gentiment leurs ailes, j'en suis arrivée à la conclusion que cette sage décision ne lui ferait pas de mal et je suis revenue à mes moutons, c'est-à-dire à mon petit boulot à deux balles.

Comment vous dire ?

Alors qu'on attaquait bravement le cinquième jour sans chauffage avec 14° au thermomètre et que, pendant que mes petits camarades se promenaient dans les couloirs, l'un avec un bonnet vert pomme, l'autre avec son manteau d'hiver par-dessus son blouson d'été et que je me calais contre mon tas de graines de lin passées au micro-ondes de la cafet' orange seventies, les marteaux piqueurs et les coups de masse sont venus, d'un coup d'un seul, rappeler à toute la troupe que les travaux de rénovation du rez-de-chaussée venaient officiellement de démarrer.

Entre les murs qui tremblaient et les collègues qui pétaient les plombs, j'en ai appris des vertes et des pas mures sur la manière dont cette non-anticipation avait été soigneusement programmée.

Impossible de vous décrire la matinée qui a suivi, vous ne me croiriez pas. Entre une crise de rire et une séance d'effarement, j'ai baptisé l'épisode number 135 de ma vie de novice dans la FPT* :

Au-delà du réel.

La direction nous a cordialement invités à prendre un café et proposé de nous fournir des bouchons d'oreille. Puis il a été question de déménager à droite, à gauche, histoire de briller dans le last.minute.com.

Aujourd'hui, j'ai traversé ma journée assise sur ma bouillotte et emmitouflée dans une polaire, avec Agnès Obel dans les oreilles pour essayer d'oublier que les ouvriers avaient fougueusement entrepris de défoncer le sol juste au-dessous de mon fauteuil troué.

Eh bien, moi, ce soir, je me dis

njut, njut, njut* !

Ces bouffonneries me mettent le coeur en joie. Et dire qu'il y en a un qui claironne que ce n'est même pas un

vrai job,

quand il ne pointe pas d'un doigt féroce les joyeux lurons que j'irai, dans deux mois, rejoindre à Pôle Emploi.

Après tout, je m'en tape le coquillard que les qui-savent-tout-sur-un-chômage-auquel-ils-n'ont-jamais-eu-la-chance-de-goûter se mettent à déblatérer sur mon compte. 60 jours à ce tarif-là et

je serai sourde.

Craché, juré, tout ça, c'est vrai.

* Fonction Publique Territoriale

* ça se prononce nioute, nioute, nioute - c'est juste pour vous faire croire que je suis bilingue suédois - et ça veut dire profiter, désirer, découvrir, vibrer, s'éclater, délirer, rêver, découvrir, jubiler ...

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2 avril 2012

Le baratin du lundi 2 avril 2012

Quand, entre les fêtes, cette proposition de poste dans le forty one est venue atterrir dans ma vie comme un cheveu sur la soupe, il faut bien avouer qu'avec Léon, l'ambiance est devenue aussi tendue qu'entre Le Pen et Mélenchon.

C'est dire.

Et puis, allez savoir pourquoi, Bouddha a dû se dire qu'il chargeait un peu trop la mule, j'ai vu débouler Ninon' mum sur mes pages virtuelles, une sorte de Jeanne d'Arc du 41, armée jusqu'aux dents et prête à en découdre avec quiconque dirait du mal de sa région. Quelques échanges plus loin et je m'apercevais avec stupeur que dans sa malle, se cachait un copié-collé de notre histoire personnelle, si extravagante et si palpitante.

Là, je me mise à croire au destin et de fil en aiguille, j'en suis venue à la conclusion que le Loir-et-Cher pouvait finalement avoir un certain charme, ce dont j'étais déjà persuadée, mais sans jamais avoir eu l'intention d'y passer plus d'un week-end.

