Mort d'un bureau - épisode number 9
Force est de constaster que mon accession au nirvana n'était pas prévue pour ce week-end.
Dans cette course effrénée au bureau parfait, mon Léon avait décrété que pour peindre, il devait absolument démonter le radiateur.
Le seul souci, c'est qu'un jour ou l'autre, il faut aussi le remonter.
Et c'est après des heures de travaux dans l'escalier que mon Léon, faisant fi de mes conseils empreints de sagesse fais-pas-ça-maintenant-t'es-crevé, a cru malin de s'y attaquer.
Alarmée par Miss Cocotine qui, voyant la situation dégénérer a senti que le moment était venu de prévenir Maman, déboula dans le jardin en criant :
Papa, ça va pas !
j'ai avalé mon étage en quatrième vitesse et c'est là que j'ai découvert le sinistre : mon jonc de mer était partiellement noyé et mon Léon maugréait ça-fuit en affichant une mine de déterré.
Probablement frappé d'amnésie, il en oublia de m'avouer qu'en s'énervant sur ledit radiateur, il avait aussi défoncé le placo et du même coup, dévasté la peinture à peine sèche. Ce que je ne manquerais pas de découvrir le lendemain, une fois qu'il serait bien planqué au boulot.
S'en est suivi un début de dépression caractérisé par des menaces j'y-touche-plus-à-ce-radiateur-plus-jamais ponctuées d'une soirée de silence éloquent.
Mon Léon n'aime pas l'échec.
Trois semaines étant passées depuis ce bide terrifiant, il s'est calmé et a bravement repris ses clés en m'enrôlant de force tu-vas-m'aider-je-fais-pas-ça-tout-seul. Le radiateur a été démonté et j'ai vidé et nettoyé les bassines. Puis, face aux deux énormes trous, dépité, il a remis rafistolage et rebouchage à la semaine prochaine. L'affaire demandait réflexion.
Ca casse le mythe, non ?
(chute soufflée par mon Léon lui-même. Une mine d'or, ce garçon.)