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Le petit monde de Cocotine
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26 juin 2012

Le baratin du 26 juin 2012

Si vous avez la bravoure de suivre mes aventures ou si vous furetez de temps à autre dans le tag "job wanted", vous savez déjà que je suis l'heureuse titulaire d'un concours de catégorie C de la Fonction Publique Territoriale et que ce formidable sésame ne m'a absolument rien apporté à part trois petits contrats temporaires en deux ans.

En septembre 2010, j'ai d'abord récolté une embauche d'un mois pendant lequel j'ai gentiment répondu aux usagers exaspérés de voir leur collecte de poubelles passer de deux à une fois par semaine jusqu'à me faire traiter de sale-fonctionnaire, moi qui ne l'était même pas (à revivre ICI, LA, LA et LA pour le fun).

Mon travail a été loué et j'ai été chaudement remerciée.

Puis, j'ai végété en tentant de trouver mon bonheur dans la poignée d'annonces qui paraissaient sur le site du CDG et lorsque que, par miracle, l'une d'elles collait à mon parcours, je m'empressais de proposer ma candidature pour qu'elle soit au final refusée sans ménagement et sans explication. Sauf une seule fois où j'ai été reçue par un jury qui en a choisi une autre en me rassurant d'un si-ça-n'avait-pas-été-elle-ç'aurait-été-vous, ce qui m'a fait une belle jambe.

En juin 2011, j'ai fêté ma première année de recherche infructueuse dans la FPT et tout en gardant mon espoir de trouver un poste intact, j'ai commencé à m'interroger sur les méthodes de recrutement brumeuses qui avaient l'air d'y être pratiquées.

Un an plus tard, une collectivité m'appelait pour un autre contrat d'un mois où j'ai, dans les premiers jours, sorti six sacs de vieilleries que la fonctionnaire-propriétaire des lieux n'avait certainement pas eu le temps de trier depuis 2003 ou 2005, et dans ceux qui ont suivi, touché le fond (à revivre ICI, LA, LA et LA pour le fun).

Mon travail a été loué et j'ai été chaudement remerciée.

Et comme l'adage jamais-deux-sans-trois marche à tous les coups, en novembre 2011, les portes d'un eldorado s'ouvraient à moi sous la forme de six mois de précarité qui seraient en fait prolongés de deux, au même endroit, mais dans un service différent (à revivre ICI, LA, LA, LA, LA, LA et même LA, pour le fun).

C'est ainsi qu'à l'heure des tablettes et des smartphones, j'ai passé des heures interminables à reconstituer et remplir

à la main

les 267 dossiers qui n'avaient pas été touchés depuis parfois 30 ans, dans la bonne humeur certains jours où je faisais tourner la méthode Scarlett à plein régime, et dans un questionnement sans fin rempli de mais-qu'est-ce-que-je-fous-là et ils-vont-avoir-ma-peau-ces-cinglés, les autres.

Car la cerise sur le gâteau, c'est que je suis tombée dans une équipe dirigée par un trio explosif composé d'un big manitou qui déboule la gueule enfarinée le matin à 9h07 en disant génial-c'est-vendredi ou ouf-je-suis-bientôt-en-vacances et qui, vingt minutes plus tard, déserte en annonçant ben-moi-j'ai-besoin-d'un-café, et de ses deux sbires, l'un qui fait régulièrement dans la tragédie grecque et qui essaie de rallier les autres à sa lourde cause, et l'autre qui traîne son existence en pleurnichant j'en-peux-plus ou en clamant arbeit-macht-frei.

Autant vous dire que le xième degré était la condition sine qua non pour rester à peu près saine d'esprit et toucher mon SMIC mensuel.

Surtout que le lendemain même de mon entrée dans les lieux, j'étais informée que tout l'étage ou presque cherchait à se faire la malle.

Du plomb pour la motivation.

Pendant des mois, mon empathie naturelle et complètement niaise m'a porté vers les uns et les autres et j'ai vraiment livré bataille pour essayer de décoder leurs systèmes diaboliques. Certains enfants gâtés ont même poussé le culot jusqu'à venir pleurer dans mon giron sans apparemment se rendre compte que l'oreille attentive dont ils abusaient sortait de, et allait, elle, retourner à Pôle Emploi.

Le nombrilisme rend aveugle.

Pas étonnant, donc, que trois des agents ayant officié à l'étage aient pris la poudre d'escampette au bout de quelques mois pour aller voir ailleurs si l'air était plus sain.

Trois postes à pourvoir sont, du coup, passés sous mes yeux en neuf mois.

Mais juste passés.

Car sur trois dossiers de candidatures déposés, l'agité qui sert de recruteur en a écartés deux sans même avoir le courage de m'en informer directement - et alors que je planchais intra muros -, et de guerre lasse, j'ai décidé de retirer la troisième, l'ambiance pathétique qui régnait me semblant invivable à long terme.

Quand le premier crache sur le deuxième derrière son dos, le deuxième déblatère devant témoins sur le troisième et le troisième avoue en catimini son impuissance à maîtriser la situation. Ca n'empêche aucunement tout ce joli petit monde de se barrer bras-dessus bras-dessous à la machine à café en riant à gorge déployée. Situation absolument incompréhensible pour le zèbre que je suis.

Autant dire que dans ma quête d'honnêteté, di'ntégrité et de sincérité, j'ai salement morflé pendant ces longs mois à tenter de me faire accepter par ce groupe de titulaires ou de stagiaires qui pratique l'entre-soi et qui s'est allégremment moqué de moi et plus encore de mon pourrissement sur liste d'aptitude.