Malgré tout, au plus profond de mon petit être fragile, je me disais que si Léon ne remportait pas le trophée, ma vie s'en verrait amplement simplifiée. Traumatisée par mes enquêtes minutieuses sur ce coin de France, j'en étais même arrivée à trouver mille milliards de qualités à mon bled du double four.

Et pourtant ce qui devait arriver arriva :

Léon a décroché le pompon !

Et après l'avoir chaudement félicité pour sa ténacité et sa victoire, je suis tombée dans une période comme-qui-dirait bipolaire. Un jour, j'étais emballée par l'idée de tout flanquer à la benne pour tout reconstruire à 300 kilomètres et le lendemain, j'envisageais de brader Léon et ses ambitions faramineuses tressées en collier.

Sans parler des nuits où les effroyables prédictions de Philippe venaient me hanter. Je me voyais dans 20 ans en train de guetter les voitures qui passent, sur mon perron, un fichu sur la tête, un châle en tricot sur mes épaules, des sabots aux pieds, des bigoudis, du poil au menton et marmonnant "On dirait qu'ça t'gêne, de marcher dans la boue, on dirait qu'ça t'gêne de dîner avec nous".

Finalement, mon dos s'est bloqué, mes cervicales se sont pétées, mes clavicules se sont coincées et mes bras se sont tétanisés. Autrement dit, entre une corvée de dossier et une séance de kiné, je traîne comme un boa qui aurait des problèmes gastriques et même mon bien-aimé Thomas Legrand n'arrive plus à me passionner pour les frasques des supposés grands de l'hexagone.

Léon a signé, et demain, Léon va démissionner. Et en mode à-chaque-jour-suffit-sa-peine, je me suis définitivement connectée.

Vous savez quoi ?

Je suis à deux doigts de flanquer mes SMIC dans une croisière Costa.

13 mars 2012

Le baratin du lundi 13 mars 2012

Ce soir, j'ai comme une envie de me faire plaindre et puisque les fées - encore elles, ces grosses flemmardes - n'ont pas doté Léon de la moindre compassion envers le chômeur de longue durée, je me vois contrainte de rappliquer ici pour quémander du réconfort.

Car figurez-vous qu'au bureau, trois de mes petits camarades de jeu sont, depuis deux semaines, sur des charbons ardents.

Et pourquoi donc, allez-vous me demander ?

Allez, dites le !

OK, c'est cool.

Eh bien, tout simplement parce que, demain à 13 heures, ils passent le concours d'adjoint administratif de 1ère classe. Le même exactement que celui que j'ai

depuis un an et huit mois.

Et là, vu qu'ils sont tous embauchés définitivement alors que je moisis doucement mais sûrement sous contrat à durée limitée - je radote au cas où vous auriez oublié ma déconfiture et pour briefer les petits nouveaux qui doivent absolument savoir à quel point ma carrière professionnelle sent le souffre - je dois vous avouer que j'en bave des ronds de chapeau.

Et pourtant, au prix d'un effort incommensurable, je les ai écoutés, rassurés et encouragés poussant même jusqu'à répondre à des questions d'orthographe :

"Toi qui es bonne en français - je leur ai dit que j'avais eu 16,81 de moyenne - je n'ai jamais su si on disait à l'intention ou à l'attention de quelqu'un ?"

J'ai expliqué bravement tout en me disant que ses quinze jours de révision, à ma gentille petite collègue, c'était soit de la naïveté, soit de la témérité, et vu l'étendue des dégâts, je lui ai même glissé un conseil en douce : "Tu sais, j'ai bûché plusieurs mois, pour l'avoir, le concours."

Et dès que mon amour propre refaisait surface, je lui filais un grand coup de pied dans les fesses en lui assénant un "Casse toi, pauv' con", une expression inhabituelle chez moi et peu élégante, qui m'est venue d'on ne sait où d'ailleurs.

Au milieu de ces festivités, un grand ponte a gentiment déboulé hier avec une offre d'emploi qu'on venait juste de lui faire parvenir. Pour moi et rien que pour moi. Enfin, ça m'a fait plaisir d'y croire pendant quinze secondes, et puis, j'ai pris connaissance de l'échange et j'ai vu qu'elle avait été également envoyée à vingt-six autres collectivités.

Anyway,

les affaires reprenaient,

mon réseau bouillonnait,

il fallait mettre le paquet.

Le soir même, je peaufinai mon dossier et le jetai dans la boite mail de son homologue.

Ce matin, après avoir frimé un brin en lui démontrant à quel point j'avais été réactive sur ce coup là, j'ai obtenu une réponse qui m'a laissé dubitative :

"Bon, c'est bien, je vais pouvoir l'appeler pour voir si c'est une vraie annonce ou s'ils ont déjà quelqu'un sous la main."

Tout ça pour ça.

De fausses offres, ça fait déjà plusieurs fois qu'on me la joue, celle-là. J'ai beau ratisser large, à droite, et à gauche, essayer de séduire les uns et les autres, proclamer que je ne suis qu'une fille modeste qui cherche un job somme toute assez simple, rien ne porte ses fruits.

J'ai la scoumoune.

Remarquez, depuis quelques jours, je me dis qu'il me reste encore une carte à jouer.

Demain, je me pointe au boulot

sur la musique de Superman.

Sûr, je remonte dans les sondages de la FPT.

Bonne soirée à tous

et n'oubliez surtout pas d'être heureux

envers et contre tout et tous !

5 février 2012

Le baratin du dimanche 5 février 2012

A vrai dire, je termine cette semaine dans un état proche de l'Ohio et vendredi, j'ai bien cru que j'allais rendre mon tablier de lauréate-de-concours-humiliée à cette bande d'ostrogots égocentriques et cyniques pour qui je gratte toute la journée sans la moindre satisfaction intellectuelle. Car, à des années lumière de la Silicon Valley, c'est à la main que je remplis bravement leurs dossiers depuis trois mois et ces pratiques des années 60 me remplissent à ce point d'allégresse que je me demande comment je vais bien pouvoir honorer la seconde partie de mon contrat sans avaler mon demi comprimé occasionnel tous les soirs.

Jamais je n'ai tant rêvé de voir le 30 avril arrivé. D'ailleurs, l'un de mes passe-temps favoris, c'est de cocher les jours sur le calendrier. Furieusement. En me motivant secrètement et avec tendresse par un grosse-nulle-t'es-engluée-dans-la-vase-trouve-le-moyen-d'en-sortir-ça-urge.

Et franchement, ce n'est pas le regard hébété de ma copine Nadine, rencontrée hier avec bonheur à la bibliothèque, qui pourrait m'aider à dédramatiser, ni sa conclusion aussi drôle que dramatique : "Bon, ben, tu peux rien faire. Y'a plus qu'à attendre."

Evidemment, si Léon et ses grandes ambitions n'étaient pas venues flanquer ma petite vie de chercheuse-d'emploi-peut-être-pas-pour-l'éternité-faut-y-croire en l'air entre les fêtes, j'aurais peut-être attaquer l'année 2012 avec davantage d'enthousiasme.

Figurez-vous qu'alors que je prospecte depuis sept ans sans autres perspectives que de me faire éjecter, lui, de son côté, vient de se faire chasser par un recruteur sans l'avoir cherché et surtout sans que sa vie professionnelle actuelle ne soit menacée. Pour être totalement honnête, je ne le vis pas bien. Car au moment où mon temps est compté pour faire valoir mon concours, il est à deux doigts de m'imposer un 13ème déménagement en 19 ans, ce qui fait, en moyenne, selon mes calculs savants, un tous les 1,46 an.

Ce qui me paraît assez désopilant, vu que je viens juste de poser les pinceaux après 6 ans d'abonnement à Brico Dépôt et que la maison étant désormais coquette, à mon sens, il est grand temps de passer à autre chose et profiter un peu de la vie.