A chaque fois que j'ai demandé poliment des explications sur le fait qu'apparemment, mon concours n'avait aucune valeur à leurs yeux, arguant qu'au CDG et même au CCAS, on m'avait dit que même s'il ne signifiait pas recrutement, il devait, logiquement, me propulser sur le haut de la pile, j'ai essuyé des mais-je-me-moque-de-savoir-ce-qu'on-vous-a-dit-au-CDG-ou-au-CCAS et des on-vous-a-embauché-pour-une-mission-et-c'est-tout qui m'ont projetée plus bas que terre. Et le plus croustillant, je l'ai sans doute vécu le jour où dans un élan de grâce, le grand maître du service m'a assassinée d'un de-toute-façon-les-annonces-sur-Cap-Territorial-elles-sont-toutes-fausses.

Essaie de sortir la tête hors de l'eau et tu recevras une brique sur le crâne.

Dans ce service, aucun fonctionnaire de catégorie C n'avait le concours.

Pour corser le tout, le marteau piqueur a joué ses gammes juste au-dessous du lino 40-ans-d'âge, créant une panique générale et démontrant le manque d'efficacité de la direction et des élus à anticiper une situation prévue depuis des mois (il paraît qu'ils avaient juré leurs grands dieux qu'il n'y aurait pas de nuisances sonores) et que moi, dans mon registre nettement moins politiquement correct, j'appelle du foutage-de-gueule.

Après m'être fait insulter par l'hystérique de service, traiter de "vieille" par le provocateur limite pervers et aboyé dessus par le tellement-paralysé-par-ses-peurs qu'il serre les dents à tout bout de champ et devient violent,

j'ai fini par lâcher le morceau

et n'ai plus décroché un  mot.

Vendredi dernier, alors que j'étais complètement seule à l'étage puisqu'ils étaient tous partis fêter la fuite prochaine de l'un d'entre eux - le troisième déserteur en un an - le marteau piqueur a soudain réapparu après des semaines de silence.

J'ai tenu un certain laps de temps avec des boules Quies vissées dans les oreilles, puis, n'ayant plus rien à perdre ni à gagner, je me suis sauvée aussi discrètement que j'étais arrivée.

Mon travail a été loué et je ne les ai pas remerciés.

Résultat des courses : comme-qui-dirait,

j'ai pris dix ans.

Alors, pour l'instant, et même si on m'a juré-craché que ce n'était pas comme ça partout et que je n'avais pas eu de chance - sans blague -, ne venez surtout pas me parler de Fonction Publique Territoriale.

J'en suis à digérer, à classer et à deleter les informations qui me polluent les hémisphères en attendant ma dernière feuille de paie et mon attestation Pôle Emploi, sans pour autant adhérer à ce que m'a lancé un collègue hier matin, alors que d'une mine décomposée, je lui annoncais que j'allais ficher le camp plus vite que mon ombre : "Ben au moins, t'auras gagné quelques mois d'Assedic".

En tout cas, je tiens là la preuve que

Bouddha veut ma peau.

A moins qu'il ne se tue à me faire comprendre que je ne serai jamais fonctionnaire et que du coup, je rejoindrai dans un an la liste des reçus-collés du double-four (15,19 % recensés en 2011).

D'ailleurs, pour me distraire, je lis le rapport de l'IGA (Inspection Générale de l'Administration) paru en mars 2012 et relatif à la situation des lauréats "reçus-collés" aux concours de la Fonction Publique Territoriale que m'a gentiment envoyé ma copinaute Eternalia, histoire d'être moins cruche et de voir écrit noir sur blanc qu'ils sont tous parfaitement conscients des dysfonctionnements du système, et ce, depuis très longtemps.

Vous savez quoi ?

A l'heure où je viens de renouveller mon inscription sur la liste d'aptitude pour la troisième et dernière année,

j'ai perdu trois kilos.

Ca tombe bien, pour le maillot de bain.

Bonne journée à tous !

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Commentaires
F
Oh purée, dis comme ça ça fait pas envie du tout ! Tu sais quoi, un moment j'ai cru que tu parlais de notre salle des profs :-( <br /> <br /> Je te souhaite de trouver mieux, ailleurs, pas trop loin. Ou alors de tout lâcher pour voler vers d'autres horizons plus épanouissants (ou plus nourriciers...)
N
La description de ton parcours me donne la chair de poule, d'autant que je te suspecte de ne nous en dire que la moitié par devoir de réserve, de pudeur, de savoir vivre. La fonction publique est décidément salement gangrènée... Et je ne me fais guère d'illusion sur l'évolution de l'état de santé ou d'esprit de ce secteur dans les années qui viennent. Lance TON projet, Cocotine ! Tu rajeuniras d'autant ! marianne xxx
A
tu viens de me faire rêver tiens !!!!!!!!!
E
Méfie toi, la nature est ainsi faite, des fois on perd une pointure aussi, et des cm en hauteur (du vécu dans les deux cas).<br /> <br /> <br /> <br /> Et pour les dysfonctionnements, non seulement les CT sont bien au courant, mais ils en sont les instigateurs. Et ils les élèvent aussi, histoire qu'ils se reproduisent.<br /> <br /> <br /> <br /> Juste pour te rassurer, il te reste quand même un an. C'est pas rien.<br /> <br /> Et toutes les CT ne sont pas pourries de l'intérieur. Ouf !<br /> <br /> <br /> <br /> Ah, au fait, Zoé Sheppard apparemment elle a fait une suite basée sur la mise au placard.
A
Quel malaise ces administrations !... il y aurait sérieusement du ménage à faire. (bien que tu en as déjà fait pas mal..) Je comprends ta décision de partir et tu as eu beaucoup de courage pour ne pas craquer avant. Allez Yallah comme tu dis, il faut le prendre comme un signe !
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