Et si c'était pour tailler la route vers le sud, je serais moins amère, mais en réalité, c'est pour échouer dans un bled encore plus paumé que le mien situé si loin de Tours et d'Orléans que cela ne laisse aucune chance d'habiter en ville, ce qui m'a instantanément poussée à interroger Léon d'un tu-testes-ma-résistance-au-suicide-là, et qui, ironie du sort, s'appelle

Contres.

Et là, inévitablement, vous vous dites : "Elle en rajoute."

Même pas.

C'est juste pour recadrer le paysage. Au cas où vous fantasmeriez un peu trop sur les charentaises. En réalité, pour mes 15 ans de mariage, j'ai droit à cette question étrange mais néanmoins cocasse :

Es-tu pour pour aller à Contres ?

Enfin, ça, c'est pour la formule, car dans la vraie vie, c'est plutôt "Soit on déménage, soit je prends un appartement là-bas et je rentre le week-end", avant de conclure par un de-toute-façon-c'est-pas-fait.

Vous savez quoi ?

La qui-suit, elle n'a plus d'écrous.

D'insomnies en réflexions épuisantes, je m'en veux énormément de n'avoir pas persévéré dans ma lecture entreprise en juillet. Peut-être aurais aujourd'hui les clés pour affronter ce nouvel épisode de ma vie trop mouvementée et trop tourmentée.

Car lorsque Léon fonce tête baissée vers ce qu'il conçoit comme étant la réussite, et que, par ailleurs, il se plaît à rester enferré dans un quotidien qui me barbe, de mon côté, je veux vivre ma vie comme un roman et surnage dans un état de rêverie perpétuelle. Ma copine Nadine a mouillé sa chemise pour me rassurer en m'assurant que son comportement était typiquement masculin et du coup, je me dis que la solution ultime, ça pourrait être de le quitter pour une femme, histoire de changer de scénario après 31 ans passés à essayer de fraterniser avec les hommes. Ce qui me permettrait, en plus, d'aller en faire toute une histoire chez Sophie Davant et d'avoir enfin mon heure de gloire, avantage non négligeable.

Justement et heureusement, au milieu de ce marasme, la téloche est là pour pimenter mes soirées somme toute assez fades. Et d'ailleurs, dimanche dernier, j'ai assisté au show de mon-PDPA-bien-aimé et ça m'a complètement requinquée. Depuis, je suis à fond les ballons.

Ein, zwei, drei,

à peine le rideau rouge tombé, j'ai sauté dans un joli costume de bavaroise et depuis, c'est choucroute et pumpernickel matin, midi et soir. J'ai repris ma vieille méthode 90 d'allemand et comme c'était ma deuxième langue au lycée, je devrais revenir au guttural sans beaucoup d'efforts. Personne ne saura jamais que j'ai eu mon Bac du premier coup, juste pour échapper au commentaire oral de textes bourrés de mots truffés de consonnes.

Sérieusement, c'est stimulant, d'avoir un modèle. Après les Etas-Unis et l'Angleterre, c'est désormais l'Allemagne qui nous est proposée. Quelle bévue de partir bientôt à Londres. Si j'avais su, j'aurais réservé une croisière sur le Rhin ou je serais partie m'encanailler à Berlin, juste pour être raccord avec la tendance.

Tiens, pour me racheter, j'organiserais bien une petite fête de la bière au bled, moi.

J'y inviterais ma copine Nadine et il y a fort à parier qu'à son analyse "Bon, ben, tu peux rien faire. Y'a plus qu'à attendre.", elle ajouterait :

Pense plus, noie-toi dans la mousse !

Et vous imaginez bien que je suivrais religieusement ses conseils.

Bon week-end à tous

et n'oubliez surtout pas d'être heureux

envers et contre tout et tous !

21 janvier 2012

Le baratin du samedi 21 janvier 2012

En ce samedi matin gris et pluvieux, je suis dans l'expectative. Avez-vous, ainsi que je vous l'avais vivement conseillé la semaine dernière, déraciné tous vos palmiers pour vous gratter la couenne et gobé des brochettes de fruits sans épines tout en vous tortillant le croupion ?

En d'autres termes, ma méthode à deux balles a-t-elle marché ? Vais-je enfin voir mon nom flamber au milieu des best-sellers promettant prospérité, intelligence, estime de soi et créativité,

et passer à la télé ?

Imaginez un peu la satisfaction personnelle que j'aurais à voir mon livre trôner sur les étagères des Molex, Sea France, Lejaby ou Cofinoga. Allez savoir si je ne pourrais pas même tenter un partenariat avec mon ex employeur, Pôle Emploi ? A chaque nouvelle inscription, j'offrirais 3 € de rabais sur ma bible so trendy et je partirais en tournée dans toutes les agences de France et de Navarre pour de folles séances de dédicaces dans le style A-Marcel-53-ans-fraîchement-licencié-après-30-ans-de-turbin-tous-mes-voeux-de-bonheur-et-bonne-reconversion-dans-le-BTP, A-Nathalie-46-ans-ex-directrice-du-marketing-pour-une-bonne-grosse-boite-sur-le-carreau-depuis-son-troisième-accouchement-tous-mes-voeux-de-bonheur-et-bon-retour-dans-l'aide-à-la-personne-au-SMIC, A-Thierry-45-ans-à-plat-depuis-la-faillitte-de-sa-société-pour-cause-de-vilaine-crise-et-endetté-jusqu'au-cou-tous-mes-voeux-de-bonheur-et-bonne-chance-pour-saisir-la-commission, A-Nadine-51-ans-ex-amoureuse-d'un-boucher-pour-qui-elle-a-travaillé-pendant-des-années-sans-être-déclarée-et-qui-après-son-divorce-sanglant-fait-le-ménage-pour-payer-le-loyer-tous-mes-voeux-de-bonheur-et-bonne-chance-pour-collectionner-les-points-de-retraite-jusqu'à-la-tombe.

Avec mille chômeurs de plus par jour, je ne mettrais pas deux mois à rouler sur l'or et au moins, j'aurais fait le bien autour de moi.

Ah, mon Dieu, ce que c'est bon de vivre !

A moins que Bouddha ne me refuse ce destin à la Dujardin et continue à se gausser de moi en m'imposant de finir mon parcours dans la peau d'une petite fonctionnaire de catégorie C. Après tout, j'ai encore envoyé mon dossier de candidature à deux collectivités. Si jamais ces offres ne sont pas fausses comme les diamants de Barbie, j'ai peut-être une infime chance d'être pré-sélectionnée. D'autant que j'ai pris le taureau par les cornes en m'attaquant au Bon Dieu, plutôt qu'à ses Saints qui, c'était évident, s'en tamponnaient le coquillard, de me voir couler sous leurs yeux en brandissant lamentablement mon concours tout mouillé. Si jamais, un jour, avant que je ne fête mes 86 ans, ça portait ses fruits ?

The best is yet to come, c'est certain.

Il suffit de s'en persuader et de suivre le conseil dudit calife sans tomber dans une crise nerveuse : rester patiente.

Bon week-end à tous

et n'oubliez surtout pas d'être heureux

envers et contre tout et tous !

3 décembre 2011

Le baratin du samedi 3 décembre 2011

Quand en 2009, ma copine Chrystel m'a balancé sans ménagement tu-devrais-passer-un-concours ponctué d'un

au point où t'en es

qui m'a fait la haïr pendant quelques semaines tellement l'idée me paraissait absurde, je n'imaginais pas à quel point j'aurais encore plus envie de l'étriper deux ans après.

De cette semaine de bons et loyaux services pitoyablement rémunérés, je sors tellement dégoûtée que l'effet de ma cure de rajeunissement pour 5,01 € s'en trouve irrémédiablement altéré. Moi qui rêvais du front de Marcia Cross, j'en suis plutôt aux poches à Balladur, ce qui me permet d'affirmer aujourd'hui qu'elle a recours à d'autres fournisseurs de jouvence que Carrefour Market.

Et la fille qui crânait sur son blog il y a trois petites semaines en annoncant avec fierté qu'elle lâchait ses chiffons microfibres haute qualité pour retourner dans la vie dite active rapplique aujourd'hui pour vous informer que

la peur est revenue.

Car à l'issue de ces 37h30 de misère, je sais, qu'à moins d'un phénomène extraordinaire du type corruption-de-hauts-fonctionnaires-ou-d'élus-moyennant-malettes-de-macarons, je n'obtiendrai pas un poste stable dans le petit monde fabuleux où j'erre actuellement et du coup, j'en ai à nouveau le plexus encombré.

Il faut dire que, pour des raisons évidentes, je n'ai jamais eu à croiser quotidiennement une recruteuse qui avait éjecté mon CV, et deux fois de surcroît. Et comme disait Sophie Daumier dans les bras de Guy Bedos, on peut dire que ça me coûte.

Au milieu de cette poignée d'enfants gâtés qui, peut-être parce qu'ils sont des titulaires indéboulonnables, ne ratent jamais une occasion de déblatérer les uns sur les autres tout en répétant haut et fort qu'ils sont débordés, et vont, de surcroît cafter à la maîtresse dès qu'on les envoie paître, ce qui garantit une ambiance assommante de cour de récré, la-parigot-tête-de-veau-qui-pourrait-être-leur-mère comme certaines écervelées s'amusent à me le faire remarquer avec force délicatesse

se paie la honte de sa vie.

La honte d'être tombée aussi bas à 48 ans, de taper "stagiaire" pour se connecter au logiciel, de n'avoir aucune adresse mail parce qu'un contractuel, ça n'a apparemment pas besoin d'exister, et d'avoir pris, en plus, dans la figure, que six mois de précarité, c'était déjà un beau geste de leur part.

Sauf que l'auxiliaire que je suis travaille un peu plus que la caricature de fonctionnaire auprès de laquelle j'ai échoué lamentablement et qui, elle, est merveilleusement bien protégée par ce système un tantinet véreux. Me l'avoir collée sous le nez - et ce n'est rien de le dire, faut sentir son eau de toilette bon marché pour comprendre - relève de la torture mentale et c'est plus que difficile de tirer une quelconque philosophie de cet épisode que mon-karma-à-deux-balles m'impose.

D'autant que, malgré la solidarité ambiante pour cultiver la langue de bois, j'ai enfin intégré, après avoir perdu beaucoup de temps, que

le concours, c'est du pipeau,

et que derrière les beaux discours que certains étalent lors de réunions qui leur donnent bonne conscience et justifient leurs traitements, les belles valeurs d'équité semblent bafouées à tire-larigot.

Alors que faire ?

Leur claquer la porte au nez et réintégrer le foyer en me résignant à vivre chichement et en priant que mon Léon n'en vienne pas à rejoindre tous les quadra qui sont écartés du marché de l'emploi, céder aux voeux de Pôle Emploi et me résoudre à faire chez les autres ce que j'adorerais déléguer chez moi en me disant qu'au moins, l'aspirateur et le balai WC seront de vrais partenaires et pas des langues de vipères, persévérer dans mon rôle de

cheveu sur la soupe

par pure cupidité ou peut-être attendre patiemment qu'M6-notre-sauveur en vienne à créer l'émission dont j'aurais le plus grand besoin :

On ne choisit pas ses collègues,

pour voir enfin mon sombre destin s'éclairer grâce au bon sens de Stéphane Plaza.

Une chose est sure : Le peu de naïveté qu'il me restait a pris du plomb dans l'aile. Aux prochaines élections municipales, cantonales et régionales, il y a de fortes chances pour que je reste chez moi.

Bon week-end à tous

et n'oubliez surtout pas d'être heureux

envers et contre tout et tous !

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